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Lettres adressées à Catherine Bréchignac et Arnold Migus à la suite du CA du 27 novembre

mercredi 3 décembre 2008, par Elie

* Fanny Cosandey, Robert Descimon, Alain Guéry, Sylvain Piron

Madame la Présidente, Monsieur le Directeur Général,

Membres d’une unité mixte de recherche, nous avons bien reçu la lettre
datée du 27 novembre dernier dans laquelle vous vous félicitez des
décisions prises à l’occasion du Conseil d’administration du CNRS tenu
ce même jour. Vous concluez ce message en affirmant votre "volonté
d’associer l’ensemble des personnels aux choix qui seront à faire".
Quelque chose nous échappe. D’une part, il semble que les choix aient
été faits bien en amont de ce conseil et qu’ils soient loin de relever
d’une concertation interne. Mais il paraît surtout étrange de proclamer
votre attachement au dialogue et à l’écoute des personnels de
l’établissement que vous dirigez sans dire un mot des circonstances
ahurissantes dans lesquelles ce conseil d’administration s’est tenu,
protégé par plusieurs rangées de gendarmes mobiles, dans un lieu tenu
secret jusqu’au dernier moment et auquel les membres élus et les
représentants syndicaux n’ont pas eu accès. De même, nous avons du mal à
comprendre que vous vous réjouissiez de la création de "chaires mixtes",
qui ne sont autre chose qu’une suppression de postes ouverts pour les
jeunes chercheurs.
En ce jour funeste, c’est un message exprimant votre compassion et votre
compréhension à l’égard des personnels et de leurs inquiétudes légitimes
que nous attendions, et non pas une déclaration triomphale de ce genre.
Nous osons espérer que ce texte vous a été dicté par le cabinet
ministériel, que vous l’avez signé et diffusé contraints et forcés mais
que vous saurez avoir, dans les mois qui viennent, des actes de
résistance plus dignes de la mission qui vous est confiée, face au
démantèlement général du système français d’enseignement supérieur et de
recherche dont le CNRS est une pièce maîtresse.

Vous comprendrez que nous tenions à faire partager notre sentiment à
l’ensemble des personnels de notre UMR qui ont été comme nous
destinataires de votre lettre.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur
Général, l’expression de nos sentiments respectueux et blessés.

Fanny Cosandey, Robert Descimon, Alain Guéry, Sylvain Piron
Centre de recherches historiques (UMR 8558)

* UMR 7600

Madame la Présidente,
Comme tous les membres de l’organisme nous avons pris connaissance
avec étonnement, voire stupéfaction, du contenu du message que vous
nous avez adressé ce vendredi 28 novembre 2008.
Alors que le CA du CNRS s’est tenu dans des conditions rocambolesques
sous la protection de cars de CRS, vous n’avez exprimé aucune
considération envers les inquiétudes exprimées par les personnels
rassemblés ce jour-là pour empêcher que les décisions dont vous vous
félicitez soient prises.
Nous pouvons accepter que vos fonctions vous amènent à prendre des
décisions que les simples chercheurs, enseignants-chercheurs, ITA,
ITARF que nous sommes ne peuvent comprendre, ignorants qu’ils sont
des contraintes qui pèsent sur l’organisme. Il n’en demeure pas moins
que la précipitation avec laquelle vous nous avez adressé votre
message d’autosatisfaction et la tonalité de ce message sont de nature
à créer au sein des personnels de l’organisme une profonde irritation.
Un minimum de considération vis à vis de ceux qui ne semblent pas
encore convaincus de la justesse de vos vues, de tous ceux qui sont
inquiets devant les évolutions brutales de l’organisme, aurait été
bienvenu.
Nous tenons par ce message à vous informer de nos sentiments
personnels, mais nous ne doutons pas qu’ils soient partagé par de
nombreux autres membres du CNRS.
Par ailleurs comme vous le constaterez à la lecture des adresses
d’envoi, nous tenions à rendre public ce message dont le contenu ne
nous semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de nos
sentiments les plus respectueux.

Claude Aslangul, Professeur PVI, UMR 7600
Patrick Azaria, DR CNRS, UMR 7600
Bernard Bernu, DR CNRS, UMR 7600
Bertrand Guillot, DR CNRS, UMR 7600
Markus Holzmann, CR CNRS, UMR 7600
Edouard Kierlik, Professeur PVI, UMR 7600
Jean-Claude Leicknam, CR CNRS, UMR 7600
Annie Lemarchant, DR CNRS, UMR 7600
Hervé Lemarchant, Professeur PVI, UMR 7600
Annick Lesne, CR CNRS, UMR 7600
Claire Lhuillier, Professeur PVI, UMR 7600
Jean-Marie Maillard, DR CNRS, UMR 7600
Matthieu Micoulaut, EC PVI, UMR 7600
Rémy Mosseri, DR CNRS, UMR 7600
Gleb Oshanin, CR CNRS, UMR 7600
Aurélien Perera, CR CNRS, UMR 7600
Martin Luc Rosinberg, DR CNRS, UMR 7600
Julian Talbot, DR CNRS, UMR 7600
Gilles Tarjus, DR CNRS, UMR 7600
Jean-Marc Victor, DR CNRS, UMR 7600
Pascal Viot, DR CNRS, URM 7600
Philippe Sindzingre, EC PVI, UMR 7600

* Olivier Gandrillon

Madame, Monsieur,

C’est avec écoeurement que j’ai pris connaissance du texte bouffi
d’autosatisfaction que vous m’avez parvenir le 27 novembre sous couvert de
mon directeur d’unité.

Dans ce texte, vous vous réjouissez bruyamment de la tenue d’un conseil
d’administration dont l’histoire retiendra qu’il fut le premier pas vers la
mise à mort du CNRS. Cette mise à mort entraînera inéluctablement l’ensemble
de notre système de recherche et d’enseignement supérieur dans l’abîme. Je
ne vois là, quand à moi, aucun motif à réjouissance.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments révoltés.

Dr Olivier Gandrillon
Centre de génétique moléculaire et cellulaire
UMR CNRS 5534
Université Claude Bernard Lyon I
Bat Gregor Mendel (ex 741)
16, rue Raphaël Dubois
69622 Villeurbanne Cedex

* Simone Cassette

Représentante de la CGT au Conseil d’administration du CNRS

à

Madame Catherine Bréchignac, Présidente du CNRS

Palaiseau, le 1er Décembre 2008

Madame la Présidente,

Le conseil d’administration du CNRS du 27 Novembre s’est tenu dans des conditions extraordinaires qui me semblent extrêmement préoccupantes. En effet, vous avez volontairement exclu une partie des administrateurs alors que deux sujets importants devaient être discutés, le budget 2009 et la création des nouveaux Instituts. Pour cela vous avez usé de subterfuges qui seraient comiques si la situation n’était pas aussi grave. Ainsi, vous montrez donc très clairement qu’il y a deux types d’administrateurs : ceux qui sont autorisés à s’exprimer parce qu’ils disent oui à toutes les exigences du Ministère et les vilains petits canards, à éliminer parce qu’ils s’opposent à la mise en place d’une réforme que les chercheurs refusent non parce qu’ils sont réfractaires à tout changement mais parce qu’ils y voient une opération de contrôle politique de la recherche associée à la disparition de tout ce qui a fait la force du CNRS actuel. Les différentes instances encore démocratiques du CNRS se sont régulièrement prononcées contre les méthodes employées pour faire passer ces réformes en force et les discussions au sein du conseil d’administration, ont reflété les questions qui se posaient.

Le 27 Novembre, vous avez franchi une étape, choisissant de refuser tout dialogue supplémentaire, en faisant voter sous la protection des CRS, ce que le gouvernement impose : un budget de récession qui détruit les emplois statutaires, une organisation complexe qui va fragiliser les UMR, sortir des disciplines du CNRS et appauvrir l’organisme transformé en agence de moyens, imposant une vision élitiste et publicitaire de la recherche française.

Je conteste la légitimité de ce conseil puisque six de ces membres, les quatre élus du personnel et deux personnalités du monde du travail, représentants syndicaux, ont été volontairement empêchés de s’y rendre. Même le président du Conseil Scientifique n’a pas été convié. Il est vrai que personnellement si j’avais pu entrer dans la salle où se tenait la réunion, j’aurais refusé de siéger dans un bâtiment encadré par des cars de CRS car ces méthodes ne sont pas dignes d’un organisme aussi prestigieux que le CNRS. Elles se rapprocheraient plutôt de celles de certains patrons que l’on nomme "voyous".

Il est bien évident que mon engagement syndical me conduit à soutenir les actions du personnel du CNRS et je suis certaine qu’au lieu de décisions arbitraires et médiatiques, une véritable concertation dans le respect des engagements pris permettrait de construire ce nouveau CNRS pour une recherche ambitieuse et d’excellence.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de ma sincère considération.

Simone Cassette

Copie aux quatre élus au CA du CNRS

Copie à la CGT

* Olivier Dezellus

Madame la Présidente,

En tant que maître de conférence dans une UMR associée au CNRS et chercheur attaché à cet organisme, j’ai pris connaissance avec étonnement, voire stupéfaction, du contenu du message que vous nous avez adressé dans l’après midi du jeudi 27 novembre.

Alors que le CA du CNRS s’est tenu dans des conditions ubuesque et indigne de cet organisme, sous la protection de 14 cars de gendarmes mobiles et en l’absence des membres élus par les personnels, vous n’avez exprimé aucune considération vis à vis des inquiétudes exprimées par les nombreux personnels rassemblés ce jour là pour empêcher que les décisions dont vous vous félicitez soient prises. D’ailleurs, comment se satisfaire de décisions prises dans des conditions telles que leur légitimité est naturellement mise en cause ?

Je peux accepter que vos fonctions vous amènent à prendre des décisions que les simples chercheurs, enseignants-chercheurs, ITA, ITARF que nous sommes ne peuvent comprendre, ignorants qu’ils sont des contraintes qui pèsent sur l’organisme. Il n’en demeure pas moins que la précipitation avec laquelle vous nous avez adressé votre message d’autosatisfaction et la tonalité de ce message sont de nature à créer au sein de notre communauté irritation et colère.

Un minimum de considération vis à vis de ceux qui ne semblent pas encore convaincus de la justesse de vos vues, de tous ceux qui sont inquiets devant les évolutions brutales du CNRS et de l’ensemble de notre système d’enseignement supérieur, aurait été bienvenu.

Je tenais par ce message à vous informer de mon sentiment personnel, mais je ne doute pas qu’il soit partagé par de nombreux autres chercheurs, qu’ils soient membres du CNRS ou d’un autre établissement. Madame la présidente, la communauté compte sur vous pour incarner ses attentes et les relayer vers nos gouvernements, pas l’inverse. Je suis sur que vous aurez à coeur de ne pas rester dans l’histoire de l’organisme comme la présidente qui en a réduit le périmètre au point de le faire disparaître.

Par ailleurs comme vous le constaterez à la lecture des adresses d’envoi, je tenais à rendre public ce message dont le contenu ne me semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité. Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Olivier DEZELLUS

* Emmanuel Courcelle

Mme la Présidente, Monsieur le Directeur Général.

C’est avec une très grande tristesse que je vous écris aujourd’hui : en effet, nous comptions sur la Direction du CNRS pour essayer de résister aux politiciens qui visent depuis longtemps à démanteler le CNRS. Déjà l’année où j’ai été recruté (1986), le CNRS a failli disparaître... Mais à l’époque la direction du CNRS avait réussi à éviter le pire.

Aujourd’hui, je vois la direction suivre docilement les directives gouvernementales, appeler la police en renfort car les membres élus essaient, eux, de résister, et finalement envoyer une lettre de victoire à l’ensemble du personnel : inconscience ? provocation ? moquerie ? mépris ? Là je ne sais plus. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai perdu toute confiance dans la direction actuelle de l’organisme.

Tristement,

— Emmanuel COURCELLE emmanuel.courcelle@toulouse.inra.fr

L.I.P.M. (UMR CNRS-INRA 2594/441) tel (33) 5-61-28-54-50

B.P.52627 - 31326 CASTANET TOLOSAN Cedex - FRANCE


* Fabrice Rappaport

Madame la Présidente, Monsieur le Directeur Général,

Le 27 Novembre vous faisiez part à l’ensemble des membres de l’organisme que vous présidez de votre satisfaction de voir entériné par le Conseil d’Administration le projet de structuration du CNRS en neuf Instituts et trois pôles ainsi que l’inscription au budget de quatre-vingt dix chaires aux dépens du nombre d’emplois ouverts aux concours.

Vous ne pouvez ignorer, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur général, qu’au moment même où ce témoignage de contentement nous parvenez, une part importante de la communauté scientifique manifestait sa désapprobation des réformes en cours et de l’affaiblissement dramatique du CNRS dont elles sont le germe.

Si l’intervention de la force publique a permis la tenue du Conseil d’Administration dans des conditions inédites, elle ne devrait occulter à vos yeux la conviction, exprimée par beaucoup, que les valeurs que vous annoncez vouloir défendre sont sérieusement mises à mal par les ruptures à l’oeuvre dans le paysage de la Recherche française.

Vous comprendrez que je fasse la publicité de ce message, dont le contenu ne me semble relever d’aucune obligation de confidentialité.

Veuillez recevoir, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur Général, l’assurance de ma respectueuse considération.

Fabrice Rappaport

* Elisabeth Le Rumeur

Madame la Présidente, Monsieur le Directeur,

En tant que membre d’une Unité mixte du CNRS, j’ai pris connaissance avec étonnement et même stupéfaction, du contenu du message que vous nous avez adressé dès jeudi soir. Ce message était préparé de longue date car vous n’aviez aucun doute sur l’issue de ce CA du CNRS !

Mais il aura fallu que ce CA du CNRS se tienne dans des conditions rocambolesques, peu dignes de cet établissement prestigieux, et sous la protection de nombreux cars de gendarmerie pour aboutir. Cependant et j’en suis profondément choquée, vous n’avez exprimé aucune considération vis à vis des inquiétudes exprimées par vos collègues et l’ensemble des personnels rassemblés ce jour là pour empêcher que les décisions dont vous vous félicitez soient prises.

Je peux accepter que vos fonctions vous amènent à prendre des décisions que les simples chercheurs, enseignants-chercheurs, ITA, ITARF que nous sommes ne peuvent comprendre, ignorants qu’ils sont des contraintes qui pèsent sur l’organisme. Il n’en demeure pas moins que la précipitation avec laquelle vous nous avez adressé votre message d’autosatisfaction et la tonalité de ce message sont de nature à créer au sein des personnels de l’organisme une profonde irritation.

Un minimum de considération vis à vis de ceux qui ne semblent pas encore convaincus de la justesse de vos vues, de tous ceux qui sont inquiets devant les évolutions brutales de l’organisme, aurait été bienvenu. Je tenais par ce message à vous informer de mon sentiment personnel, mais je ne doute pas qu’il soit partagé par de nombreux autres membres du CNRS.

Par ailleurs comme vous le constaterez à la lecture des adresses d’envoi, je tenais à rendre public ce message dont le contenu ne me semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité. Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur, mes salutations les plus respectueuses.

Elisabeth Le Rumeur, MCU-PH

* François Dulac

Madame la Présidente, Monsieur le Directeur Général,

Membre d’une unité mixte du CNRS, j’ai pris connaissance avec stupéfaction du contenu du message que vous nous avez adressé aussitôt après la tenue du Conseil d’Administration du 27 novembre.

Les conditions d’organisation de ce CA, délocalisé sous la protection de 14 cars de gendarmes mobiles, me paraissent indignes de votre établissement prestigieux. Ajouté à cela le contenu de votre message qui ne fait aucun cas des inquiétudes du CS de l’établissement, de la position des représentants du personnel au CA, et des nombreux personnels mobilisés dans toute le pays pour marquer leur désapprobation sur les réformes en cours, il me semble que vous avez profondément rompu le processus de dialogue entre la direction de l’organisme et les personnels et scellé par ces actions une perte de confiance réciproque totale.

Vous comprendrez certainement que je tienne à rendre public ce message dont le contenu ne me semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur, l’expression de ma plus sincère déception.

François Dulac

* Danièle Ghesquier-Pourcin

Madame la Présidente, Monsieur le Directeur,

Comme tous les membres d’équipes CNRS, j’ai pris connaissance avec étonnement et même stupéfaction, du contenu du message que vous nous avez adressé hier.

Alors que le CA du CNRS s’est tenu dans des conditions rocambolesques, peu dignes de cet établissement prestigieux, sous la protection de nombreux cars de gendarmerie, vous n’avez exprimé aucune considération vis à vis des inquiétudes exprimées par vos collègues, personnels rassemblés ce jour là pour empêcher que les décisions dont vous vous félicitez soient prises.

Je peux comprendre que vos fonctions vous amènent à prendre des décisions guidées par les contraintes qui pèsent sur l’organisme. Il n’en demeure pas moins que la précipitation avec laquelle vous nous avez adressé votre message d’autosatisfaction et la tonalité de ce message sont de nature à créer au sein des personnels de l’organisme une profonde irritation. Un minimum de considération vis à vis de ceux qui ne sont pas convaincus de la justesse de vos vues, de tous ceux qui sont inquiets devant les évolutions brutales de l’organisme, aurait été bienvenu.

Je tenais par ce message à vous informer du sentiment partagé par de nombreux membres du CNRS dont un grand nombre réclame votre démission car, présidente et directeur d’un organisme de recherche reconnu et respecté sur le plan international, votre rôle eut été de le soutenir contre les "barbares marchands" qui réclament son démantèlement. Au lieu de cela, vous avez hâté le processus, trahissant toute la recherche française et donnant l’exemple à suivre pour d’autres organismes.

Vous comprendrez certainement que je tienne à rendre public ce message dont le contenu ne me semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur, l’expression de ma déception la plus profonde.

Danièle Ghesquier-Pourcin

* François Jouve

Mme la Présidente, Mr le Directeur,

Je tenais à vous remercier sincèrement pour votre action en faveur de la réorganisation du système de recherche français.

Jeudi 27 novembre, face au 83 bd Excelmans, ma première réaction a été un sentiment de honte. Honte de vivre dans un pays capable d’envoyer 14 cars de gendarmes mobiles tout équipés face à des chercheurs armés de leurs seuls cerveaux. Mais le choc a finalement été salutaire puisqu’il m’a permis de prendre enfin conscience de mon archaïsme. Vous nous avez signifié sans discussion possible où se situait la Force, et j’ai soudain réalisé qu’il me serait maintenant facile de me placer du bon côté du manche.

Ayant opportunément quitté le CNRS il y a quelques années, je suis maintenant professeur dans une prestigieuse université parisienne. J’ai eu de plus, dès le début de ma carrière, la chance de choisir la partie la plus appliquée de ma discipline, me donnant ainsi un avantage décisif sur mes collègues théoriciens, tant du point de vue des contrats industriels que des sujets de recherche bien vus par l’ANR, ou encore des indices bibliométriques. Fonctionnaire depuis mon plus jeune âge, je n’aurai aucun scrupule à fustiger ces jeunes qui osent revendiquer un poste stable avant d’avoir 40 ans. Ils ne connaissent pas la modernité. C’est mon rôle de la leur apprendre, en multipliant par exemple les stages éphémères dont l’ANR m’offre la possibilité sans retenue. Leur travail sur des sujets à la mode étoffera sans effort ma liste de publications, portant mon H-number aux nues. Bien noté par mon président d’université, il me sera aussi facile de l’être par mes étudiants en leur offrant, au gré des désirs du ministère, un taux de réussite en licence exceptionnel. Je pourrai ainsi engranger les primes juteuses et les allègements de service prévus pour les meilleurs éléments de notre nouveau système.

Pendant des années j’ai été englué dans de vieux carcans idéologiques, croyant à la coopération entre scientifiques, à un système unique au monde qui autorisait à un CR de ne rien publier pendant plusieurs années pour obtenir la médaille Fields juste après. J’ai cru naïvement que ceux qui s’engageaient avec abnégation dans la recherche devaient avoir un statut, un salaire et des conditions de travail décentes, et je me suis battu pour cela. J’ai participé gratuitement à d’interminables commissions d’évaluation nationales, pesant au trébuchet avec le plus d’objectivité possible les qualités et les failles des dossiers en présence, alors qu’il est si facile d’utiliser Excel et le "ISI web of Science" dans une petite commission locale. J’ai voyagé en seconde et logé dans les hôtels aux tarifs CNRS. Je n’ai pas compté mes heures passées sur des sujets finalement non rentables en termes de publications.

Heureusement tout ceci est maintenant terminé. Vous m’offrez par votre action la possibilité d’étendre mon pouvoir. Je vous offre mon soutien indéfectible. J’approuve sans réserve votre initiative de diffuser largement un communiqué de victoire modeste mais ferme le jour même de la tenue de ce CA d’un nouveau genre. Vous montrez ainsi sans ambiguïté que vous dirigez d’une main sûre, en méprisant ces quelques combattants d’arrière garde qui n’ont pas compris aussi vite que moi.

Je suis maintenant persuadé qu’ensemble tout va devenir possible.

N’ayant aucun complexe à afficher mes nouvelles certitudes, vous comprendrez certainement que je tienne à rendre public ce message dont le contenu ne me semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, Monsieur le Directeur, l’expression de ma plus sincère gratitude.

François Jouve Professeur à l’université Paris Diderot

* Didier Chatenay

Madame la Présidente Comme tous les membres de l’organisme j’ai pris connaissance avec étonnement, voire stupéfaction, du contenu du message que vous nous avez adressé hier.

Alors que le CA du CNRS s’est tenu dans des conditions rocambolesques sous la protection de cars de gendarmes mobiles, vous n’avez exprimé aucune considération vis à vis des inquiétudes exprimées par les personnels rassemblés ce jour là pour empêcher que les décisions dont vous vous félicitez soient prises.

Je peux accepter que vos fonctions vous amènent à prendre des décisions que les simples chercheurs, enseignants-chercheurs, ITA, ITARF que nous sommes ne peuvent comprendre, ignorants qu’ils sont des contraintes qui pèsent sur l’organisme. Il n’en demeure pas moins que la précipitation avec laquelle vous nous avez adressé votre message d’autosatisfaction et la tonalité de ce message sont de nature à créer au sein des personnels de l’organisme une profonde irritation. Un minimum de considération vis à vis de ceux qui ne semblent pas encore convaincus de la justesse de vos vues, de tous ceux qui sont inquiets devant les évolutions brutales de l’organisme, aurait été bienvenu.

Je tenais par ce message à vous informer de mon sentiment personnel, mais je ne doute pas qu’il soit partagé par de nombreux autres membres du CNRS.

Par ailleurs comme vous le constaterez à la lecture des adresses d’envoi, je tenais à rendre public ce message dont le contenu ne me semble pas relever d’une quelconque obligation de confidentialité.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Didier Chatenay.