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Au PS aussi, certains songent à augmenter les droits d’inscription dans les universités

mercredi 5 mai 2010, par Elie

Sur le site "Répondre à gauche" de François Hollande, on trouve la contribution ci-dessous intitulée "Relever le financement des études supérieures de façon plus redistributive, c’est possible !" écrit par Rémi Branco, Vincent Charlon et Clément Prunières.

En France, tout se passe comme si l’université n’existait pas. La récente polémique sur les quotas de boursiers dans les grandes écoles est une fois de plus révélatrice du tropisme du débat politique vers l’élite de ses étudiants, soit une très petite minorité d’entre eux. Lorsqu’on l’évoque, c’est pour critiquer une fois de plus la sempiternelle dévalorisation de ses diplômes, pointer non sans raison l’échec massif des étudiants en licence ou déplorer, hélas, la vétusté de ses bâtiments.

Ce manque d’ambition pour l’université ainsi que les difficultés qu’elle rencontre ne doivent pas nous surprendre si l’on observe l’effort budgétaire qu’y affecte la nation. En 2005, la dépense moyenne par étudiant à l’université est de 7210 euros, contre 10000 pour un lycéen, 10890 pour les IUT et 13960 pour les classes préparatoires aux grandes écoles.

Si l’on veut réussir le pari de la connaissance, l’une des priorités de la gauche doit consister à renforcer les moyens de l’enseignement supérieur et à les répartir plus équitablement.

Cependant, l’état actuel et futur des finances publiques contraint fortement nos marges de manœuvre budgétaires. Or, nous savons que l’effort en matière d’éducation devra être orienté en priorité vers la réduction des inégalités en amont, dès la petite enfance jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire.

Pour être efficace, le financement de l’université doit passer par un effort accru de ses bénéficiaires à travers le relèvement sensible des droits de scolarité.

Pour être juste, cet effort doit être modulé en fonction des moyens de chacun. Dès lors, deux orientations sont possibles :

- Tenir compte des critères de revenus présents : il s’agirait donc de moduler les frais d’inscription en fonction des revenus des parents.

- Tenir compte des revenus à venir : Il s’agirait de mettre en place une nouvelle forme de prêt étudiant à taux nul ou faible, accessible à tous. L’étudiant ne rembourse ce prêt qu’a posteriori, en cas de succès dans ses études, par une majoration temporaire de l’impôt sur le revenu (si celui-ci dépasse un certain seuil).

Ce dispositif constituerait une forme de contrat entre l’Etat, l’université et l’étudiant.

L’expérience, menée en Australie depuis une vingtaine d’années s’est avérée concluante. La quasi-totalité des étudiants a pu rembourser son prêt, la collectivité n’ayant eu qu’à financer le taux d’intérêt. De fait, ce système a permis de relever le financement de l’enseignement supérieur sans peser sur les finances publiques. Son caractère redistributif a également contribué à démocratiser des études supérieures et à faciliter l’insertion professionnelle des étudiants grâce aux nouvelles ressources perçues par l’université.

Voici l’article du Monde, résumant les propositions du site de François Hollande.

François Hollande écrit son contrat de l’après-crise, qui paraîtra sous forme d’un fascicule en juin. Sur les rangs pour les primaires qui sélectionneront le candidat socialiste à la présidentielle de 2012, le député de Corrèze présente, mardi 4 mai, son pacte éducatif. Le troisième de la série, après un pacte de redistribution - portant sur la fiscalité - et un pacte productif qui s’intéresse au développement de l’économie française.

En matière éducative, l’ancien premier secrétaire du PS a élaboré une architecture qui prend l’enfant au berceau et l’accompagne jusqu’aux portes de l’entreprise. Pour M. Hollande, en effet, l’école commence très tôt. "Tout enfant à partir de deux ans doit pouvoir être pris en charge par une école maternelle", plaide celui pour qui "la lutte contre l’échec scolaire doit d’abord être portée sur l’école maternelle et le primaire". Dans son pacte, l’accent est donc mis sur l’apprentissage de la langue et la maîtrise de la lecture ; le tout doublé d’un suivi plus serré des élèves en difficulté. Au point qu’il préconise même d’abandonner les redoublements, dont, dit-il, "le caractère bénéfique n’est pas démontré".

Depuis des mois, François Hollande travaille son sujet, persuadé qu’"un système scolaire performant contribue à améliorer la richesse du pays, mais aussi à en réduire les inégalités". Il a beaucoup lu, consulté et s’est construit sa propre philosophie de l’éducation. Théorie librement inspirée des thèses de quelques sociologues : François Dubet et Marie Duru-Bellat, qui pensent que l’école française fabrique des inégalités et de l’exclusion, ou Eric Maurin, qui a popularisé la notion de déclassement. Des thèses qu’il a enrichies des leçons internationales d’Eric Charbonnier, spécialiste du sujet pour l’OCDE.

François Hollande est aujourd’hui convaincu que plus une école est capable de garder longtemps l’ensemble d’une génération, plus elle est juste. Aussi prône-t-il de favoriser la réussite dans l’enseignement supérieur des lycéens technologiques ou professionnels. "Une place leur serait réservée dans les sections de techniciens supérieurs (STS) et les instituts universitaires technologiques (IUT), où ils ont plus de chances de réussir qu’à l’université."

"Bonifications de retraites"

Cette dernière pourrait voir ses premières années ouvertes à plus de pluridisciplinarité et chaque étudiant pourrait prétendre à un système d’allocations publiques. "Notre enseignement supérieur est antiredistributif. Les étudiants issus des milieux les plus privilégiés sont aussi ceux qui bénéficient le plus du système", regrette M. Hollande.

"A court terme, compte tenu de l’état de nos finances publiques, cette aide pourrait prendre la forme d’un emprunt garanti par l’Etat. C’est déjà une aide. Cela permettrait d’augmenter les frais d’inscription de nos universités pour leur permettre de se développer", ajoute-t-il.

Dans ce pacte, les enseignants ne sont pas oubliés. François Hollande prône l’arrêt des suppressions d’emplois et rappelle qu’il convient de "leur donner la formation initiale et continue nécessaire au bon exercice de leur fonction". Coup de griffe en passant au gouvernement qui est en train de jeter la formation des profs avec l’eau du bain des Instituts de formation des maîtres (IUFM). Et très dans l’air du temps, l’ex-premier secrétaire du PS propose "des bonifications de retraites aux enseignants qui optent pour les établissements difficiles". Bonifications octroyées dans le cadre de la pénibilité.

Sur le Web : http://www.repondreagauche.fr.

Maryline Baumard