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Geneviève Fioraso veut améliorer l’orientation postbaccalauréat, Par Nathalie Brafman et Isabelle Rey-Lefebvre, lemonde.fr, le 11 janvier 2013

vendredi 11 janvier 2013, par Alain

"le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a commandé un sondage à Opinion Way."

Le 20 janvier, les quelque 500 000 lycéens de terminale vont remplir leur liste de vœux pour choisir leurs études supérieures sur le site Admission postbac (APB, admission-postbac.fr), dispositif généralisé en 2009 dans toutes les académies. Les lycéens doivent exprimer jusqu’à 36 vœux parmi les 10 400 formations proposées, puis les ordonner, mais sans avoir de certitude sur leur future affectation.

Pour connaître la perception du public sur ce dispositif, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a commandé un sondage à Opinion Way. L’enquête a été menée entre le 28 décembre et le 3 janvier, auprès de 505 étudiants et 303 parents qui ont utilisé la procédure en 2012.

Pour 50 % des étudiants interrogés, ce fut une "bonne expérience". "Facile à utiliser, simple et claire" pour 26 %. En revanche, elle fut "mauvaise" pour 39 % d’entre eux. La complexité du système vient en tête des reproches (19 %). Si 81 % des lycéens trouvent APB utile, seuls 27 % reconnaissent que la procédure les a aidés à s’orienter.

Quant aux résultats des admissions, 55 % ont obtenu leur premier vœu et 23 % l’un des trois premiers choix exprimés. Globalement, lycéens et parents ont attribué la note de 6,4 sur 10. Mention assez bien donc... Cette procédure informatique est pourtant censée simplifier la vie des lycéens en leur évitant, pour la plupart des cursus, d’avoir à envoyer de volumineux dossiers de candidature. Les lycées transmettent directement les notes et les appréciations par Internet.

"Ce n’est pas tant l’outil qui est en cause mais plutôt le manque d’environnement et d’accompagnement, commente Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce n’est pas en deux clics que l’on peut sérieusement choisir son orientation. Il y a un manque criant d’informations." La ministre travaille actuellement avec Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, à la création d’un continuum entre le lycée et l’université, le fameux "– 3 ans, + 3 ans", ainsi que d’un service public d’orientation sous la tutelle des régions.

INTITULÉS ABSCONS

Le sondage révèle, en effet, une forte attente des lycéens en matière de conseils : 83 % désirent se rendre dans les établissements supérieurs, 76 % veulent rencontrer des enseignants. "Hélas, nous n’avons pas les moyens de le faire, dit Philippe Tournier, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale et proviseur du lycée Victor-Duruy à Paris. Nos services d’orientation sont en crise depuis dix ans. Nos conseillers n’arrivent pas à répondre à la demande des élèves."

L’angoisse suscitée par APB provient aussi d’une offre de formations touffue et illisible. Trop d’intitulés abscons, de cursus dont les contenus ne sont pas clairement identifiés. On recense 1 200 licences professionnelles et 1 400 licences généralistes. "C’est beaucoup trop ! Nous voulons simplifier cette offre pour arriver à une centaine d’intitulés regroupés par grands domaines", indique la ministre.

Dès 2013, des améliorations seront aussi apportées à APB. Le site indiquera plus lisiblement que l’ordre des vœux peut être modifié jusqu’au 31 mai. Mieux mise en valeur, cette possibilité devrait réduire l’anxiété des lycéens. "La hiérarchisation des vœux suppose que les jeunes maîtrisent nombre de paramètres : leurs choix, les débouchés professionnels, les voies d’accès et leur chance d’y parvenir et les moyens matériels...", relève Agnès Monnier, conseillère d’orientation-psychologue à Rouen.

Les bacheliers des séries professionnelles, les plus mal traités sur APB et par les lycées qui les refusent, seront prioritairement admis dans les sections techniques spécialisées si c’est leur premier choix. Les recteurs étant chargés d’appliquer la règle. Enfin, pour la rentrée 2014, sera aussi introduite la possibilité pour ceux qui ont déjà accompli une année d’études supérieures de se réorienter sans repartir de zéro.

Nathalie Brafman et Isabelle Rey-Lefebvre