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« On ne lâchera rien, l’université est en danger de mort », "Libération" du 19 février 2009

jeudi 19 février 2009, par Laurence

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A Paris, les étudiants étaient nombreux jeudi après-midi pour soutenir les enseignants-chercheurs. Avec un mot d’ordre : « continuons à faire du bruit, la ministre va craquer. »

Ils gardent le sourire, convaincus que Valérie Pécresse va « finir par céder ». Après trois semaines de grève, les chercheurs étaient une nouvelle fois dans la rue jeudi après-midi. A Paris, ils étaient entre 15.000 et 30.000 manifestants.

En tête de cortège, les enseignants-chercheurs, plutôt calmes, mais toujours aussi déterminés : « On ne lâchera pas. L’université est en danger de mort ».

Plus remuants à l’arrière, les étudiants - particulièrement nombreux et « ultra motivés » - sont prêts à tout pour faire craquer la ministre Valérie Pécresse. Trompettes, banderoles géantes, cercueil en carton symbolisant la mort de l’université publique, ils ont sorti le grand jeu.

Au bout des classiques manches à balai, et autres bouts de bois, on lit des : « I fac you », « Pécresse, on t’emmerde », « On cherche, tu nous trouves », « décret hors sujet ». Au dessus des têtes, la photo de Pasteur barrée d’un gros « la Rage ». Aperçues aussi : des boîtes en fer de bonbons Quality street utilisées comme tambour (très efficace). Plus poétique, les élèves en musicologie entonnent un « Mon amant de Saint-Jean » à l’accordéon.

« C’est quoi déjà, leurs revendications ? »

Sur le bas-côté, Marie, une jolie brunette en BEP mode, regarde passer le cortège : « Franchement, je n’ai pas encore compris pourquoi les universitaires sont en colère… C’est quoi, déjà, leurs revendications ? »

Manteau marron plutôt classe, Patricia Attigei, professeur de psychopathologie depuis 15 ans à Nanterre, se lance : « 1) D’abord, on veut le retrait de la réforme sur le statut des enseignants-chercheurs et celle sur la formation des profs. 2) Ensuite, on proteste contre la loi sur l’autonomie des universités qui va se traduire par la privatisation de l’enseignement ».

A côté d’elle, Michel Imberty, ancien président de l’université de Paris X Nanterre, renchérit : « L’autonomie, c’est pas nouveau. Cela fait un moment que l’on en entend parler. Sur la papier, on n’a rien contre. Mais, en pratique, les moyens ne suivent pas. Le président d’université se retrouve avec une enveloppe d’un montant insignifiant et s’entend dire : maintenant débrouillez-vous ! ». Aujourd’hui à la retraite, il avoue : « c’est la première fois depuis 1973 que je descends dans la rue pour protester. C’est pour dire ! »

Une banderole plus loin, Anne et Karell, profs de chimie à Orsay, s’inquiètent de « la flambée des frais d’inscription qu’entraînera à coup sûr la nouvelle loi sur l’autonomie. D’ailleurs, les parents d’élèves devraient soutenir notre mouvement, rien que pour ça ».

« Avant enseignant-chercheur, c’était le boulot de rêve. Maintenant, on n’a plus trop envie de le devenir » soupire Cécile, 25 ans, une toque en papier « Cerveaux prêts à fuir » sur la tête. Doctorante à la fac de psychologie de Nanterre, elle maintient : « L’université a besoin d’être réformée. On est tous d’accord là-dessus. Mais, il ne faut pas faire les choses n’importe comment dans la précipitation…. Comme fait Pécresse. On a plein d’idées, encore faut-il qu’elle nous écoute. »