Accueil > Revue de presse > Les étudiants britanniques se révoltent contre des études hors de prix - (...)

Les étudiants britanniques se révoltent contre des études hors de prix - Mathieu Magnaudeix, Mediapart, 27 novembre 2010

samedi 27 novembre 2010, par Wilde, Oscar

Les Britanniques n’avaient pas vu une telle mobilisation étudiante depuis bien longtemps. Depuis deux semaines, la contestation dans les universités prend de l’ampleur outre-Manche. Motif de la colère : la possibilité d’un doublement, voire d’un triplement des frais de scolarité dans les universités publiques. Une mesure-choc, qui va de pair avec les coupes drastiques du budget des université annoncées dans le cadre du vaste plan d’austérité de 81 milliards de livres (95 milliars d’euros) d’ici à 2015 rendu public en octobre par la coalition libérale-conservatrice au pouvoir depuis six mois, et dont l’objectif est de juguler l’immense déficit public – 10%, le plus élevé en Europe, après l’Irlande (même si le Royaume-Uni n’est pas dans l’euro).

Face à ces mesures radicales (aides au logement et aux familles entaillées, report de suppression de 500.000 postes dans la fonction publique, ministères forcés de rogner 19% de leurs dépenses...), les grands syndicats de salariés commencent tout juste à réagir. Les étudiants, eux, ont pris le devant. Et inquiètent l’establishment depuis que, le 9 novembre, une manifestation contre la hausse des frais de scolarité (« tuition fees ») a dégénéré, plusieurs manifestants envahissant la tour Millbank, siège londonien du parti conservateur du premier ministre David Cameron.

Mercredi 24 novembre, pour la deuxième journée d’action, plusieurs « dizaines de milliers » de jeunes selon le quotidien de centre-gauche The Guardian ont manifesté un peu partout dans le pays, à Manchester, Liverpool, Sheffield, Cambridge, Leeds, Brighton, etc. D’autres ont organisé des sit-in, occupé des amphithéâtres ou des bâtiments universitaires. Sur son site web, le Daily Telegraph dresse la liste (non exhaustive) des actions dans les plus grandes villes... « Le mouvement a été si disparate qu’il est difficile de mesurer le nombre exact de participants », explique The Guardian.

Mercredi soir, la télévision a diffusé en boucle les images d’un camion de police pris à partie en pleine manifestation londonienne, et 41 étudiants ont été arrêtés. Ces scènes effraient les tabloïds et la presse conservatrice, prompte à assimiler les étudiants à des « émeutiers », dénonçant la « violence » du mouvement, qui reste pourtant marginale.

© Sky News

La police mise en cause

Le mouvement semble parti pour durer. Vendredi, les occupations se poursuivaient dans au moins neuf universités, chroniquées en temps réel sur le site internet du Guardian (et sur des sites militants comme Anticuts). Les blogs fleurissent, appelant à l’action dans telle ou telle université (l’University College de Londres, les étudiants de Cambridge...). Vendredi, la permanence londonienne d’un député libéral qui s’était dit, lors de la campagne électorale (comme son parti d’ailleurs), opposé à toute hausse des frais de scolarité avant les élections de juin, a été occupée. A Oxford, les étudiants ont prévu une nouvelle « grosse manifestation » samedi. Une nouvelle journée, la troisième en trois semaines, est prévue mardi 30 novembre dans tout le pays, à l’appel d’organisations comme le NCAFC (National Campaign Against Fees and Cuts), qui entend peser à la fois contre la hausse des frais de scolarité et les mesures d’austérité. Sur la page Facebook de l’événement, 19.000 participants sont déjà annoncés. « Il faut craindre mardi des affrontements violents dans les villes de notre pays », s’inquiète The Independent. Une autre journée pourrait être programmée en décembre, quand la loi sur les frais de scolarité sera examinée au Parlement.

Pour lire la suite sur le site de Mediapart