Mon Université va craquer ? - Hervé Gardette , "Du Grain à moudre", France-Culture, 16 décembre 2013

Je suis un lieu « de confrontation critique entre les générations, un lieu d’expériences multiples, affectives, politiques, artistiques, tout à fait irremplaçables, une occasion unique, pour beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles, de vivre, pour un temps plus ou moins long, quelque chose qui ressemble à une vie d’intellectuel, avant de rentrer une fois pour toutes dans l’ordre social »

Je suis…l’Université, telle que la décrivait, en 1932, le philosophe britannique Bertrand Russell.

Bref, un lieu de découvertes et d’accomplissement de soi, au moins autant, si ce n’est davantage, qu’une porte d’entrée dans la vie professionnelle.

Décrirait-on de la même manière, aujourd’hui, l’université française ?

Visiblement pas.

Sophie Orange, maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Nantes
Anne Fraïsse, présidente de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3
Julien Blanchet, président de la Fage
Jean-Marie Maillard, directeur de recherche au CNRS, porte-parole de Sauvons l’Université et secrétaire de la section du Syndicat national des chercheurs scientifiques de Jussieu

La fac semble être devenue, depuis de longues années déjà, un lieu de souffrances : pour les étudiants qui peinent à boucler leurs fins de mois, pour les enseignants qui se sentent déconsidérés, pour les présidents d’université désormais, transformés en gestionnaires à la faveur de la loi LRU de 2007.

Le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est pourtant un des rares à bénéficier d’une hausse, certes modeste : 0,5%, mais une hausse tout de même.

Ce qui n’a pas empêché, le 24 octobre dernier, la Conférence des présidents d’université de s’alarmer d’une situation « bientôt intenable pour la majorité de nos établissements. A court terme, l’ensemble des universités françaises risque de ne plus pouvoir assurer les missions de service public que l’Etat leur a assignées »

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