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Lettre de la CPU n° 55 - 15 octobre 2010

vendredi 15 octobre 2010, par Mathieu

Pour lire la lettre sur le site de la CPU.

Edito : La CPU rencontre les principales confédérations de salariés

Compte tenu de l’ampleur des changements en cours dans les universités, et parce qu’elle mesure l’importance du dialogue social et le rôle qu’il doit jouer dans les évolutions de nos établissements, le Bureau de la CPU organise des rencontres avec les principales confédérations de salariés représentatives (CGC, CGT, CGT-FO, CFDT, CFTC, FSU, UNSA).

Les réflexions menées au sein des confédérations syndicales sont au cœur des grandes évolutions économiques et sociales de notre pays. C’est sur le long terme que vont être définis le rôle des universités dans la société et l’économie de la connaissance, leurs liens avec les entreprises, leur rôle dans la formation tout au long de la vie, leur place en matière de recherche et d’innovation.

Ces premières rencontres auront lieu entre la deuxième quinzaine du mois d’octobre et le mois de novembre. Les confédérations ont été bien entendu invitées à associer à leur délégation, si elles le souhaitaient, les fédérations et syndicats qui les composent et qui sont présents dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Comment aller plus loin dans les classements des universités ?

CPU Infos s’est entretenu avec Ghislaine Filliatreau, directrice de l’Observatoire des Sciences et des Techniques (OST), des classements dans l’enseignement supérieur et la recherche, et de leur récente évolution. Retour sur un phénomène en passe de devenir un outil incontournable.

Le classement de Shanghai est devenu un classique du calendrier universitaire mais que se passe-t-il aujourd’hui avec Thomson et Le Monde d’un côté, Elsevier et Le Nouvel Observateur de l’autre ?

Les classements sont en diversification très rapide et l’implication des industriels de l’information est forte. Deux des classements à visée internationale actuellement en développement impliquent Elsevier [1] et Thomson Reuters [2]. Elsevier est passé d’éditeur de revues scientifiques à gestionnaire d’une base de données et opérateur de classement avec le « QS world universities ranking ». Thomson Reuters a débuté comme fournisseur d’une base de données bibliométriques réputée (Web of Science) et travaille aujourd’hui avec le « Times Higher Education Ranking ». La concurrence est forte pour obtenir d’être la référence incontournable et ainsi rentabiliser ses investissements. D’où les critiques d’Elsevier sur le travail de Thomson Reuters et inversement. D’où aussi la pression exercée sur les universités cet été par ces deux opérateurs pour que ces dernières leur donnent les informations qui devaient permettre à chacun d’élaborer son classement. D’où, enfin, l’association en France de ces opérateurs avec deux grands médias comme Le Monde et Le Nouvel Observateur qui leur donnent une forte audience.


N’assistons-nous pas à une évolution rapide des modalités et des objectifs des classements ?

Les besoins sont croissants, multiples et changeants. Les classements ne vont probablement pas cesser de jouer un rôle pour des publics très divers : les étudiants, les familles, les salariés, les entreprises, les publics internes aux établissements, les étudiants étrangers, ou encore les décideurs.
Le classement de Shanghai, paru pour la première fois en 2003, a mis en évidence la possibilité de comparer entre eux les établissements du monde entier mais a été rapidement contesté en raison de ses faiblesses méthodologiques, et en particulier du primat accordé à la recherche (qui est la plus facile à résumer en données quantitatives à portée internationale, au moins en sciences de la matière et de la vie).
Les classements doivent cesser d’être considérés comme des outils permettant de dire qui est « meilleur » que qui. Ils doivent être conçus et utilisés comme des outils descriptifs d’information et d’orientation. Les classements actuels devienennt donc multicritères et personnalisables, c’est-à-dire adaptables à chaque attente.

Où en est l’Europe et la France sur ce point ?

En Allemagne, le Centre for Higher Education development (CHE) a développé depuis plusieurs années, au niveau national, un classement qui a été le prototype des classements personnalisés et multicritères.
L’Europe, et donc la France [3], teste depuis le début de l’année « U-Multirank ». Il s’agit d’un classement européen qui vise, non pas à dresser un simple palmarès, mais bien à cartographier l’excellence de l’enseignement supérieur et de la recherche, en respectant l’approche multidimensionnelle, le principe de pertinence, l’exigence de qualité et l’indépendance de l’opérateur. Dans une première étape, la faisabilité est testée sur les domaines des sciences de gestion et sciences de l’ingénieur. Ce classement est orienté en priorité vers les étudiants et leurs familles mais peut concerner d’autres publics puisqu’il est paramétrable. L’objectif est de mettre en place un outil de classement innovant qui permettra d’identifier et de quantifier des critères d’excellence multiples en lien avec les besoins de différents publics.

Pour conclure, quels conseils donneriez-vous aux universités en la matière ? Que conseillez-vous à la CPU et aux présidents ?

Les outils de classements ne peuvent plus aujourd’hui être ignorés. Il ne s’agit plus de se demander si l‘on veut être évalué et apparaître dans ces classements mais bien de se donner les moyens de peser sur ces classements et mieux nous montrer tels que nous voulons l’être, dans toute notre diversité. C’est en s’impliquant que l’on apprend mais aussi que l’on peut mettre en avant un certain nombre de réalités.
Les classements peuvent également être considérés comme un outil de pilotage. C’est ce qui se passe en Allemagne où les établissements sont incités à valoriser particulièrement les éléments qui entrent dans les critères du classement CHE.
Les systèmes d’informations des établissements d’enseignement supérieur constituent aujourd’hui une source d’information encore trop peu exploitée. Les établissements doivent progresser vite en ce domaine pour fournir aux opérateurs de bases de données et de classements des informations plus précises, diverses et pertinentes que celles qu’ils utilisent actuellement.
Dans ce cadre, l’OST pourrait se proposer pour créer un entrepôt de données fiables, comparables et certifiées, qui serait nourri par les établissements. Les opérateurs de classements pourraient, sur autorisation, y puiser leurs données sur les formations, la vie étudiante, la professionnalisation, etc.

Forum franco-russe des Recteurs et Présidents d’établissements d’enseignement supérieur

Initiative conjointe de la Conférence des Présidents d’Université (CPU) et de l’Union des Recteurs de Russie (URR), en partenariat avec l’Ambassade de France en Russie, un Forum franco-russe, réunissant Présidents et Recteurs d’Université, s’est déroulé les 7 et 8 octobre à l’Université d’Etat de Moscou Lomonossov (MGU).
Inscrit dans le cadre de l’Année Croisée France-Russie et inauguré par Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et son homologue russe, Andreï Foursenko, cet événement a permis de faire le point sur les actions de coopération entre les établissements des deux pays et de favoriser le dialogue inter-conférences.

Plus d’une soixantaine d’établissements russes et français étaient représentés. Côté russe, la délégation (Universités d’Etat, Universités fédérales et Académies) était conduite par Viktor Sadovnitchi, Président de l’Union des Recteurs de Russie, Président de l’Université d’Etat de Moscou-Lomonossov. Côté français, Jacques Fontanille, Vice-Président de la CPU, Président de l’Université de Limoges ; Jean-Pierre Gesson, Président de la Commission des relations internationales et européennes de la CPU, Président de l’Université de Poitiers ; Françoise Moulin-Civil, Présidente de l’Université de Cergy-Pontoise et Alain Brillard, Président de l’Université de Haute-Alsace, représentaient la CPU.

Organisés sous forme de table-ronde successives, les échanges ont notamment porté sur l’autonomie et les modalités de financement des établissements ; l’analyse comparative des PRES et des Universités fédérales et nationales russes ; les classements internationaux ; l’interaction des universités françaises et russes dans le contexte du LMD ; les diplômes conjoints et enfin la question délicate des cotutelles de thèse.

Destinée à des contacts inter-établissements plus spécifiques sur les coopérations dans le domaine des SHS et des Sciences exactes, la deuxième journée a été l’occasion d’annoncer la poursuite des réflexions sur plusieurs points sensibles.
Des solutions concrètes devraient ainsi être apportées à l’équivalence problématique entre la licence française et la licence russe en 4 ans (Bakalavr) ; au financement équitable des masters conjoints ; à l’équivalence entre le doctorat russe et le doctorat français qui n’est pas effective malgré la signature d’un accord franco-russe de reconnaissance mutuelle du diplôme de doctorat en 2003 ; et enfin à l’aménagement des soutenances de thèse en cotutelle en Russie par la mise en place de jurys mixtes réels.

Evénement majeur dans le cadre de l’Année croisée, ce forum a permis de mesurer l’étendue et la portée des problèmes que les universités russes, comme les universités françaises, rencontrent dans les grands processus de réforme engagés par leurs ministères respectifs, et notamment, pour la partie russe, les difficultés de gouvernance suscitées par la fusion de nombreux établissements au sein des sept universités fédérales régionales, ainsi que la marginalisation inquiétante de l’ensemble du secteur SHS dans la récente sélection des « universités de recherche » qui ont été labellisées sur l’ensemble du territoire russe.

Le forum a également été l’occasion de la signature d’une déclaration d’intention entre la CPU et l’Union des Recteurs de Russie pour la mise en place d’une coopération bilatérale active.

Les bibliothèques à l’heure de l’autonomie des universités

Confiée à l’Inspection Générale des Bibliothèques par Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, une mission de réflexion a été menée sur la nécessaire adaptation des bibliothèques interuniversitaires aux évolutions du contexte, que ce soit l’accès des universités aux responsabilités et compétences élargies, l’expansion massive des usages numériques ou encore la recomposition du paysage universitaire.

La CPU a mandaté le Président de la Commission Pédagogie et Formation Continue, Daniel Filâtre, le Président de la Commission Recherche et Innovation, Axel Kahn, et le Président de la Commission du Règlement et de la Législation, Louis Vogel, pour la représenter au sein du groupe de travail créé à cet effet et représentant l’ensemble des partenaires concernés (le Vice-chancelier des universités de Paris, l’IGAENR, la DGRI, la DGESIP, la CPU, l’Association des directeurs généraux des services, l’ADBU).

A l’issue de ces travaux, qui devraient déboucher très prochainement sur un rapport d’étape soumis aux membres du groupe, on est en mesure de dégager quelques principes et points saillants autour desquels devrait s’articuler la réforme des bibliothèques, notamment interuniversitaires.

Les participants au groupe de travail ont unanimement souligné la nécessité de solutions plurielles, adaptées à la diversité des contextes, surtout en regard de la complexité et de la spécificité de la situation francilienne. Par exemple, a été longuement débattue l’hypothèse de recourir, dans certains cas, à la formule de l’établissement public administratif, à la condition de se doter d’une formule juridique appropriée pour conjurer le risque de coupure avec les universités. Si ce type de configuration peut offrir un débouché opérationnel pour certaines bibliothèques parisiennes aux thématiques spécialisées, la logique territoriale prévaut encore largement ailleurs et le PRES apparaît le plus souvent comme le lieu naturel de coopération universitaire en matière documentaire, comme dans d’autres domaines, même s’il est doté de missions très variables d’un lieu à l’autre et que l’impossibilité légale de lui affecter directement des emplois limite son caractère opérationnel.

Par ailleurs, sans fermer la possibilité d’une pluralité des formules, l’imbrication forte effective entre bibliothèques universitaires et bibliothèques interuniversitaires commande que l’on ne rédige qu’un seul décret régissant les deux types d’entités.

Bien que révisé, le mode de financement des bibliothèques interuniversitaires dans le cadre du modèle SYMPA ne donne pas encore toute satisfaction : le critère démographique, actuellement retenu, devra être affiné notamment pour tenir compte des bibliothèques très spécialisées qui attirent au-delà de leur territoire.

En dernier lieu, et de façon plus générale, les dispositions nouvelles prévues dans le projet de texte visent à une meilleure intégration de la politique documentaire dans la stratégie de l’université, à un lien renforcé entre prestataires et usagers, et à un positionnement de la documentation comme une activité complètement intégrée à la recherche et à la formation.

L’ensemble de ces mesures devraient concourir à jeter les bases d’un système documentaire radicalement rénové, apte à relever les défis d’aujourd’hui.

Contrats quinquennaux

Le Bureau de la CPU se félicite de la décision de la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recheche de faire évoluer la durée des contrats signés entre les Universités et l’Etat, de quatre à cinq ans.

La CPU demande néanmoins que cette mesure, qu’elle appelle de ses vœux depuis longtemps, ne soit pas appliquée sans prendre le temps de la concertation avec les établissements, pris un par un, pour envisager tous les problèmes que cette mesure entraine à court terme, et les résoudre.

Les conseillers d’établissement devraient pouvoir jouer un rôle essentiel sur ce sujet.

Brèves de séance

La CPU a tenu sa séance plénière du mois d’octobre : retrouvez un résumé des sujets à l’ordre du jour sur notre site internet.


[1Elsevier est une maison d’édition hollandaise, leader mondial dans les domaines des sciences, des technologies et de la santé. Elle publie environ 2000 revues spécialisées.

[2Thomson Reuters est une agence de presse nord-américaine spécialisée dans l’information et la mise à disposition d’outils stratégiques à destination des professionnels.

[3L’OST est membre du réseau qui élabore le classement U-Multirank