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Intervention des CRS à Lille III

Jeudi 13 et vendredi 14 décembre

samedi 22 décembre 2007, par Laurence

[|Intervention des CRS à Lille 3|]

Voici un récit synthétique des informations qui ont été échangées vendredi 14 décembre au matin, lors de la dernière réunion du Comité Lille 3 SLU, informations recueillies auprès de personnes présentes au moment des événements, dont un collègue ayant lui-même reçu des coups de matraques (dont il conserve un hématome sur le ventre) et des insultes (« allez dégage, sale connard ! ») lors de la charge des CRS.

Le récit

* Jeudi 13 décembre

Aux alentours de 16h30, Jean-Claude Dupas, président de l’université de Lille 3, a choisi de faire intervenir les CRS à un moment où les étudiants bloqueurs étaient pour l’essentiel d’entre eux absents de l’université puisqu’ils manifestaient contre la LRU dans le centre-ville de Lille. Le campus était parfaitement tranquille au moment de l’intervention.
Autour de 17 h, différents collègues qui quittaient l’université ont aperçu de nombreux cars de CRS stationnés à l’entrée du parking souterrain de l’université. A 16h30, le collègue qui sera plus tard molesté lors de la charge des CRS, se trouvait dans son UFR à faire des photocopies lorsqu’une secrétaire est venue le prévenir qu’elle faisait évacuer les bureaux du bâtiment B car, a-t-elle annoncé, « les CRS sont là ». Il s’est donc dirigé avec d’autres sur le parvis de l’université et rencontré sur le chemin de la sortie, à l’entrée du bâtiment B, des CRS en train de démonter les barricades de chaises et de tables avec l’aide du président de l’université, de membres de l’administration ainsi que de vigiles de la sécurité interne à l’université.
Un peu plus tard, les CRS sont sortis du bâtiment pour repousser en marchant les étudiants qui se trouvaient dehors devant les portes vitrées en train d’assister au démontage (quelques 80 étudiants parmi lesquels figuraient des étudiants bloqueurs et des étudiants venus passer un examen ou étudier à la bibliothèque). Certains étudiants sifflaient et huaient les protagonistes de la scène de démontage mais sans aucune manifestation de violence. C’est au niveau de la BU (également évacuée sans ménagement), alors que les étudiants étaient repoussés vers la passerelle qui se trouve à l’entrée du parvis de l’université, que les CRS ont soudain chargé, asséné coups de matraques et jeté gaz et insultes. Je reproduis ci-dessous le courriel que le collègue matraqué a envoyé au Comité Lille 3 SLU en fin d’après-midi, ce même jour :

« Alors qu’aucune voie de fait n’était commise par les étudiants présents sur le parvis (grévistes ou M2Pro sortant d’un partiel), les CRS ont chargé après que le bâtiment B eut été évacué et les barricades démontées avec la contribution de notre président que l’on ne savait pas déménageur.

A ce moment, trois étudiantes de M2Pro SDS qui sortaient d’une épreuve ont prévenu un groupe de CRS avançant groupés au pas de charge, matraques et boucliers en mains, qu’une de leurs camarades, était enceinte.

Ce à quoi il leur fut simplement répondu : « Tant pis pour elle ! »

Il semble, toutefois, fort heureusement, qu’elle ait pu partir au milieu d’un groupe et n’ait pas été frappée, ce qui ne fut pas le cas de tout le monde. Pour plus d’informations, et après en être convenu avec elle, vous pouvez joindre au besoin une des étudiantes témoins (courriel ci-joint en CC).

Un autre étudiant de cette même formation a été "gazé" sans raison.
Rien ne justifiait cette intervention, ni les quelques interpellations qui ont eu lieu. »

Un autre collègue, apprenant l’intervention, s’est rendu immédiatement à Lille 3 et nous a écrit vers 18 h :

« Je n’ai pu rentrer dans l’université qui est bloquée... par les CRS. Les étudiants (dont la plupart étaient aux épreuves de M2 ou à la bibliothèque) et les enseignants que j’ai rencontrés étaient profondément choqués par l’intervention policière, les charges sans sommation alors qu’il n’y avait eu aucun incident, les insultes (des étudiants qui essayaient de prévenir qu’une étudiante était enceinte se sont vus répondre "tant pis pour elle").....

Un certain nombre de témoignages indiquent que les CRS ont poursuivi des étudiants bien au-delà des limites du campus, dans le quartier immédiatement adjacent et en direction de la bouche de métro « Pont de bois ». Les CRS ont passé la nuit de jeudi à vendredi dans le parking souterrain de l’université.

* Vendredi 14 décembre

Des étudiantes rencontrées le lendemain matin, m’ont raconté, encore tremblantes de peur et d’indignation, avoir été très violemment chargées par les CRS avec une vingtaine de leurs camarades (gaz, coups de matraque, insultes) à 7h du matin, à leur arrivée sur le campus, au niveau de la passerelle d’accès bloquée par plusieurs rangées de CRS. A 10h, la présence policière n’était plus visible à l’intérieur du bâtiment mais jusqu’à 14h, j’ai observé une quinzaine de fourgons de CRS stationnés du côté de l’entrée du parking souterrain de l’université, sur les parkings extérieurs, ainsi que plusieurs autres camions appartenant également aux CRS (peut-être des camions de matériel) et des voitures abritant des policiers en civil. D’autres fourgons, en moins grand nombre, étaient également postés à d’autres entrées de l’université. A 14 h, entre cent et deux cents personnes (personnel et étudiants de Lille 3) se sont regroupées sur le parvis pour protester contre l’intervention et la présence de la police sur le site. Nous craignions également une seconde intervention des CRS car des étudiants indignés par l’intervention policière de la veille avaient investi le CA qui s’était réuni le matin et rebloqué la fac dans la foulée. Vers 14h le bruit a couru qu’une intervention était imminente puis, un peu après, que les CRS quittaient l’université. Ils ont, de fait, laissé les abords du campus en début d’après-midi. Un nouveau vote des étudiants sur le blocage doit avoir lieu lundi matin.

Sur le site d’Indymedia Lille vous trouverez une vidéo d’une partie de l’intervention et des photos du président Dupas avec les CRS après l’intervention (http://lille.indymedia.org/spip.php?article11362)