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Masterisation : scandaleuse prime aux instituts catholiques (communiqué du SNES-UP du 22 juin 2009)

lundi 22 juin 2009, par Laurence

Lors du CNESER du 20 avril dernier, interpellé par le SNESUP,
le directeur général des enseignements supérieurs, Patrick Hetzel,
avait été contraint d’avouer l’intention du ministère d’évaluer les
maquettes de master "enseignement" de l’enseignement privé en dépit
de l’opposition de la communauté universitaire au projet de réforme
de la formation des maîtres, et contre l’avis formel de l’AERES.
Devant la mobilisation quasi unanime de l’enseignement supérieur, le
gouvernement déclarait alors qu’il renonçait à sa tentative de passer
en force.

Pourtant, le 11 juin, le Ministère de l’Education nationale a
présenté au Conseil Supérieur de l’Education un projet de décret qui
transpose les récentes modifications des décrets statutaires des
professeurs des écoles à l’enseignement privé. Comme pour les mesures
concernant les enseignants du public, l’inscription de ces projets à
l’ordre du jour du CSE anticipait donc sur l’aboutissement des
travaux en cours, sans que ces dispositions aient jamais été abordées
dans les "groupes de travail". Les organisations présentes à cette
réunion du CSE (FSU, Unsa-Education, FCPE, Ligue de l’enseignement,
UNL) s’y sont aussitôt opposées et ont quitté la séance devant le
refus de l’administration de retirer ce point de l’ordre du jour.

Le 19 juin dernier, par la voix du secrétaire général de
l’enseignement catholique, les instituts catholiques – qui
demandent des moyens financiers importants à l’État – annoncent
être en mesure, dès septembre 2009, de proposer et de délivrer sept
masters "métiers de l’éducation et de la formation" adaptés à leurs
propres modalités de formation et de recrutement par le biais de
jurys rectoraux. En conférant au recteur, chancelier des
universités, cette responsabilité, le gouvernement s’assoit sur
les garanties de qualité des diplômes qu’apporte l’obligation faite
aux établissements privés de passer convention avec une université
publique pour délivrer leurs diplômes. La procédure du jury rectoral
et la connivence des autorités religieuses sont utilisées par le
pouvoir comme un artifice pour contourner la résistance forte et
raisonnée que la communauté universitaire oppose à une réforme de
la formation des maîtres bâclée et dangereuse pour l’avenir du pays,
et imposer ainsi ses projets de "mastérisation" en donnant un
avantage l’enseignement catholique.

Le SNESUP condamne fermement cette opération de mise en concurrence
des diplômes et la prime octroyée à l’enseignement catholique par le
gouvernement au mépris des principes fondamentaux de la laïcité
républicaine.

Paris, le 22 juin 2009