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Pascal Binczak (Paris-8) répond à Lionel Collet, Sciences 2, Libération, 6 avril 2009

mardi 7 avril 2009

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Pascal Binczak (Paris-8) répond à Lionel Collet
6 avril 2009

« Je suis étonné d’entendre le président de la CPU jouer les surveillants de collège », déclare Pascal Binczak, le président de l’Université Paris-8, que je viens d’avoir au téléphone. « Nous ne sommes pas moins que Lionel Collet engagés dans le soutien à nos étudiants », insiste t-il, en réponse à l’appel à la reprise des cours lancé par le président de la conférence des présidents d’université (CPU).

Estimant que qu’il « y a eu suffisamment d’avancées pour considérer qu’il est temps de reprendre les cours », après dix semaines de protestation contre les réformes de l’enseignement supérieur. « Nous avons jusqu’à juin pour réaménager l’enseignement, et permettre le bon déroulement des examens », a déclaré Lionel Collet, président de l’université Lyon-I, lors d’une conférence de presse, soulignant que « si les cours restent perturbés au-delà de mi-avril, après les vacances, l’année universitaire sera menacée. La non-suppression d’emplois, la réécriture du décret sur les enseignants-chercheurs, le report d’un an de la réforme sur la formation des maîtres : tout n’a pas été obtenu, mais beaucoup. »
A ces propos manifestement commandités par le ministère de Valérie Pécresse - si l’on se souvient de la virulence de la CPU lorsqu’elle dénonçait le suppressions de postes du budget 2009 sur lesquelles le gouvernement n’est pas revenu - Pascal Binczak a tenu à répondre clairement. Voici quelques extraits de notre conversation :

« Je ne vois pas ce qui devrait nous inciter à stopper la mobilisation. Il est plus que jamais impératif de la maintenir, à défaut de quoi nous basculerions dans un système qui privilégiera la libre commercialisation des savoirs au détriment du commerce des libres savoirs, un système dans lequel seront bafoués des principes et des valeurs républicains, dont celui d’égalité devant le service public. A partir du moment où l’on instaure un système ultra concurrentiel, celui qui aura le bonheur ou le malheur de naitre dans telle zone défavorisée de la republique aura un service puclic de l’enseignement supérieur disposant de moins de moyens que tel ou tel étudiant qui aura la chance de naitre à Paris intra muros. La politique actuelle, dont le plan campus va agraver les inégalités existantes au lieu de les combattre.

Le bras de fer avec le gouvernement débouche sur une crise, mais elle résulte de son autisme, de son irresponsabilité. Il est pleinement responsable de la situation des étudiants. Le gouvernement a feint de discuter, de négocier tout en maintenant ses projets destructeurs et en tenant un discours d’autosatisfaction insuportable. Devant une telle attitude, il ne reste aux contradicteurs que la rue pour faire entendre leur voix.

Je tire la sonnette d’alarme, car on touche là au coeur du fonctionnement démocratique de notre répub lique. On ne peut se prévaloir de l’élection au suffrage universel direct comme d’un blanc seing pour imposer des réformes impopulaires, manifestement rejetées par la grande majorité de la communauté auxquelles elles s’appliquent. On ne peut pas gouverner sans une adhésion minimale du peuple. »