Accueil > Communiqués et textes des syndicats, coordinations, associations, sociétés (...) > Lost in evaluation, Contributions sociologiques au débat sur l’Evaluation (...)

Lost in evaluation, Contributions sociologiques au débat sur l’Evaluation Individuelle des Enseignant(e)s-Chercheur(e)s, Journée de débats de l’ASES Samedi 9 juin 2012

lundi 30 avril 2012

Journée de débats de l’Association des Sociologues de l’Enseignement Supérieur, Samedi 9 juin 2012 de 9h30 à 17h30, Amphi Durkheim, Université Sorbonne


Le dispositif, souhaité par les pouvoirs publics, d’évaluation individuelle (EI) régulière des Enseignants Chercheurs par le CNU et les présidents d’université, a été mis au cœur de la LRU et soulève beaucoup de débats. Si le moratoire sur l’évaluation est toujours en vigueur, la CP-CNU s’est réunie et prononcée sur des modifications à apporter à l’EI à la mi-mars 2012 : en cette période pré-électorale, nous ne savons pas ce qu’il adviendra du dispositif. Il nous semble nécessaire d’apporter au débat une contribution réflexive du double point de vue de la sociologie et de nos places d’acteurs de l’université et de la recherche. C’est dans cette optique que l’ASES organise une journée consacrée à la question de l’évaluation.

Évaluer les travaux et carrières des enseignants-chercheurs n’est pas un phénomène nouveau ni illégitime : nous sommes évalués depuis l’obtention de notre doctorat jusqu’à la soumission de nos projets de communication ou de publication, en passant par les promotions de carrière et l’obtention de primes, soit à toutes les étapes de nos carrières et missions. L’évaluation prend depuis quelques années de plus en plus de place dans la vie des départements et des laboratoires (AERES, ANR, autres appels à projet privés ou semi-privés de financement de nos recherches, etc.). C’est la nature de ces évaluations qui nous semble changer : qui évalue (experts, pairs, élus, nommés) ? Dans quels objectifs (évaluation sanction ?) ? Dans quel contexte ? Avec quels indicateurs (quantitatifs exclusivement : bibliométrie ?) ? De quelle façon (transparence des processus ?) ? Notre sentiment est que les modèles de vie collective et de carrières sont désormais soumis à des règles du jeu, qui res semblent de plus en plus au modèle de management du secteur privé étendu aux services publics : rentabilité, individualisation, concurrence, etc... Or ces dispositifs d’évaluation qui ont cours dans le monde de l’entreprise privée ou semi-privée sont connus et étudiés par nombre de nos collègues. Valérie Boussard (professeure à l’Université Paris Ouest Nanterre, sociologue du travail) et Gérard Rimbert (docteur en sociologie du CSE, responsable du pôle « Risques psychosociaux » du cabinet Technologia) viendront nous parler des principes, pratiques et effets des évaluations du travail en entreprise.

Les évaluations collectives conduites par l’AERES comme la « nouvelle » politique de publication à laquelle revues et chercheurs sont soumises transforment profondément nos missions initiales d’enseignement, de participation à la vie collective de nos établissements et de recherche, évidemment. Le passage des universités aux compétences élargies, les logiques de PRES et d’IDEX accentuent la diversité des situations, sinon des fractures entre un établissement et l’autre, voire entre territoires. La RGPP et la pénurie de postes qui l’accompagne constituent un autre point modal du contexte dans lequel se déroule cette réforme de notre métier, suivant les directives européennes. Ces dernières reprennent elles-mêmes des logiques internationales (classement de Shanghai, h index). Tous ces éléments relatifs spécifiquement à notre métier méritent que l’on s’y arrête. Nous le ferons avec trois autres intervenants : David Pontille (chercheur au CNRS, EHESS) et Didier Torny (chercheur à l’INRA) ont mené des recherches relatives à l’évaluation des publications dans différentes disciplines scientifiques, notamment dans des revues de sciences humaines et sociales ; Christian Topalov, directeur d’études à l’EHESS, anime le séminaire Politique des Sciences.

Programme détaillé :

Matinée (9h30-12h30)

- Présentation de la journée

- Valérie Boussard : « Evaluer, est-ce encore juger ? A propos des modèles de classement des travailleurs »

- Gérard Rimbert : « Des évaluations qui ratent leur coup. Mesures biaisées et déficit de reconnaissance »

- Echanges et débats collectifs

Après-midi (14h30-17h30)

- David Pontille et Didier Torny : « Épreuves d’attribution et évaluation scientifique »

- Christian Topalov : « A quoi sert une agence de notation dans l’enseignement supérieur et la recherche ? »

- Echanges et débats collectifs

- Clôture de la journée - pot

Olivier Martin, président de notre section du CNU (19), sera présent et témoignera des discussions qui animent la CP-CNU au sujet de l’EI. Enfin, c’est collectivement, tout au long de cette journée, que nous débattrons et partagerons nos expériences, nos points de vue, nos craintes ou espoirs afin de mieux appréhender les changements induits dans notre métier par le poids et le modèle de ces évaluations.

Si des interventions sont proposées, afin de nous apporter des éclairages précis, cette journée est conçue comme un moment privilégié d’échanges et débats collectifs, entre sociologues et tout collègue intéressé par ces questions. Nous espérons que vous serez nombreux à venir partager vos témoignages, réflexions, points de vue, craintes et espoirs liés aux dispositifs d’évaluation et à leurs effets dans nos métiers. Cette journée est ouverte à toute la communauté scientifique, n’hésitez pas à inviter des collègues d’autres disciplines... Pour des questions pratiques, nous vous demandons de vous inscrire à partir du lien doodle suivant :

http://www.doodle.com/mqymybk8r73bsacf

Nous vous signalons qu’une rubrique consacrée à l’évaluation est à votre disposition sur le site Internet de notre association. En outre, une page dédiée, comportant des liens vers diverses prises de position et réflexions, ainsi que des articles à télécharger, a été créée :

http://sociolog.cluster003.ovh.net/spip.php?article67&lang=fr

Pour le C.A. de l’ASES : Valérie Boussard, Fanny Jedlicki, Maryse Tripier, Laurent Willemez