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Formation des maîtres : Le gouvernement persiste dans sa politique - JL Auduc, le Café pédagogique, 19 mars 2012

mardi 20 mars 2012, par Mariannick

Le ministère de l’éducation nationale et le ministère de l’enseignement supérieur ont présenté le jeudi 15 mars aux organisations syndicales un projet d’arrêté « fixant le cahier des charges de la formation des professeurs, documentalistes et conseillers principaux d’éducation. ». Même s’il évoque à plusieurs reprises dans le texte, les « instituts universitaires de formation des maîtres » , montrant ainsi le caractère purement idéologique et revanchard de la loi Grosperrin votée par l’Assemblée Nationale il y a quelques semaines ( et heureusement bloquée par le Sénat) qui visait à totalement les faire disparaître de tous les textes réglementaires, cet arrêté synthétise tous les dangers de la mastérisation dénoncés dans les différents rapports concernant cette question et ne peut qu’accentuer la crise de recrutement que nous connaissons actuellement.

Aucune évocation d’articulation entre les contenus du master et ceux des concours de recrutement

Tous les rapports précédents sur le mastérisation avaient insisté sur la nécessité de bien articuler contenus du master d’enseignement et préparation aux concours de recrutement. Le comité de suivi des masters l’avait dit dès décembre 2009 : « Le principe même de la cohabitation au sein d’un même dispositif de formation de plusieurs objectifs sans réelle articulation (préparation à un concours et préparation à une insertion professionnelle hors concours) induit un risque de construction trop disséminée entre ces objectifs sans permettre une vraie acquisition de savoirs et de compétences. »

Le rapport de Jean-Michel Jolion "Mastérisation de la formation initiale des enseignants : enjeux et bilan" indiquait en octobre 2011 : « Trancher sur le rôle du concours : Le concours ne peut être qu’initial ou final. Dans le premier cas, le concours ouvre sur une formation professionnelle et l’exercice d’un métier. Dans l’alternative, il intervient a l’issue d’une vraie formation professionnelle dont le concours tient compte. Un concours pendant l’année de master devra donc tenir compte des stages en situation, stages de fait rendus obligatoires. Dans cette solution, une meilleure articulation entre l’admissibilité et l’admission doit permettre de ne pas accumuler les deux phases du concours sur les deux derniers semestres du cursus. Notre préférence va donc à une admissibilité en fin de M1. »

Le projet d’arrêté actuel escamote la question.

Le concours de recrutement qui est pourtant décisif et indispensable pour devenir professeur stagiaire, n’est évoqué dans ce projet d’arrêté qu’à une seule reprise dans le texte lorsque celui-ci indique pour la formation dispensée en master : « La formation dispensée dans le cadre des masters intégrant une préparation aux concours des métiers de l’enseignement ».

Rien sur les dates des concours qui pèsent tant sur l’organisation des formations, rien sur leur articulation entre les différents contenus concernés, les stages… Cette absence signifie-t-elle que la logique actuelle des deux ministères concernés est celle qui prévalait dans le premier rapport Grosperrin rejeté par la commission concernée de l’Assemblée Nationale, à savoir la suppression des concours de recrutement pour un recrutement par les chefs d’établissements pour ceux possédant le master ?

Le projet d’arrêté a de ce point de vue la clarté de s’inscrire dans ce projet, mais il a l’inconvénient de mettre les étudiants durant les deux années de master dans une situation que l’on ne peut que juger « impossible à réaliser » avec un empilement et une surabondance d’éléments de validation (modules disciplinaires, mémoire, modules complémentaires de préparation au concours, stages en responsabilité, etc.)...

Des « travaux d’Hercule » impossibles à réaliser par des étudiants de master

Qu’on juge de l’empilement proposé par le projet d’arrêté fixant le cahier des charges de la formation des enseignants !

« Sont intégrés au cursus de formation,

- des apports en pédagogie et en didactique,

- la connaissance du système éducatif sous ses aspects les plus concrets (fonctionnement d’un établissement, missions des membres de la communauté éducative, contraintes réglementaires, en particulier le caractère prescriptif des programmes, dispositions budgétaires, juridiques, statutaires régissant un établissement ou une école),

- la connaissance des élèves et de leur diversité, des degrés d’enseignement, des curricula, du processus d’orientation, des acteurs et partenaires de l’acte éducatif, de l’éthique du métier, de l’innovation et de l’expérimentation pédagogiques, des méthodes de conduite de la classe. Autant d’éléments permettant à l’étudiant d’avoir une vision complète de l’enseignement qu’il aura à dispenser, de la fonction qu’il aura à exercer et de son environnement professionnel.

La formation offre à chaque étudiant une initiation à la recherche ; cette dimension fait partie de son bagage professionnel et lui donne les moyens d’analyser et de faire évoluer ses pratiques tout au long de sa carrière, en prenant en compte les évolutions scientifiques et sociétales. Chaque étudiant doit être en mesure de réaliser une lecture informée et critique des travaux scientifiques propres à éclairer ses futures pratiques professionnelles.

Elles comportent des stages d’observation et de pratique accompagnée, puis des stages en responsabilité, ,sur la base des dispositifs mis en place au niveau académique... La formation doit prévoir, comme pour tout diplôme national de master, une ouverture à l’international indispensable à l’insertion dans l’espace européen de l’enseignement supérieur. Elle intègre à ce titre un enseignement en langue vivante étrangère et des dispositifs de mobilité … La formation intègre également l’utilisation, dans le cadre de l’enseignement, des outils et des ressources offerts par le numérique. A cette fin, elle peut s’appuyer sur le référentiel de compétences du certificat informatique et internet de niveau 2 (C2i) . »

Cet empilement de contenus à réaliser durant le master auquel il faut ajouter la préparation de écrits et des oraux de concours serait risible s’il n’y avait pas derrière des étudiants angoissés, devant souvent travailler pour continuer leurs études ? A vouloir tout condenser sur quelques mois, on ne peut qu’aboutir à l’inverse, c’est-à-dire à mettre en énorme difficulté le jeune reçu aux concours lorsqu’il se trouvera devant sa classe sans avoir le recul que peut lui fournir une année de stage en alternance.

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Télécharger le projet d’arrêté en pj.