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Promouvoir l’excellence (NDLR : "ce qu’il y a de meilleur") à l’université - Discours de V. Pécresse devant les 150 membres de la 20e promotion de l’IUF, 3 décembre 2010

vendredi 3 décembre 2010, par Chabadabada

Pour lire cette pénible et lassante prose sur le site du ministère.

Valérie Pécresse a installé les 150 membres de la 20ème promotion de l’Institut universitaire de France. La ministre a rappelé que les membres de l’Institut bénéficient désormais d’une dotation de 20 000 euros pour financer leurs travaux et renforcer leurs équipes, une dotation à laquelle vient s’ajouter la prime d’excellence scientifique dont elle a souhaité porter le montant à minimal à 6000 euros pour les membres juniors et à 10 000 euros pour les seniors.

Ce soir, nous nous retrouvons en Sorbonne, dans ce grand amphithéâtre qui a vu se succéder des générations d’étudiants et de grands professeurs, pour célébrer ensemble, avec un peu d’avance, les 20 ans de l’Institut universitaire de France et installer sa 20e promotion.
Concilier enseignement et recherche

Concilier enseignement et recherche

Ce lieu symbolique ne doit rien au hasard. Vous avez voulu, chère Marie-Claude Maurel, non seulement fêter dignement l’anniversaire de l’institution que vous administrez, mais surtout marquer l’enracinement de l’IUF dans l’université française.

Je ne peux que souscrire à cet engagement. Car la vocation de l’IUF, c’est non seulement de reconnaître l’excellence, mais aussi de permettre aux talents qui ont grandi dans nos universités de continuer à s’affirmer dans ces mêmes enceintes universitaires.

La démocratisation de notre enseignement supérieur a, je le sais, exigé beaucoup de nos enseignants-chercheurs. Pour répondre aux besoins d’étudiants de plus en plus nombreux et de plus en plus différents, chacun d’entre vous a du consacrer une part croissante de son temps à l’enseignement, mais aussi à l’accompagnement de vos étudiants et ce en plus de vos travaux scientifiques.

Cet engagement fait la noblesse du métier et de la vocation des universitaires de notre pays, qui contribuent non seulement au progrès des savoirs, mais transmettent aux étudiants le goût de la science en marche.

Et c’est cet engagement, votre entrée au sein de lI.U.F. vient également la reconnaître, en vous offrant davantage de temps et davantage de moyens pour mener à bien vos projets de recherche tout en poursuivant vos activités d’enseignement.

C’est tout le sens de la dotation de 20 000 euros dont bénéficient désormais les membres de l’Institut pour financer leurs travaux et renforcer leurs équipes, une dotation à laquelle vient s’ajouter la prime d’excellence scientifique dont j’ai souhaité porter le montant à minimal à 6000 euros pour les membres juniors et à 10 000 euros pour les seniors.

J’ajoute, car je suis très attachée à ce principe, que si les lauréats de l’IUF bénéficient d’une décharge d’enseignement, celle-ci reste partielle pour garantir à nos étudiants qu’ils resteront au contact de nos meilleurs enseignants-chercheurs.

Ma conviction profonde, c’est que la tension que vous ressentez parfois entre votre activité d’enseignement et vos travaux de recherche se dénoue à l’échelle d’une carrière : dans une vie d’universitaire, il est des moments où l’on peut se consacrer largement à l’enseignement. C’est une nécessité absolue, car ce qui fait le prestige et l’identité de l’université, c’est la rencontre, dans une salle de TD ou dans un amphithéâtre, des étudiants avec de grands professeurs qui sont aussi de grands chercheurs.

Mais il est aussi d’autres moments où un universitaire éprouve le besoin, parfaitement légitime, de pouvoir se consacrer avec plus d’intensité encore à ses travaux. Et le rôle de l’Institut universitaire de France, c’est de répondre à ce besoin aux différentes étapes d’un parcours personnel, qui s’inscrit toujours dans l’aventure d’une équipe et d’un établissement.

Une chose est certaine : membres juniors ou membres séniors, vous vous êtes déjà beaucoup investis dans la vie de votre université. Votre entrée à l’IUF ne marque pas la fin de cet engagement, bien au contraire, elle vous offre la possibilité de l’accentuer et de le poursuivre sous d’autres formes.

Et c’est parce que je sais que cette possibilité vous est précieuse et qu’elle est source de dynamisme et de rayonnement accrus pour vos équipes et vos établissements que j’ai fait le choix d’augmenter, depuis 2008, le nombre de lauréats de l’IUF sélectionnés chaque année.

Ce sont désormais 150 nouveaux membres qui promotion après promotion rejoignent vos rangs : c’est un signe très net de notre volonté de placer l’université au cœur de notre système de recherche, en permettant aux enseignants-chercheurs de construire des parcours où leurs missions se conjuguent de manière souple et harmonieuse.
L’IUF au service du rayonnement des universités et de la recherche

L’IUF au service du rayonnement des universités et de la recherche

C’est pourquoi l’Institut universitaire de France n’est pas seulement un cadre qui reconnaît l’excellence individuelle et qui lui permet de s’exprimer. C’est aussi une institution au service de nos universités et de notre système de recherche.

De nos universités, tout d’abord : chacun le sait, la recherche relève d’une double logique, à la fois individuelle et collective. Car vos travaux, Mesdames et Messieurs les lauréats, expriment la créativité et l’inventivité qui sont les vôtres, mais ils sont aussi le fruit de rencontres et d’échanges permanents avec l’ensemble de la communauté scientifique et, en premier lieu, avec les équipes auxquelles vous appartenez.

La recherche est aussi une aventure collective et c’est pour cela que votre entrée à l’IUF est aussi une reconnaissance et un atout pour vos équipes et vos universités. Pour les unes comme pour les autres, c’est un motif de fierté et je suis très heureuse, Madame l’administratrice, que vous ayez pris l’initiative d’établir et de présenter une cartographie des membres de l’IUF.

Les cartes que venez de nous présenter dessinent les contours de la France de l’excellence scientifique. Elles démontrent que l’excellence est partout et dans toutes les disciplines : partout sur notre territoire, tout d’abord, et les cartes que vous venez de projeter le démontrent. Dans toutes les disciplines, ensuite, et je suis particulièrement heureuse de constater que les sciences humaines et sociales occupent toute leur place dans les promotions successives de l’IUF.

Et j’y vois pour ma part un signe très positif : les enseignants-chercheurs de notre pays se sont pleinement appropriés l’IUF, et je m’en réjouis.

Car plus que jamais, poser sa candidature à l’IUF doit devenir un réflexe naturel pour les enseignants-chercheurs et une étape logique dans un parcours scientifique d’excellence. La variété des profils des lauréats le montre : rien n’est plus absurde que de céder à une quelconque forme d’inhibition.

Des règles sont là pour garantir non seulement le respect de grands équilibres géographiques et disciplinaires, mais aussi – et elles ont été renforcées à ma demande – la transparence des évaluations et des procédures.

Je souhaite donc qu’au sein de chaque établissement et de chaque équipe, nul n’hésite plus à susciter et à encourager les candidatures. C’est naturellement le rôle des présidents et des responsables d’équipes, qui peuvent faire d’une candidature à l’IUF un élément de gestion dynamique de leurs ressources humaines et d’affirmation de leur excellence scientifique.

Mais, Mesdames et Messieurs, ce rôle, c’est aussi le vôtre : en entrant à l’IUF, vous devenez membre d’une communauté qui se renouvelle année après année et qui a vocation à essaimer. Je sais, Madame l’administratrice, que vous souhaitez affirmer le rôle de réseau de l’IUF et que vous en avez fait un élément déterminant de votre stratégie.

Vous donnez ainsi tout son sens à la formule traditionnellement utilisée pour qualifier l’IUF, dont on dit toujours qu’il est « une institution sans murs ». Eh bien, cette formule doit prendre tout son sens. La communauté que forment les lauréats de l’Institut transcende en effet tous les clivages et toutes les frontières, disciplinaires, géographiques et même générationnelles. C’est ce qui la rend si précieuse et c’est pourquoi il est essentiel de la faire vivre.
Reconnaitre l’excellence : un gage d’attractivité

Reconnaitre l’excellence : un gage d’attractivité

Et la faire vivre, c’est aussi la faire connaître de tous, en France, bien sur, mais aussi à l’étranger.

Car si j’ai tenu à ce que soient pleinement reconnus l’engagement et l’excellence de nos enseignants-chercheurs, c’est aussi pour maintenir l’attractivité de nos universités qui sont confrontées à une concurrence croissante de la part des établissements étrangers.

Des études récentes l’ont confirmé : les scientifiques français qui franchissent le pas et rejoignent une université étrangère sont encore peu nombreux. Et pourtant, les sollicitations ne manquent pas et vous le savez mieux que quiconque.

Si beaucoup de nos universitaires restent sourds aux sirènes de l’étranger, c’est bien sûr en raison des atouts de notre système d’enseignement supérieur et de recherche. Mais c’est aussi parce qu’ils savent désormais que leur excellence pourra être pleinement reconnue en France : j’en veux pour preuve non seulement la création de la prime d’excellence scientifique, mais encore le développement des chaires mixtes universités-organismes ou bien encore la vitalité de l’IUF.

J’ajoute que c’est la certitude de voir leurs mérites scientifiques mieux pris en compte par nos universités et nos organismes qui décide de plus en plus de chercheurs expatriés ou étrangers à venir ou à revenir en France. L’Institut Montaigne soulignait il y a peu encore les effets très positifs du programme « ANR post-doc » tout comme ceux des chaires d’excellence.

Nous devons poursuivre nos efforts et faire mieux connaître à l’étranger ces nouveaux dispositifs : conjugués au plan d’investissement d’avenir et aux 22 milliards d’euros qu’il réserve pour l’enseignement supérieur et la recherche, ils peuvent convaincre, j’en suis sûre, de nombreux chercheurs expatriés de franchir le pas et de revenir en France.
Excellence individuelle et excellence collective au cœur des investissements d’avenir

Excellence individuelle et excellence collective au cœur des investissements d’avenir

Mesdames et Messieurs, vous incarnez l’excellence de l’université française.

Cette excellence, c’est le socle sur lequel nos universités doivent fonder leur stratégie de recherche et de formation.

Sans ses enseignants-chercheurs, un établissement n’existe pas. Mais en retour, la mission des enseignants-chercheurs ne prend tout son sens qu’au sein de la communauté scientifique et universitaire.

Cette dialectique de l’excellence individuelle et de l’excellence collective est au cœur de la vie des universités et des organismes de recherche. Elle est aussi au cœur des investissements d’avenir.

Ce sont en effet les équipes de chercheurs et d’enseignants-chercheurs qui sont à l’origine des projets scientifiques les plus audacieux, des projets qui ont vocation à devenir partie intégrante de la stratégie des établissements qui les accueillent et qui, en retour, sont en mesure de leur donner tout leur sens.

Nombreux sont sans aucun doute ceux qui, parmi vous, ont répondu ou vont répondre à des appels à projets. Et vous savez donc que l’imagination, la créativité et l’audace scientifiques sont les principes-clefs des investissements d’avenir. Car si le Gouvernement a choisi de consacrer 22 milliards d’euros à l’enseignement supérieur et la recherche, c’est parce qu’il a la conviction que notre pays a le potentiel pour accomplir un véritable saut scientifique et technologique.

Ces 22 milliards d’euros, ils iront donc à des projets scientifiques d’exception, qui peuvent naturellement s’inscrire dans le prolongement de projets existant, à la seule condition de les faire profondément changer de dimension et de déboucher sur des innovations prometteuses.

Ces projets scientifiques d’exception peuvent s’exprimer dans le cadre des équipes et des structures actuelles, tout comme ils peuvent imposer la redéfinition de ce cadre. Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de modèle unique : la logique même des appels à projet, c’est celle du « sur-mesure », dès lors que les principes définis par les cahiers des charges sont respectés.

Car ce sont les ambitions scientifiques des projets qui permettent seules de définir la juste taille et le juste périmètre des équipes qui se mobiliseront pour les atteindre : il n’y aura de prime ni à la taille, ni à la discipline. Et cela est vrai pour les laboratoires d’excellence comme pour les initiatives d’excellence.

Une chose est certaine : pour aboutir, ces ambitions scientifiques exceptionnelles doivent être portées par les établissements qui les accueillent.

Ce choix du "sur-mesure" se fonde sur un dialogue soutenu et permanent avec vos universités. C’est avec elles que vous devez définir le cadre dont vous avez besoin. Et c’est, me semble-t-il, un acquis des investissements d’avenir, qui stimulent ce dialogue comme jamais il ne l’a été, parce qu’il est la condition même de la réussite de vos projets.

J’en suis certaine, cela ne restera pas sans effet sur la stratégie de recherche et de formation des établissements, qui ont une occasion unique d’afficher leurs ambitions et moyens de les atteindre.

Et la grande leçon que je retiens des réponses qui nous sont parvenues aux premiers appels à projet, c’est que ces ambitions se sont affirmées haut et fort, en ne laissant de côté aucune discipline, aucun établissement, aucun territoire. C’est ainsi que plus du quart des projets de laboratoires d’excellence concerne les sciences humaines et sociales, sans compter les projets pluridisciplinaires. Cela démontre la mobilisation et la vitalité de l’ensemble de notre communauté scientifique et universitaire.

C’est pourquoi je sais que l’ensemble des disciplines, des établissements et des territoires bénéficieront des investissements d’avenir. Parce que l’excellence est partout et les promotions successives de l’IUF sont là pour le démontrer.

Et c’est pourquoi, Mesdames et Messieurs, je sais que les 5 années qui sont devant vous seront décisives : pour vous, bien sûr, mais aussi pour toutes celles et tous ceux que vous formez, avec lesquels vous partagez au quotidien votre passion du savoir.

Notre enseignement supérieur et notre recherche entrent dans une nouvelle ère, celle de tous les possibles. Et votre entrée à l’IUF en témoigne, vous en serez des acteurs pleinement engagés. Permettez-moi de vous adresser les vœux d’une Ministre qui le sera tout autant à vos côtés.

Je vous remercie.