Accueil > Revue de presse > Maison de l’histoire de France : nomination du comité scientifique - Thomas (...)

Maison de l’histoire de France : nomination du comité scientifique - Thomas Wieder, "Le Monde", 10 janvier 2010

lundi 10 janvier 2011, par Laurence

"Avant le 10 janvier", avait promis Frédéric Mitterrand. C’est finalement jeudi 13 que le ministre de la culture annoncera la composition du "comité d’orientation scientifique" de la Maison de l’histoire de France. D’ores et déjà, cependant, Le Monde est en mesure d’en divulguer les principaux membres.

Sauf surprise de dernière minute, y siégeront l’archiviste Paule René-Bazin, les historiens Jacques Berlioz (directeur de l’École nationale des chartes), Dominique Borne (doyen de l’inspection générale de l’éducation nationale), Éric Deroo (spécialiste de la colonisation et documentariste), Jean Favier (ancien directeur général des Archives de France et spécialiste d’histoire médiévale), Étienne François (ancien directeur du Centre Marc-Bloch de Berlin), Dominique Missika (productrice à France Culture et éditrice chez Robert Laffont), Pascal Ory (professeur à l’université Paris-I et spécialiste d’histoire culturelle), Jean-Christian Petitfils (spécialiste des XVIIe et XVIIIe siècles), Jean-Pierre Rioux (ancien inspecteur général de l’éducation nationale), Anthony Rowley (directeur éditorial chez Fayard), Benjamin Stora (professeur à l’université Paris-VIII et spécialiste de la colonisation), Laurent Theis (médiéviste et éditeur chez Perrin) et Emmanuel de Waresquiel (spécialiste du XIXe siècle).

Certains de ces noms étaient attendus, à commencer par celui de Jean-Pierre Rioux, qui pourrait présider le futur comité. Auteur de nombreux livres d’histoire politique et culturelle, il avait été chargé en février 2009 par Christine Albanel, alors ministre de la culture, d’étudier des sites susceptibles d’accueillir la Maison de l’histoire de France, un projet mis à l’étude par Nicolas Sarkozy dès 2007.

Plus surprenante est en revanche la présence de Pascal Ory et Benjamin Stora. Etiquetés de gauche, ils ont, comme d’autres, beaucoup hésité à dire oui. Si Frédéric Mitterrand leur a garanti que le futur comité d’orientation scientifique serait "vraiment décisionnaire", ils confient toutefois qu’ils en partiraient dans le cas où ils se sentiraient "instrumentalisés".

SORTIE DE CRISE

Cette liste appelle plusieurs remarques. Les mauvaises langues diront qu’elle manque de femmes et de jeunes, que les spécialistes d’histoire contemporaine y sont surreprésentés, et qu’aucun "antiquisant" n’y figure. Ceux qui ont suivi les discrètes tractations des dernières semaines noteront aussi que les efforts déployés par Frédéric Mitterrand pour rendre acceptable un projet très controversé en raison de son lancement dans le contexte du débat sur l’identité nationale, n’auront pas suffi à convaincre des historiens comme Fabrice d’Almeida, Pierre Assouline, Jean-Noël Jeanneney, Jacques Le Goff, Mona Ozouf ou Pierre Nora d’y participer.

Après une première réunion de travail jeudi 13 janvier, les membres du comité d’orientation scientifique auront deux dossiers à traiter en priorité. Tout d’abord trouver une sortie de crise avec les Archives nationales, dont une partie des personnels occupe depuis le 16 septembre 2010 l’hôtel de Soubise, dans le quartier du Marais à Paris, pour protester contre l’installation dans ce lieu de la future Maison de l’histoire de France. Et puis surtout réfléchir au contenu de la future institution.

L’un des points les plus délicats à trancher concernera l’exposition permanente, cette "galerie du temps" censée présenter un panorama général de l’histoire de France, et dont le bien fondé est d’ores et déjà contesté par certains membres du comité d’orientation scientifique.

Thomas Wieder