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Lettre-pétition du Collectif des Jeunes Chercheurs à Madame la Ministre

mardi 16 janvier 2007, par Laurence

Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Cette lettre est désormais une pétition que vous pouvez signer en cliquant ici.

Madame la Ministre,

Nous, jeunes chercheurs, précaires et contractuels de l’Université, ATER, demi ATER, allocataires, allocataires-moniteurs, enseignants du secondaire, boursiers, vacataires, chômeurs, nous tenons à vous interpeller sur la loi « Liberté et Responsabilité des Universités ».
La contradiction est flagrante entre votre discours qui vante le dynamisme individuel et l’émulation collective, et votre loi qui, en précarisant les jeunes chercheurs, désorganise le travail en équipe et compromet la qualité scientifique de leur thèse :

-  La menace qui pèse sur la titularisation des jeunes enseignants-chercheurs par un recrutement sur des contrats de droit privé (CDD, CDI) annonce la fin d’une Université démocratique, et de qualité : comment assurer une cohérence et un suivi pédagogiques à l’égard des étudiants dans de telles conditions de travail ? comment trouver la liberté nécessaire à une recherche d’envergure ? L’enseignement et la recherche sont des services rendus à la collectivité, leur exercice doit rester du domaine public. (cf. art. 19)

-  La mise en place du recrutement par des « comités de sélection » dont les membres sont nommés sur proposition du Président, et non plus élus parmi les seuls spécialistes, n’a aucun sens : sur quels critères les jeunes chercheurs seront-ils recrutés si ce n’est pas sur leurs compétences et la pertinence de leurs travaux ? Alors qu’on aurait pu espérer d’une réforme de l’Université qu’elle mette un terme au népotisme et au clientélisme qui n’existent déjà que trop, ce dispositif les renforce en concentrant tous les pouvoirs dans les mains d’un Président, censé être compétent tant pour recruter, évaluer et rémunérer les enseignants-chercheurs de n’importe quelle discipline que pour administrer l’Université. (cf. art. 25)

-  Une telle dégradation des perspectives de carrière ne peut que décourager les jeunes chercheurs, qui connaissent déjà aujourd’hui la précarité. Cette loi organise la disparition de la profession d’enseignant-chercheur en France. Comment construirez-vous les pôles d’excellence si toute une génération de jeunes enseignants-chercheurs est incitée à envisager son avenir dans les universités étrangères ?

Pour toutes ces raisons, à la suite des délégations du 6 décembre – représentant la majorité des syndicats (CGT, FSU, SUD, UNSA) et les collectifs (SLR et SLU) – , nous demandons un moratoire sur l’application de la loi LRU afin de permettre l’élaboration de la réforme dont l’Université a besoin, en concertation avec tous les acteurs impliqués. Pour l’avenir de l’Université, les attentes des jeunes enseignants-chercheurs doivent aussi être entendues :

-  la revalorisation du métier d’enseignant-chercheur par la création de postes (monitorats, maîtres de conférence, professeurs d’Université) ;

-  un recrutement des enseignants-chercheurs par les pairs selon un principe de transparence et des critères de qualité scientifique et pédagogique ;

-  l’amélioration des conditions de travail par la mise à disposition de locaux et d’équipements nécessaires à un travail collectif, à la cohésion, et à l’émulation des équipes pédagogiques et scientifiques.


Collectif des Jeunes Chercheurs
collectifjeuneschercheurs@gmail.com
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Collectifs des Jeunes Chercheurs Amiens, Bordeaux 3, Dijon, EHESS, ENS-Cachan, ENS-Ulm, Paris 1, Paris 3, Paris 10, Paris-Dauphine, Reims, Toulouse 2.