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Modulation de services des enseignants-chercheurs : chaque université joue sa partition, Éducpros, 25 mai 2011

mercredi 25 mai 2011, par Sylvie

Le nouveau statut des enseignants-chercheurs est entré en vigueur depuis la rentrée 2009. Comment les universités ont-elles mis en application cette réforme fort contestée ? Zoom sur les pratiques RH de trois universités, à Limoges, Strasbourg et Paris-Ouest-Nanterre-La Défense. Deuxième volet de notre série sur les ressources humaines dans les universités.

Université de Limoges : de 53 à 62 % de publiants

« Le constat que nous avions fait en 2009 tenait en deux points : nous étions sous-dotés en personnels et nous avions une grande marge de progression en termes de nombre de publiants : ils ne représentaient alors que 53 % des enseignants-chercheurs. Nous avons élaboré notre politique de gestion des ressources humaines en prenant en compte ces deux éléments : encourager nos enseignants-chercheurs à faire de la recherche pour augmenter nos performances et donc les moyens globaux de l’établissement », explique Jacques Fontanille, président de l’université de Limoges qui faisait partie des premières universités à passer à l’autonomie au 1er janvier 2009.

Partant de ce constat, l’université a mis en place une fiche d’engagement annuel dans laquelle l’enseignant indique ses objectifs en matière d’enseignement, de recherche et de participation à la vie administrative de l’établissement. Ces fiches sont conçues comme un outil de planification des services : « Il y a un aller-retour entre les services généraux et l’enseignant-chercheur. Nous n’acceptons pas les fiches d’engagement qui ne sont pas équilibrées. Il n’y a pas l’enseignement d’un côté et le luxe de la recherche de l’autre », soutient Jacques Fontanille.

Un accompagnement pour les non-publiants

Il n’empêche, tous les efforts sont bien mis sur la recherche : « Certains se sont laissé enfermer et ne publient plus car ils n’ont plus de pression, plus de regard extérieur. Nous avons encouragé les équipes à identifier les personnes qui méritent selon elles un vrai accompagnement. L’université finance à hauteur de 3.000 € des actions spécifiques pour aider la personne à se réintégrer dans des projets de recherche collectifs. » Par ailleurs, il est proposé aux jeunes maîtres de conférences récemment recrutés un « contrat d’accueil » (renouvelé chaque année pour trois ans, si les engagements sont tenus), avec une décharge d’enseignement : ils s’engagent à n’effectuer que deux tiers de leur service d’enseignement, en contrepartie du maintien d’un bon niveau de publication.

« Si les engagements ne sont pas respectés, il n’y a pas de sanction immédiate, mais le système repose sur une sorte de pression managériale continue »

Aux critiques qui ont émané de la communauté des enseignants-chercheurs, Jacques Fontanille répond avec pragmatisme : « Si les engagements ne sont pas respectés, il n’y a pas de sanction immédiate, mais il est vrai que le système repose sur une sorte de pression managériale continue. Ce n’est pas à moi de décider une modulation de services à la hausse de l’enseignement car, de toute façon, il faut l’accord de l’intéressé. Mais si des aides sont mises en place sans résultat, il faudra réfléchir, à terme, à trouver une solution. D’après l’évaluation de l’AERES [Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur] de cette année, nous sommes désormais à 62 % de publiants. Cela prouve bien que nous avions une vraie marge de progression. »

Université de Strasbourg : les mutations du métier d’enseignant-chercheur anticipées

La réflexion sur le temps de travail des enseignants-chercheurs date de bien avant l’adoption du nouveau référentiel. Dès janvier 2009, à la création de l’université unique, la toute nouvelle Université de Strasbourg (UdS) a instauré un ensemble de mesures : une décharge d’un semestre d’enseignement pour les nouveaux maîtres de conférences recrutés (à prendre sur les cinq premières années), une augmentation des CRCT (congés de recherche et de conversion thématiques) pour permettre aux MCF de bénéficier au cas par cas d’une décharge de six mois, voire un an.

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