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Vers une société de marché ? par Florence Faucher-King et Patrick Le Galès, La Vie des Idées, 6 mai 2010

mardi 11 mai 2010, par Martin Rossignole

A l’heure où l’actualité universitaire européenne est dominée par les projets de réorganisation en Grande-Bretagne, il n’est pas inutile de réfléchir sur l’héritage des années Blair-Brown. Florence Faucher-King et Patrick Le Galès analysent notamment la façon dont le modèle du marché a envahi la conception des politiques publiques. Vers une société de marché ? C’est-à-dire une société au sein de laquelle les principes de l’économie de marché orientent et contraignent les comportements des organisations et des individus.

En bas de la page lien vers l’article de Patrick Diamond et Roger Liddle qui souhaitent eux contribuer à une redéfinition du rôle de l’Etat.

A la veille des élections du 6 mai 2010, le New Labour est épuisé intellectuellement, comme mode de gouvernement, et comme parti. Empêtré dans ses contradictions, toujours au poste pour gérer la crise, Gordon Brown traîne son impopularité et plombe par sa présence même les chances de son parti, sans que celui-ci ait pu le convaincre de laisser sa place. La lassitude des Britanniques après treize ans de réformes se lit dans leur désaveu du monde politique en général, et dans les sondages qui depuis des mois annoncent une défaite des travaillistes. Ces derniers trahissent néanmoins les hésitations des électeurs, tant les conservateurs, malgré les talents de communicateur de David Cameron, ne parviennent pas tout à fait à convaincre. Quel que soit le vainqueur des élections, les prochaines années seront consacrées en Grande-Bretagne à mettre en œuvre des coupures budgétaires drastiques pour limiter un déficit très important, dû à la politique volontariste de Brown pour répondre à une crise économique et financière plus dure en Grande-Bretagne que sur le continent. Le débat électoral reprend des couleurs traditionnelles lorsque les conservateurs se font les champions de la réduction du déficit et reçoivent le soutien du monde des affaires. Les travaillistes, qui ne se présentent plus comme « New labour », retrouvent à l’inverse des accents populaires en promettant des changements (encore et toujours) qui préservent les aspirations sociales et le début de reprise économique.

L’État activiste et le marché

Pendant ses treize années au gouvernement, le New Labour a été caractérisé par un projet politique qui a contribué à l’émergence de ce que Karl Polanyi appelait une « société de marché [1] », c’est-à-dire une société au sein de laquelle les principes de l’économie de marché orientent et contraignent les comportements des organisations et des individus [2]. Si, en héritiers d’une tradition sociale-démocrate, ils s’intéressent à l’organisation de la société, à l’ingénierie, au contrôle ainsi qu’aux technologies, ils acceptent aussi l’économie de marché et utilisent comme référence constante les choix des citoyens consommateurs et les mécanismes de concurrence. Enthousiasmés par les effets positifs du marché sur le dynamisme économique et obnubilés par la volonté de se distinguer du vieux Parti travailliste, les néotravaillistes ont perdu tout sens critique à l’égard des effets pervers ou inattendus du marché sur la société. Or une société qui est régulée par les mécanismes de marché met de la pression sur les individus, crée des inégalités plus marquées et des tensions sociales.

Pour lire la suite sur le site de la Vie des Idées

On pourra aussi lire cette contribution à une redéfinition du rôle de l’Etat toujours à propos de la Grande Bretagne et du New Labour par Patrick Diamond et Roger Liddle