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Enseignants et étudiants dénoncent le projet de formation des maîtres, par Maryline Baumard, Le Monde, 16 novembre 2009

lundi 16 novembre 2009, par Mathieu

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La réforme de la formation des enseignants, un des sujets centraux dans la contestation qu’a connu l’université au printemps, continue de semer la zizanie. Le projet que les cabinets des ministres Valérie Pécresse pour le supérieur et Luc Chatel pour l’enseignement scolaire, ont présenté vendredi 13 novembre comme "définitif" a été accueilli par un tollé général. Au point qu’il pourrait être amendé.

Le sujet de la formation des maîtres, dit de la masterisation, est un des cadeaux empoisonnés laissés par l’ancien ministre Xavier Darcos à son successeur. Si le principe de base est simple – élever les niveaux des enseignants en les recrutant à bac + 5 contre bac + 3 aujourd’hui – dans le détail, tout pose problème : la date des concours, leur contenu, la définition des masters suivis par ces étudiants. Parce que ces "détails" dessinent une philosophie du métier. Et que sur ce sujet deux approches se heurtent.

Il y a, d’un côté, la volonté gouvernementale d’enterrer les IUFM, de revenir à une formation disciplinaire et à un enseignant qui se définit par sa discipline. Et de l’autre, l’idée que ce métier s’apprend et que le meilleur enseignant n’est pas forcément celui qui fera les meilleures dissertations au concours.

"RÉGRESSIF ET CONSTERNANT"

Le ministère propose une formule qui s’inscrit dans la première approche. "Les concours auront désormais deux épreuves d’admissibilité à caractère disciplinaire et deux épreuves d’admission comportant une dimension professionnelle", précise le document ministériel. La "dimension professionnelle" tenant essentiellement dans la capacité à élaborer une leçon.

Cette approche fait bondir le Syndicat des enseignants (SE) qui estime "catastrophique, régressif et consternant", une réforme qui relègue à l’après-concours "la question des méthodes pédagogiques, la prise en compte de l’hétérogénéité", comme le souligne Christian Chevalier, son secrétaire général.

De l’avis général, la professionnalité sera la grande oubliée. Il sera bien difficile d’insérer une véritable plage de stages – fortement conseillés mais non obligatoires – entre l’admissibilité et les épreuves d’admission aux concours du second degré. Surtout entre la fin janvier et la fin avril, c’est-à-dire au moment où le futur enseignant prépare ses épreuves de master 2 (M2) et son admission, les écrits du capes ayant lieu en décembre et les oraux en mai-juin.

Cette surcharge de l’année de M2 fait regretter à la cosecrétaire générale du SNES, Frédérique Rollet, que la préprofessionnalisation ne soit pas plus progressive, c’est-à-dire proposée dès la licence. Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT, se dit lui aussi "très en colère contre les apprentis sorciers du ministère".

Le texte précise par ailleurs que les futurs enseignants du second degré seront formés dans des masters disciplinaires. Ils opteront seulement pour un "parcours complémentaire de professionnalisation" avec en première année un module de "culture générale et histoire de la discipline", en seconde, une "préparation aux épreuves orales". Sur ce point, c’est l’UNEF qui voit rouge et refuse cette approche, estimant lui aussi qu’"enseigner est un métier qui s’apprend".

Les jeunes profs, dont le renouvellement est important dans les années à venir risquent d’arriver bien démunis devant les classes. Pour le concours du premier degré qui aura deux épreuves écrites (une de français-culture humaine et une de mathématiques et sciences) à mi-septembre, les syndicats sont légèrement moins critiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils apprécient la disparition totale des arts des épreuves de concours !