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Le rapport Pisa 2009 ou l’éducation à la « performance » - Nestor Romero, ancien enseignant, Rue89, 8 décembre 2010

jeudi 9 décembre 2010, par Elie

Comme ne cessent de nous le rappeler tous les moyens de communication depuis ce mardi matin, le nouveau Pisa vient d’arriver. On trouvera ici tous les détails que l’on voudra sur cette nouvelle enquête qui, cela ne fait pas de doute, constitue une mine de données fort précieuses pour le monde de la recherche en éducation.

Une lecture extrêmement subjective de Pisa

Pour ma part, je voudrais essayer de faire de cette littérature une lecture extrêmement subjective, absolument pas statistique ou scientifique -ce dont je serais bien incapable.

Mais, auparavant, rappelons simplement que cette enquête, menée tous les trois ans depuis 2000, concerne les élèves de 15 ans environ (fin de l’école obligatoire) des 34 pays de l’OCDE et d’autres pays dits « partenaires ». (Télécharger la synthèse en français)

En ce qui concerne les résultats, rien de bouleversant. La France se maintient dans la moyenne pour ce qui est des « performances » et tout à fait en queue de liste pour ce qui est des inégalités scolaires. Comment pourrait-il en être autrement ?

La nouveauté, en revanche, réside dans l’entrée fracassante de certains pays asiatiques dans la compétition, car, bien sûr, de compétition il s’agit.

En effet, si la Corée et la Finlande sont toujours les deux pays les plus « performants » de l’OCDE avec 539 et 536 points respectivement, ils sont largement distancés (j’ai l’impression, soudain, de rédiger un reportage sportif, pardon) par la dénommée « économie partenaire Shanghai (Chine) » et ses 556 points. Sans compter les excellents résultats de Hong Kong, de Singapour et du Japon.

Nous reviendrons à cela un de ces jours pour nous demander comment des systèmes éducatifs aussi différents que ceux de Corée et de Finlande, par exemple, obtiennent des résultats comparables dans ce type d’enquêtes.

Relever le défi du monde réel : mais encore ?

Pour l’instant voyons la littérature, c’est-à-dire à la prose des rédacteurs de ce vaste texte. On nous informe tout de go :

« L’enquête Pisa cherche à évaluer la capacité des jeunes à utiliser leurs connaissances et compétences pour relever le défi du monde réel. »

Relever le défi, donc : nous voici jetés dans le champ (clos ? ) de l’affrontement, car cherchant à évaluer la capacité des jeunes à « relever un défi », l’enquête Pisa (mais qui est ce sujet « enquête Pisa » ? ) trace par avance le futur de ces jeunes qui ne peut être autre que celui de relever un défi, d’être donc bien enfermé dans un champ clos.

Mais quel est ce défi que « l’enquête Pisa » s’autorise à imposer (puisqu’elle ne propose rien d’autre) aux jeunes ? C’est le défi du « monde réel ». Formulation que l’on ne peut se passer d’interroger car si un monde réel est ici et ainsi affirmé ce ne peut être que par opposition à un autre monde, irréel celui-là.

Autrement dit nous voici dans la dénégation d’un monde des idées, non pas platonicien, mais idéal ou idéalisé, d’un monde utopique, et dans l’affirmation d’un monde absolument matériel, dur au toucher, dur à vivre puisqu’il est donné comme objet du défi à relever, comme adversaire, comme ennemi.

Même l’éducation doit avoir un rendement

« L’enquête Pisa » pose donc immédiatement une conception de la vie comme combat, au mieux comme compétition. Mais évidemment pas de n’importe quelle compétition. Il ne s’agit en aucune façon de quelque ludisme que ce soit, il s’agit d’un monde du « rendement » terme qui constelle ce texte, un monde dans lequel même l’éducation a un rendement, comme n’importe quelle machinerie, n’importe quelle fabrique.

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