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Délivrance du doctorat de l’université de Grenoble : les doctorants pris en otage ! - Communiqué de presse du du collectif AGIR-PRES de l’Université de Grenoble - 20 avril 2010

mercredi 21 avril 2010, par Elie

Depuis la rentrée 2009, les doctorants ne sont plus rattachés à leur
université d’origine mais à l’« Université de Grenoble ». Pour rappel,
l’« Université de Grenoble » est la superstructure réunissant les cinq
établissements universitaires grenoblois, créée en catimini l’été
dernier pour assurer la « visibilité internationale » de la « recherche
d’excellence » grenobloise... L’argument principal employé par les
présidents pour faire accepter la mise en place de cet établissement
était sa nécessité pour la délivrance d’un doctorat unique « Université
de Grenoble », garantissant selon eux une meilleure visibilité à nos
diplômes... Foutaises : tandis que des thèses sont soutenues chaque
semaine, l’université de Grenoble délivre des doctorats alors qu’elle
n’en est toujours pas habilitée…

Le 8 février 2010, à l’issue du conseil d’administration (CA) du Pôle de
recherche et d’enseignement supérieur (PRES) « Université de
Grenoble », Farid Ouabdesselam, président fraîchement élu, annonçait sur
France 3 http://www.dailymotion.com/swf/xc5vzd "la mise en place d’un
doctorat pour l’université de Grenoble
", précisant qu’actuellement "on
délivre une thèse qui du coup a évidemment une autre lisibilité que les
thèse de chacun de nos établissements
". Le recteur de l’académie de
Grenoble, Jean Sarrazin, rappelait pourtant quelques minutes avant cette
intervention médiatique que "la loi prévoit que les établissements
d’enseignement supérieur doivent être habilités pour délivrer un diplôme
national, quel qu’il soit. A ce jour, les EPCS ne sont pas habilités à
délivrer le doctorat. En conséquence, le Recteur de Grenoble ne
contresignera pas les diplômes qui lui seraient transmis et qui
comporteraient la mention de délivrance par un établissement non
habilité, ce qui ferait grief à l’intéressé
" (Procès verbal du conseil
d’administration du PRES du 8 février 2010).

Lors du CA se tenant le 19 avril 2010, Farid Ouabdesselam s’est montré
moins enthousiaste, confirmant les propos du recteur : "sur ce point,
toujours sur la même incertitude, le ministère ne donne toujours aucune
réponse
". Autrement dit, l’université de Grenoble ne peut toujours pas,
au 19 avril 2010, délivrer de doctorat. Quid des thèses soutenues depuis
janvier 2010, délivrées par un établissement qui n’en n’a pas le droit ?

Dans un jeu de bras de fer entre les membres fondateurs de l’Université
de Grenoble et le ministère, les doctorants sont utilisés comme un
levier au mépris de la validité de leurs diplômes. Mais qu’est-ce que
quelques diplômes face à « Grenoble Université de l’Innovation », projet
de « pôle d’excellence » qui met en jeu partenaires publics et privés,
et plusieurs centaines de millions d’euros issus de l’Opération Campus,
devant être utilisés à des fins purement immobilières ?!

Le collectif Agir-PRES s’interroge : Jusqu’à quand va durer cette prise
d’otage des doctorants ? A quel moment les présidents d’université
vont-ils dire la vérité aux doctorants ?

Pour Agir-PRES, cette situation est intolérable et tout doit être mis en
oeuvre dans les plus brefs délais pour y remédier. Il existe bien un
moyen : il suffirait que Grenoble-INP, partenaire à part entière des
projets immobiliers de l’Opération Campus, accepte de transférer ses
écoles doctorales au niveau du PRES pour que le ministère daigne enfin
autoriser le PRES a délivrer des diplômes… Ce qu’il refuse catégoriquement !

Comme l’a indiqué son Administrateur Général Paul Jacquet le 19 avril
2010, "Grenoble-INP ne délivre pas la thèse université de Grenoble
mais une thèse de l’G-INP avec une mention Université de Grenoble
" afin
de "conserver le rang de l’établissement dans les classements
internationaux et dans les médias
". "C’est un problème grave" lui a
rétorqué Farid Ouabdesselam, "On est tous dans l’illégalité (...) On
est ridicule !
" a indiqué de son côté la présidente de l’université
Stendhal avant de mettre en garde le conseil d’administration du PRES :
"Moi si ça continue, on se rapatrie dans notre modeste cercle de
Stendhal"
. Le président de l’UPMF demande quant à lui "la
désinscription des étudiants de l’G-INP de l’université de Grenoble
".
Interpellé à plusieurs reprises, le recteur d’académie est resté cette
fois-ci muet. Belle cacophonie au sein du PRES de l’université de
Grenoble, qui se targue pourtant d’une unité sans faille...

Le collectif Agir-PRES constate avec amertume que lorsqu’il est
question de centaines de millions d’euros, les présidents des
universités savent bien se mettre d’accord (Opération Campus et Emprunt
National), Mais lorsqu’il s’agit de s’accorder pour délivrer un diplôme
commun, c’est la guerre ouverte. Sous couvert d’excellence, l’Université
de Grenoble n’est en fait que le lieu de tractations financières et de
compétition. Cette attitude confirme ce que le collectif Agir-PRES
affirme depuis plusieurs mois : le PRES de l’université de Grenoble n’a
pas été créé pour favoriser la coopération universitaire, tant au niveau
de l’enseignement que de la recherche. Il est urgent que les choses
changent !