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"Formation des enseignants : l’initiation, c’est primordial", par un professeur stagiaire inscrit à l’Iufm de Livry-Gargan, Rue 89 (05 mars 2009)

jeudi 5 mars 2009

Pour lire ce témoignage sur le site de Rue 89

Formation des enseignants : l’initiation, c’est primordial

Professeur stagiaire inscrit à l’Iufm de Livry-Gargan, en région parisienne, un riverain rebondit à l’aune de sa toute première expérience sur la réforme de la formation des maîtres voulue par Valérie Pécresse et Xavier Darcos.

Depuis septembre, je suis ce qu’on appelle dans notre jargon un PE2. Je suis, en effet, en deuxième année de formation pour devenir instit’ (professeur des écoles) à l’Iufm (anciennement école normale) de Livry-Gargan dans le 93.

Instit’, ça fait un petit bout de temps que je voulais le devenir, mais à 21 ans et avec seulement une licence de géographie en poche, je ne me sentais pas près. Du coup, j’ai décidé de faire mes armes auprès d’enfants de tous milieux et de tout âge pendant sept ans : accompagnement scolaire, animation de classe de neige, direction de séjour, formation d’animateur.

Avec cette expérience et après une année de préparation au concours, je me sentais prêt à intervenir dans n’importe où. Et pourtant… Ma première journée tout seul (j’ai la responsabilité chaque mardi de la même classe), dans une grande section de maternelle à Bobigny, a été bien mouvementée.

Au final, un bon mal de crâne et surtout beaucoup de questions sans réponses : comment maintenir une attention soutenue lors des regroupements de vingt-cinq enfants ? Comment ne pas laisser de côté les élèves qui ont du mal à suivre le rythme de la majorité ? Et quid des non-francophones ?

Ces interrogations j’ai pu les partager, le reste de la semaine, avec mes collègues de formation ainsi qu’avec les professeurs de l’Iufm et maîtres formateurs. Des plages horaires étaient destinées à nous aider à faire le point sur notre pratique et nous pouvions échanger de nos réussites et nos difficultés. En parallèle de cela, des cours spécifiques à chaque matière nous étaient aussi dispensés.

Un métier complexe où la polyvalence est d’or

Aujourd’hui, six mois après ma journée initiatique à l’école maternelle, je me sens beaucoup plus à l’aise avec ma classe et ne vais plus à reculons dans mon école. Je continue à être formé, en parallèle, pour préparer cette fois-ci un stage de trois semaines pour des élèves de cycle 3 (CE2, CM1, CM2).

Bien qu’à des moments, j’ai pu mettre en doute l’intérêt de la formation parfois trop théorique et trop centrée sur les apprentissages et pas assez sur les élèves (surtout dans un département comme le 93), je me demande au final comment j’aurais fait sans elle, sans accompagnement, sans droit à l’erreur.

Comment aurais-je fait pour apprendre un métier complexe où la polyvalence est d’or (je vais être amener à enseigner toutes les disciplines de l’Eps aux arts visuels en passant entre autres par les sciences pour un public allant de la petite enfance à la préadolescence).

C’est pourtant ce qui est destiné à mes futurs collègues : une quasi-absence de formation. Avec le projet de masterisation prévu pour 2010, les futurs instits seront recrutés à Bac+5 et n’auront que quelques mois pour passer le concours et être formés.

C’est la fin de la formation professionnelle que je connais actuellement, composée de cours théoriques mais surtout de ce qu’on appelle des stages en responsabilité de trois semaines durant lesquels les stagiaires sont conseillés et évalués.

A la place, la réforme prévoit un tutorat pour les stagiaires par un enseignant chevronné. Or ce type de formation ne prend pas en compte la difficulté de se retrouver seul face à vingt-cinq élèves et d’avoir à représenter l’autorité tout en transmettant des savoirs.

C’est pourquoi les stagiaires PE2 dont je fais parti et les formateurs de l’Iufm de Livry-Gargan ont décidé d’engager un mouvement depuis plus d’un mois pour que ce projet de réforme soit tout simplement abandonné et que la formation des enseignants soit reconnue et valorisée pour une école de qualité.