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La réforme de la formation des enseignants dans l’oeil du cyclone - V. Soulé, C’est classe !, Libéblogs, 8 mars 2009

dimanche 8 mars 2009, par Laurence

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Valérie Pécresse espérait-elle pouvoir souffler après le compromis de vendredi sur le statut des enseignants-chercheurs ? C’est raté. La contestationt repart de plus belle, cette fois sur la réforme de la formation des enseignants des premier et second degrés. Samedi une coordination réunie à la Sorbonne a réclamé son retrait. Sans négociations ni phase transitoire.

Une centaine de représentants d’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) et d’universités, venus de toute la France, étaient réunis pour la seconde fois. Le 31 janvier, la Sorbonne avait déjà accueilli la 1ère coordination nationale de la formation des enseignants. Mais samedi le ton était encore monté d’un cran.

Jusqu’au dernier moment, il y avait eu une incertitude sur la tenue de la réunion. La situation se tend dans les universités. Vendredi, la Sorbonne avait été brièvement fermée, des CRS avaient pris position le long des bâtiments rue Saint Jacques, en interdisant même l’entrée quelques heures. Des étudiants mobilisés avaient voulu mettre en place des barrages filtrants.

Ce samedi la Sorbonne était ouverte. Mais on entrait dans la cour au milieu d’une haie d’agents de sécurité privés, en parka bleu marine et logo "Centaure". Ambiance...

Très vite, on sent que l’assistance est remontée. Plus radicale que la dernière fois. L’accord intervenu entre les quatre syndicats et Valérie Pécresse sur la réécriture du décret sur le statut des enseignants-chercheurs est mal perçu. Beaucoup y voient une tentative de division pour affaiblir le mouvement. Alors que toutes les revendications sont liées et doivent être traitées ensemble, selon eux, le statut comme la réforme de la formation, la question de la recherche et celle des emplois.

Surtout les propos de Xavier Darcos le 12 février sur RMC ont envenimé les choses - un peu comme ceux de Nicolas Sarkozy sur les chercheurs. Le passage incriminé est projeté sur le mur de l’amphi : le ministre de l’Education y parle notamment des "théories générales" que les futurs profs apprennent dans les IUFM et se moquent de leur formation professionnelle - ils "font des remplacements de temps en temps".

Pour les participants, c’est bien la preuve que le ministre veut la mort des IUFM. "Il ne le dit pas ouvertement mais il fait faire le sale boulot par les universités", assure l’un d’eux.

Georges Molinié, le président de Paris 4 qui accueille la réunion, vient parler à la tribune. Il avait été à l’origine de l’Appel de la Sorbonne du 9 février : pour la première fois, plusieurs présidents d’université avaient pris position contre la réforme de la formation des enseignants (la "masterisation"). "Aujourd’hui nous représentons la majorité des présidents à cause du chaos qui s’étend dans les facs", assure-t-il.

Très applaudi, il formule des critiques largement partagées par la salle, en majorité des enseignants d’IUFM :

- C’est absurde d’organiser des concours en pleine année de master : "du coup on va avoir un soit un concours bidon soit un master bidon".

- Que vont devenir les étudiants "qui décrochent un master bidon" mais qui sont collés "à un concours léger avec un niveau disciplinaire ridicule" ? "Leur masters seront inutilisables".

- "On ne peut accepter la disparition du statut d’élèves fonctionnaires rémunérés (qui existait l’année juste après la réussite au concours), derrière c’est aussi la formation en alternance qui disparait".

- Tout cela "aggrave la précarisation" et conduit à "la privatisation" de l’enseignement. "C’est une vision Wall Street, un modèle que nous combattons".

Georges Molinié critique ensuite la "stratégie de pourrissement" du gouvernement, notamment de Xavier Darcos. Et appelle à l’action pour le forcer à bouger.

Dans la salle, tout le monde est d’accord pour rejeter la réforme. Et d’en négocier une autre, une fois celle-ci écartée. "En fait c’est une contre-réforme, explique un participant, attention à ne pas reprendre à notre compte la novlangue néolibérale du gouvernement et de retraduire".

L’essentiel des débats va porter sur comment faire reculer le gouvernement. L’idéal serait de faire l’unité autour du retrait du projet. Mais le problème est que tous les syndicats ne sont pas d’accord. Une représentante du Sniupp, premier syndicat du primaire, vient exprimer des critiques, notamment contre la réduction des stages. Un syndicaliste du SE-Unsa suit, à peu près sur les mêmes thèmes.

Mais il y a un grand absent : le Snes, premier syndicat du secondaire. Il a bien quelques griefs contre le projet. Mais avant tout, il approuve la masterisation qui permet de revaloriser les débuts de carrière. Et n’est guère mobilisé.

Patron de la CDIUFM (la conférence des directeurs d’ IUFM), Patrick Baranger est venu cette fois à la coordination. Il explique que les 31 directeurs sont très divisés. D’où les prises de position confuses et souvent ambigues de la CDIUFM. Plusieurs fois, il est d’ailleurs coupé par la salle qui le lui reproche. "La plupart des directeurs avons la même crainte, conclut-il, s’il n’y pas de maquettes de masters Enseignement prêts à la rentrée, nous sommes morts".

Jean-Jacques Hazan (sur la photo du dessus), le président de la FCPE (la première fédération de parents d’élèves), est lui chaleureusement applaudi. Il est venu apporter son soutien contre "la casse du service public".

On vote dans l’après-midi. La priorité est de durcir l’action avec trois rendez-vous crescendo, les 10, 11 et 19 mars.

Le s motions votées par cette 2e coordination.