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"Les présidents d’université lancent l’appel de la Sorbonne", par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences2, 9 février 2009

lundi 9 février 2009, par Elie

Pour lire cet article sur le blog de Sylvestre Huet.

Je reviens tout juste de la Sorbonne où, dans un amphithéâtre Richelieu bondé et survolté, un groupe de Présidents d’Université a lancé son Appel de la Sorbonne. Sous les vifs applaudissement d’une assistance surtout composée d’universitaires de Paris-4, Pascal Binczak, Président de Paris-8 Vincennes, a lu un texte bref mais sans équivoque qui demande à la ministre de "retirer tous les projets de réformes controversées de l’Enseignement supérieur et de la recherche".

le voici : "Les présidents d’université et les représentants d’université présents en Sorbonne appellent les deux ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à retirer tous les projets de réforme controversés, condition nécessaire à l’ouverture de véritables négociations et à la relance du nécessaire processus de réforme auquel doit être associé l’ensemble de la communauté universitaire" (certains demandant l’ajout de "et de la recherche", ce qui sera probablement fait.

A la tribune (photo), et premiers signataires de cet appel, on voyait George Molinié (Président de Paris-4 Sorbonne), Jean-Loup Salzmann (Président de Paris-13), Bernadette Madeuf (Présidente de Paris-10 Nanterre), Cafer Ozkul (Président de l’université de Rouen), Marie-Christine Lemardeley (Présidente de Paris-3), Claude Condé (Président de l’université de Besançon), Anne Fraïsse (Présidente de Montpellier-3), un vice-président de Grenoble-3 et le directeur de l’INALCO (Langues orientales).

Les initiateurs de cet appel espèrent que la liste des Présidents d’Universités signataires va s’allonger. Un espoir sérieux tant le mythe d’une CPU (Conférence des Présidents d’Université) unie derrière la ministre Valérie Pécresse s’est effondré. De ce point de vue, la défection d’Axel Kahn (Paris-5) pourrait en annoncer beaucoup d’autres.

Le contenu de cet Appel est sans ambiguïté : les signataires demandent non une suspension provisoire de ces textes mais une nouvelle négociation entre le gouvernement et la communauté universitaire et de la recherche.

Ils ont ainsi répondu par avance à la dernière proposition de Valérie Pécresse qui consiste à nommer une médiatrice et à "suspendre" le décret sur le statut des universitaires durant... deux mois. Une proposition déjà jugée "pas à la hauteur" par Jean Fabbri, le secrétaire général du Snesup-FSU.

Le ton et le contenu de la série d’interventions de Présidents d’Universités montrent qu’il en faudra bien plus stopper le mouvement en cours. Alors que les amphis étaient bourrés d’étudiants en AG, Georges Molinié a été vigoureusement applaudi, tout au long d’une prise de parole particulièrement tranchante. En voici quelques phrases, prises à la volée sur mon calepin :

■ « Il s’agit de réformes cruciales pour toute la population et qui sont en l’état totalement inacceptables »

■ « Depuis plusieurs mois nous tirons la sonnette d’alarme, nous parlons de farce et de mépris. Nous n’avons jamais été entendu, il n’y a de la part de Valérie Pécresse aucune écoute, les choses ne commencent à bouger que grâce à cette mobilisation. Nous avons fait face à l’autisme, le silence, le mépris, l’autosatisfaction, la désinformation publique de la part de la ministre. Non nous ne voulons pas de ces réformes là, calamiteuses, préparées entre technocrates et idéologues. Oui, nous sommes en colère, excédés. Oui nous voulons d’autres réformes. »

■ « Deux points sont inacceptables dans la "mastérisation". La supression de l’année de formation en alternance, payée. C’est une régression intellectuelle, une regression sociale, un scandale absolu. L’organisation du concours du CAPES en janvier, au moment où l’étudiant doit remettre son mémoire de master-2, signifie que l’on aura un mémoire bidon et un concours bidon, avec une masse de titulaires de masters, non reçu au CAPES et donc prêts pour des emplois précaires. Sur ces deux points incontournables il faut de vraies négociations avec les acteurs de terrain, ce qui exige bien un an de discussion sérieuses. »

■ « Ce ne sont pas des erreurs tactique du ministère. Derrière tout cela il y a une pensée organisée, un désengagement de l’Etat... et le plus gros coup porté à l’école de la République depuis Vichy ! »