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Le texte que les présidents d’universités voulaient garder secret - Jade Lindgaard, Médiapart, 9 mars 2009

mardi 10 mars 2009

Quel jeu jouent les présidents d’université face à la politique de Valérie Pécresse et à la contestation qu’elle suscite ? La sixième semaine de grève dans les facultés françaises – qui verra mercredi une manifestation de tout le corps enseignant, de la maternelle à l’université – s’ouvre sur une crise au sein de la conférence des présidents d’université (CPU) suite à la tenue d’une assemblée plénière exceptionnelle le jeudi 5 mars : le communiqué de presse envoyé aux journalistes jeudi en fin d’après-midi ne correspond pas à la position adoptée par l’assemblée. « C’est un abus de pouvoir, un abus de position ! » proteste Pascal Binczak, président de l’université de Saint-Denis (Paris 8).

Les mots les plus durs à l’encontre de la méthode de réforme gouvernementale, dans la motion votée à l’unanimité moins une abstention par les présidents d’université, sont édulcorés dans le texte diffusé par le service de communication de la CPU. Ainsi, les phrases : « Les présidents d’université continuent de condamner la précipitation dans laquelle a été engagée » la réforme de la formation des maîtres, et « cette précipitation apparaît irresponsable », ont disparu. De même que cette mise en demeure : « Il convient en conséquence de retravailler cette réforme en profondeur pour obtenir en 2011 un concours et des masters de qualité. »

Dans le communiqué envoyé à la presse, les présidents d’établissements se contentent de manifester « leur engagement pour une réforme de la formation des maîtres en profondeur à échéance 2010-2011 ». Dans le deuxième cas, la date butoir est plus souple que dans la première formulation.

Autre atténuation : alors que, dans la motion adoptée, la CPU « a pris connaissance des résultats des deux semaines de concertation », dans son communiqué, elle « a salué le travail réalisé par le Bureau durant les deux semaines de concertation et les résultats obtenus ». La distinction est certes subtile mais le ton s’en trouve modifié. D’une déclaration sévère ressemblant à une mise à l’épreuve des ministres concernés, on passe à la satisfaction d’entrevoir une « sortie de crise ».

Porte-parole de la CPU, Simone Bonnafous est restée injoignable lundi en fin d’après-midi avant notre bouclage de 19h.

L’assemblée de la CPU du 5 mars était convoquée pour arrêter la position des responsables d’établissements sur les quatre principales revendications des opposants aux réformes en cours : modification du statut des enseignants-chercheurs de 1984, réforme de la formation des enseignants du primaire et du secondaire (la « masterisation »), suppression de 900 emplois et restructuration des organismes de recherche.

Vendredi soir, s’est achevée au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche la réécriture du décret sur le statut des enseignants-chercheurs. Une réunion est prévue cette semaine entre Valérie Pécresse, Xavier Darcos et les présidents d’université pour sortir du conflit au sujet de la masterisation.