Accueil > Structures de la recherche (organismes, ANR…) > Communiqué commun de la CP-CNU et du C3N : 2 avril 2009

Communiqué commun de la CP-CNU et du C3N : 2 avril 2009

vendredi 3 avril 2009, par Laurence

Devant la gravité des menaces visant la recherche et l’enseignement
supérieur, les deux principales instances d’évaluation des chercheurs
et enseignants-chercheurs de notre pays, le Conseil d’administration
de la Conférence permanente du Conseil national des universités et
le C3N, qui réunit les responsables des 3 composantes du Comité
national de la recherche scientifique, ont adopté le 2 avril 2009 le
communiqué commun suivant :

Evaluation

Le Conseil national des universités et le Comité national font
remarquer que, contrairement aux affirmations présidentielles, ils
pratiquent l’évaluation depuis longtemps, et cela dans le respect des
principes d’indépendance, de durée et de collégialité :
- Indépendance : la composition (2 tiers d’élus par les pairs de la
discipline, un tiers de nommés par la tutelle) et le caractère
national des instances d’évaluation que constituent les sections
du CNU et du Comité national garantissent la liberté des choix
et des avis par rapport aux autorités politiques d’une part, aux
groupes de pression locaux ou disciplinaires d’autre part.
- Durée : le mandat pluriannuel garantit une mémoire des
procédures et des avis, et construit sur plusieurs années une
vision globale de l’activité nationale dans un domaine de la
science.
- Collégialité : le débat contradictoire sur la base des dossiers
évalués par un ou plusieurs rapporteurs est essentiel.
L’objectivité de l’évaluation requiert la confrontation des
opinions.

Indépendance, durée et collégialité sont les conditions indissociables
d’une évaluation équitable et efficace.

Le Conseil national des universités et le Comité national exigent une
redéfinition des compétences en matière d’évaluation, passant
notamment par une remise à plat des missions et des procédures de
l’AERES. Ils réaffirment en outre avec vigueur les principes suivants :
• Pas d’évaluation des chercheurs ni des enseignants-
chercheurs sans évaluation simultanée, par les mêmes instances, des
structures au sein desquelles ils travaillent (UMR, Equipes d’accueil,
UFR, etc).

C’est pourquoi nous voulons coordonner les calendriers de nos
deux instances afin que les personnels d’une même structure de
recherche et d’enseignement soient évalués la même année.
• Pas d’évaluation des personnels ni des structures sur des
bases bibliométriques. Cette vision statistique de l’évaluation ne peut
pas rendre compte de la réalité de la recherche : elle ne porte pas sur
les contenus, elle est entachée de nombreux biais disciplinaires,
linguistiques et économiques. La qualité n’est pas une propriété
émergente de la quantité.

Emploi scientifique

La CP-CNU et le C3N s’alarment de la situation ingérable
produite dans les laboratoires et les filières d’enseignement par la
raréfaction des recrutements et par la précarisation des emplois. La
diminution des postes mis au concours des universités et des
organismes de recherche augmente considérablement le nombre de
docteurs encore précaires dans la tranche d’âge 30-40 ans, organise le
gâchis des compétences et de la créativité des jeunes collègues, met en
danger l’attractivité des métiers de la science.

Les chaires mixtes université-organisme, aussi appelées
« chaires d’excellence » et présentées comme l’instrument du
rapprochement entre la recherche et l’enseignement supérieur, avaient
pour premier effet d’immobiliser deux postes budgétaires pour un seul
recrutement. L’annonce par la ministre le mardi 31 mars de la
réaffectation au concours 2009 dans les organismes des 130 supports
de postes détournés par ces chaires est positive, et marque un premier
succès de la très large mobilisation de ces dernières semaines. Le
rapprochement entre universités et organismes de recherche passe
avant tout par la revitalisation du dispositif des délégations offertes
par les organismes après consultation des instances scientifiques.
Simultanément, l’Agence Nationale de la Recherche,
désormais principale source de financement de la recherche
scientifique, génère par des contrats à très court terme un personnel
précaire dont le nombre est en passe de rattraper celui des chercheurs
permanents.

La recherche publique et l’enseignement supérieur public ne
seront bientôt plus à même d’accomplir leurs missions. Dans ces
conditions, notre expérience et notre représentativité en matière
d’évaluation nous contraignent à dénoncer le mensonge d’État qui
prétend faire de la recherche et de l’enseignement supérieur une
priorité nationale.

Appel

C’est pourquoi le Conseil national des universités et le Comité
national exigent une redéfinition des compétences en matière
d’évaluation, passant notamment par une remise à plat des missions et
des procédures de l’AERES. Tant que cette exigence ne sera pas
satisfaite et que des chaires resteront affichées en l’état au concours
2009, nous appelons les membres de nos instances à l’amplification
du moratoire des expertises ANR et AERES dont nous sommes
chargés à titre individuel, ainsi qu’au moratoire des évaluations
confiées à nos instances.
La situation est aujourd’hui extrêmement confuse en ce qui
concerne les chaires. A de nombreux niveaux (sections du CoNRS, du
CNU, CA d’universités), des refus de participer au processus en cours
se sont manifestés, dans un mouvement qui s’amplifie. Il est urgent
que le ministère suspende la mise en place des chaires, et que le
contenu en soit rediscuté, et comparé avec ce qui est préconisé par la
communauté scientifique (généralisation du dispositif des
délégations). Si rien n’est fait en ce sens, très rapidement, le Comité
National et le Conseil National des Universités appelleront
solennellement au boycott des jurys de chaires.

Contacts :
C3N : contact@c3n-recherche-scientifique.fr
CPCNU : cpcnu@cpcnu.fr

Sites :
C3N : http://www.c3n-recherche-scientifique.fr/
CPCNU : http://www.cpcnu.fr/