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Revue de presse britannique sur la situation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche - 18 mars 2010

jeudi 18 mars 2010, par Elie

Merci à la personne qui nous envoie cette revue de presse anglaise et souhaite rester anonyme. Un ajout du jour, "University cuts are already a reality", article paru dans The Guardian

Deux liens signalés concernant les échos dans la presse britannique de l’évaluation des enseignants (6 avril 2010).

Après l’introduction de l’épreuve évaluant comment l’on doit se comporter en bon fonctionnaire, le ministère français ne pourrait-il pas introduire un entretien devant des membres de jury âgés de 11 ans ?

Children asking ’frivolous’ questions in teachers’ job interviews

Union considers industrial action to stop pupils’ questions that include : ’if you could be on Britain’s Got Talent, what would your talent be ?’

A lire sur le site du Guardian.

Et l’article sur le site du Times :

Pupils interviewing teachers for jobs and promotion


The Independent nous apprend que, coincés entre des universités en grève en permanence (sic) et des grandes écoles trop sélectives, les étudiants français commenceraient à préférer les études en Grande Bretagne, au moins pour 15.000 d’entre eux :

http://www.independent.co.uk/news/education/education-news/why-french-are-skipping-the-sorbonne-for-britain-1918362.html

Les dernières semaines ont vu un intérêt décuplé du patronat et du gouvernement pour l’université . La BBC nous annoncait déjà le 18 février que les effectifs des cours à vocation professionnelle (qui préfigurent une possible version anglaise de la licence professionnelle) avait crû de plus de 40% de 2007 a 2009,

http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8521911.stm

Les universités reçoivent d’ailleurs de très fortes injonctions à les développer de la part du secrétaire aux affaires Peter Mandelson, tutelle de l’université. Le seul hic est que ces cours sont un passage obligé pour les formations artistiques, qui sont actuellement de plus en plus demandées (pas vraiment l’objectif de Mandelson peut-être, mais l’article ne le dit pas).

Le 20 fevrier, c’est un article du Times que j’avais deja cité qui décrit l’échec complet des formations universitaires généralistes (hors universités de recherche intensive),

http://www.timesonline.co.uk/tol/comment/columnists/guest_contributors/article7034975.ece

Cet article donne le point de vue de la Confederation of Business Industry, qui trouve que leséetudiants britanniques manquent des capacités les plus élémentaires et qu’ils ne sont pas aptes aux emplois d’encadrement intermédiaires auxquels ils sont destinés. Ce point de vue (inaptes à la lecture, l’écriture, incapables de compter, peu ponctuesl et même desordonnés ! Bref, tous des sauvageons...) est repris le 10 mars dans un article du Guardian,

http://www.guardian.co.uk/business/2010/mar/10/tesco-director-slates-school-leavers

où s’expriment des dirigeants de Tesco et de Marcs et Spencer.

Le 11 mars, un reportage de The Independent sur la très professionnalisée université de Buckinghamshire,

http://www.independent.co.uk/news/education/higher/bucks-new-university-goes-into-business-with-industry-1919170.html

qui, malgré ça, n’est que 103e sur 113 du guide de l’enseignement supérieur du même journal. Cette séquence culmine avec la conférence des employeurs de diplômés, voir

- http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/article7055032.ece
- http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8556231.stm
- http://www.guardian.co.uk/education/2010/mar/09/abolish-50percent-target
- http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=410689&c=2

En bref, ils demandent la fin de l’objectif de 50% d’une génération au niveau licence et la fin de l’encadrement des droits d’inscription. L’argumentation se comprend bien dans une approche du type "économie de l’information", qui séparerait schématiquement la population étudiante en "prédéstinés bons" et "prédéstinés mauvais". L’objectif des 50% fait que le système éducatif ne permet plus de révéler qui sont les bons et qui sont les mauvais (le screening developpé par Stiglitz). Augmenter les frais d’inscriptions decourage les "prédéstinés mauvais" et recentre l’éducation sur les "prédéstinés bons" qui ne sont pas decouragés par les frais car ils savent qu’ils bénéficieront d’un bon retour sur investissement, tout en assurant l’équilibre financier du système. Une forme d’eugénisme qui, couplé avec le principe pré-faciste de subsidiarité, augure bien du type de sociétés à venir. L’approche capital humain du Chigago boy et très libéral Gary Becker fait presque pâle figure par rapport à ça !

La raison de cet intérêt pour les frais d’inscriptions tient à ce que les trois principaux partis politiques (conservateurs, liberal democrates et labour) seraient d’accord pour les augmenter après l’élection du parlement qui devrait se tenir en Mai. Une commission est mise en place pour étudier l’intérêt d’augmenter les frais d’inscriptions. Elle a d’ailleurs récemment constate que la mise en place des droits d’inscriptions en 2006 n’a pas découragé les étudiants de s’inscrire à l’université,

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=410850&c=2

Autre sujet d’inquiétude, le financement de la recherche, qui devrait subir des coupes à partir de 2011, mais qui surtout va faire l’objet d’importantes réformes structurelles,

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=410724&c=2

La séparation entre son financement récurrent et le financement sur projet serait en voie de disparition. Aussi inquiétante est la liste des organismes consultés pour les décisions financières, qui inclut le patronat (confederation of Business Industries, CBI).

Pour finir de noircir ce tableau, ce constat du Times qui nous informe que 50.000 bons lycéens n’arriveraient pas a trouver une place à l’université, du fait de la politique de la tutelle qui a sérieusement limité le nombre de places offertes,

http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/article7064771.ece

Cette politique ne laisse cependant pas complètement indifférent. Le licenciements de scientifiques éminents à King fait des vagues internationales,

- http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/article7052549.ece
- http://blogs.nybooks.com/post/437005501/britain-the-disgrace-of-the-universities

et la puissante UCU (syndicat de l’enseignement supérieur qui rassemble près de 100.000 membres) proteste

http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4488&from=4454

Cet article du Guardian sur le salaire des présidents d’universités (Vice Chancelors)

http://www.guardian.co.uk/education/2010/mar/14/university-heads-vice-chancellor-salaries

ne suggèrerait-t-il pas malicieusement que l’on pourrait s’attaquer à la crise de financement de l’enseignement supérieur en réduisant le salaires des managers ? Voir aussi

http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4493&from=4454

L’UCU propose aussi de taxer les entreprises pour résoudre ce problème plutôt que d’augmenter les frais d’inscriptions,

- http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8546273.stm
- http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4465&from=4454&start=21

Sur le terrain, ce sont des menaces de grèves un peu partout

- http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4479
- http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4483&from=4454
- http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4500&from=4454

ainsi que des occupations à Sussex, Manchester Metropolitan et Westminter,

http://www.stopthecuts.net/newsanalysis

Des coordinations se mettent en place et des sites web centralisent l’information : les anarchistes de stop the cuts

http://www.stopthecuts.net/main

les étudiants de la campagne contre les coupes budgétaires et les frais d’inscriptions

http://conventionagainstfeesandcuts.wordpress.com/

et les "activistes de l’éducation" (qui semblent souvent tres proches de l’UCU)

http://educationactivistnetwork.wordpress.com/

La tendance gauche de UCU reconnait d’ailleurs explicitement le besoin d’une coordination nationale,

http://www.uculeft.devisland.net/he-national-post-hesc-statement.html

mais l’analyse reste souvent un peu courte.

Les anarchistes de la petite IWA-AIT (la survivance de la première internationale des travailleurs) sont bien plus carrés et convaincants, avec cette analyse de la managerialisation de l’enseignement superieur du 9 décembre 2009,

http://brightonsolfed.wordpress.com/2009/12/09/sussex-uni-education-workers-defending-ourselves-against-cuts/

qui rappelle que si les managers de l’université ont besoin des enseignants-chercheurs et des personnels, la réciproque n’est pas vraie... Ces anarchistes se transforment aussi parfois en énarques pour proposer une analyse tranchantes des budgets de l’enseignement superieur,

http://www.solfed.org.uk/docs/ewn/ew-04.htm#01a