Accueil > Revue de presse > Réforme des IUFM : les enjeux du refus - par Olivier Bertrand, LibéLyon, blog (...)

Réforme des IUFM : les enjeux du refus - par Olivier Bertrand, LibéLyon, blog du site de Libération, 7 décembre 2009

mardi 8 décembre 2009, par Elie

ENSEIGNEMENT - Dans l’indifférence quasi générale, la France s’apprête à abandonner la formation très spécifique qu’elle donnait jusqu’à présent à ses enseignants. Les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) avaient pris la suite des Ecoles Normales pour former spécifiquement les professeurs d’écoles et de l’enseignement secondaire. A leur place, dès la rentrée prochaine, les formations seront assurées à la fac. Elles prépareront les étudiants aux matières à transmettre, beaucoup moins à la transmission elle-même, à la pédagogie. Hostile à cette évolution, le mouvement des enseignants des IUFM ne faiblit guère. Mais ne forcit pas non plus, n’emporte pas l’opinion. A cause d’enjeux mal compris, mal expliqués ? Ou d’une formation mal connue depuis la disparition des Ecoles Normales ? La conférence des directeurs d’IUFM se mobilise à son tour et une journée était organisée ce lundi partout en France (lire). A Lyon, portes ouvertes en cours. Et sur LibéLyon, petit cours de rattrapage en compagnie d’enseignants de l’IUFM de Lyon, pour ceux qui ne se seraient pas encore intéressés à ce mouvement important pour l’avenir de l’éducation. Ou pour ceux qui n’en comprendraient pas les enjeux...

Quelle formation actuellement ?

Pour l’instant, les professeurs postulants sont recrutés à la sortie de leur licence (bac + 3), puis une première année les prépare au concours. Ils y acquièrent les savoirs disciplinaires généralistes allant de la maternelle au CM2, tout en suivant des stages d’observation, puis de pratique accompagnée. A ce stade, ils se préparent déjà à leur métier, mais n’ont pas de responsabilité de classe. Puis au terme de cette première année, s’ils réussissent leur concours, ils suivent la deuxième année, en alternance cette fois. Deux tiers du temps à l’IUFM, un tiers en stage, où ils sont suivis, inspectés, conseillés par des collègues, des directeurs d"établissements, des universitaires. Cette deuxième année est payée. Elle comptera pour leur retraite. Ils sont déjà fonctionnaires, achèvent de se former complètement, de se préparer à enseigner, sans avoir à gagner leur vie.

Quelle formation demain ?

A partir de la rentrée, les enseignants, qu’ils se préparent au Capes ou à devenir professeurs des écoles, ne mettront plus les pieds dans des Instituts spécialisés. Ils seront formés à la fac, avec des étudiants qui préparant d’autres métiers liés à l’enseignement. Ils intègreront des filières de master 1 (première année après la licence). Mais ils y accèderont sans filtre, alors que les IUFM observent une sorte de numerus clausus, évitant de former beaucoup plus d’enseignants qu’il n’en faut. Au début de cette première année année de master, les étudiants passeront, le 15 septembre, les épreuves écrites d’admissibilité à l’année suivante, le master 2. Ils auront ensuite un an, s’ils réussissent le concours, pour préparer leurs oraux, programmés en mai, tout en suivant les mêmes cours d’acquisition des savoirs que leurs camarades de master 1. La dernière année ne leur sera plus payée. "Une forme de sélection sociale", estime Michèle Lusetti, enseignante à l’IUFM de Lyon.

L’enjeu des stages

Pour l’instant, les stages sont obligatoires et très encadrés à l’IUFM. Ils deviendront facultatifs, et payés (3.000 euros pour cent-huit heures). Ce qui pose deux problèmes distincts. "On pourra, dénonce Nicole Orthous, enseignante à l’IUFM de Lyon, terminer son master 2 sans avoir jamais mis les pieds dans une école." L’un de ses collègues, Michel Driol, ajoute : "Ceux qui n’auront pas de soucis matériels pourront prendre le temps de préparer leurs oraux en master 1 au lieu de faire des stages. Les autres seront en stage, mais ils travailleront réellement, sans avoir le temps d’étudier. Ils seront en responsabilité. Cela coûtera moins cher mais qui voudrait cela pour ses enfants ?" Verra-t-on dans les collèges des étudiants en master 1 remplacer au pied levé les professeurs malades, sous couvert de stages ? Troisième souci, logistique, les IUFM se chargeaient, avec les rectorats, de placer leurs stagiaires dans les écoles. Qu’en sera-t-il à la fac ? Devront-ils démarcher eux-mêmes les écoles ? Les postes administratifs des IUFM seront-ils transférés aux universités ?

Pour lire la suite.