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Exit la Maison de l’histoire de France - F. Evin, Le Monde, 26-27 août 2012

lundi 27 août 2012, par Mariannick

Aurélie Filippetti enterre le projet controversé.

« Vouloir montrer une manière de raconter l’histoire de France est un projet daté, ajoutait la ministre de la culture. On s’oriente sur une formule plus souple, sur une mise en réseaux de nos musées d’histoire à travers un organe pilote incarné par un site internet. »

Le projet de l’ancien président prévoyait la création d’une « galerie des temps » très décriée par les historiens, lesquels redoutaient une récupération politique sur la manière de raconter l’histoire de France. L’académicien Pierre Nora et Nicolas Offenstadt, du Collège de France, l’affirmaient dans nos colonnes : « Le caractère idéologique douteux du projet ne suscite pas l’adhésion des historiens dans leur ensemble. »

Cette « galerie des temps » et les 13 000 mètres carrés nécessaires à l’implantation de la Maison de l’histoire de France devaient prendre place au sein des Archives nationales. Le scénario qui avait la faveur de l’Etat prévoyait une « mutualisation » des espaces entre l’Hôtel de Soubise, sièges des archives créé en 1808 par Napoléon Ier, et les Grands Dépôts, magasins de conservation construits sous Napoléon III.

Cette option, rejetée en bloc par les personnels des Archives nationales représentés par l’intersyndicale, avait mis le feu aux poudres dès son annonce par Nicolas Sarkozy en septembre 2010, déclenchant une grève générale, puis une occupation des lieux pendant dix-huit mois. Les personnels exigeaient que la place gagnée par le déménagement des archives postérieures à la Révolution sur le nouveau site de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) serve à la reprise de la collecte du minutier central des notaires, interrompu depuis des années, au redéploiement des fonds antérieurs à 1789, dont les chartes médiévales conservées dans de mauvaises conditions, et aux différentes missions scientifiques, éducatives et muséographiques de l’institution.

L’affaire semble aujourd’hui tranchée. Seule question à régler, celle de l’établissement public « Maison de l’histoire de France » créé le 1er janvier avec à sa tête Maryvonne de Saint-Pulgent. Si le jeune établissement n’avait toujours pas de mission précise, ni contenu, ni adresse, ni financement, il a un statut juridique. Et depuis des mois un comité scientifique planchait sur le projet.

Seul élément qui tienne : la création du site internet et du réseau des neuf musées d’histoire (dont Saint-Germain-en-Laye pour la préhistoire, Cluny pour le Moyen Age, Ecouen pour la Renaissance, et les châteaux de Fontainebleau et de Compiègne). Leurs responsables seront, à leur tour, sans doute rassurés de conserver leur autonomie qu’ils craignaient de perdre sous la coupe de la Maison de l’histoire de France.

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