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Le financement de la recherche et l’emploi scientifique en France - Une analyse chiffrée du Conseil Scientifique du CNRS (document de travail), 7 février 2014

samedi 1er mars 2014, par Mariannick

Tout va très bien Madame la Marquise… financement, emploi, avenir…

Tous les chiffres chiffrés, tableaux et camemberts en téléchargeant le document ci-après.

1. Le financement de la recherche française

  • Evolution de la Dépense Intérieure de Recherche et de Développement/PIB
    La Dépense Intérieure de Recherche et de Développement en France stagne depuis 2002 alors qu’elle progresse fortement dans d’autres pays. 7ème en 1995, la France chute en 15ème position en 2011.
  • Evolution de la Dépense intérieure de R&D de l’Enseignement Supérieur/PIB
    La France est à la 20ème place pour ce qui est de l’évolution de la DIRDES entre 2002-2012 (pour l’OCDE, l’enseignement supérieur comprend le CNRS)
  • Financement de la recherche en entreprises
    Entre 2006 et 2011, malgré l’augmentation du CIR, le budget de la DIRDE a diminué en euros constants (inflation déduite)
La place de la France recule, quels que soient les indicateurs utilisés, tant pour la recherche publique que pour les dépenses de recherche des entreprises.
Avec une DIRD/PIB passée de 2,23% en 2002 à 2,24% en 2011, la France est passée du 7éme au 15ème rang mondial.
On est loin des objectifs des années 2000 (3% du PIB).

2. L’emploi scientifique en France

  • Chercheurs et ingénieurs R&D par milliers d’emplois : La France se situe à la 14ème place pour le nombre de chercheurs R&D (statutaires et CDD réunis)
  • Taux de croissance du nombre de chercheurs et d’enseignants chercheurs en 2011
    Le taux de croissance est très en dessous des principaux pays européens (20ème rang)
  • Pourcentage de femmes chercheurs et ingénieures dans la R&D en 2011(source OCDE)
    Avec 25,6%, la France est au 26ème rang pour la féminisation en R&D
  • Emploi des chercheurs en RD en France
    Pour la première fois depuis 2009, il y a eu davantage d’emplois détruits dans les activités de recherche et développement (R&D) que d’emplois créés, soit 1165 contre 1027, en 2013.
  • Evolution du recrutement des enseignants-chercheurs et Effectifs du CNRS 2002-2012
    La baisse du recrutement porte à la fois sur l’enseignement supérieur……et sur la recherche : les effectifs du CNRS sont en baisse constante depuis 2002
  • CNRS personnels permanents 2002-2012
    La baisse des effectifs touche essentiellement les chercheurs et les techniciens
  • Evolution des non permanents au CNRS
    Une explosion du nombre de CDD, liés aux financements sur projets qui représente plus de 8.000 personnes au CNRS, soit près d’un tiers du personnel
L’emploi scientifique en France se caractérise par une faible croissance et une faible féminisation.
Dans l’enseignement supérieur il n’a cessé de se dégrader, les postes de titulaires, tous personnels confondus, dans tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, n’ont cessé de diminuer.
Les multiplication des emplois précaires a accompagné les baisses d’effectifs de titulaires mais les nouveaux dispositifs législatifs sont en train d’y mettre fin.

3. Évolution de l’emploi scientifique

  • Évolution des départs dans l’enseignement supérieur
    Dans les universités, le nombre d’enseignants chercheurs prenant leur retraite baisse de 30 % entre 2012 et 2017
  • Évolution prévisible des départs en retraite au CNRS
    Les années 2013-2016 s’inscrivent dans une baisse tendancielle des départs à la retraite et potentiellement des postes mis au concours (-38% en 2016 -/- 2012).
    Entre 2007 et 2012, les départs hors retraites, non remplacés, atteignent 653 postes.
  • Recrutements ingénieurs et techniciens au CNRS
    La baisse du recrutement concerne aussi les ITs. En 2013 les 375 recrutements annoncés au budget prévisionnel n’ont même pas été atteints.
  • Campagnes de recrutement chercheurs 100 postes chercheurs mis au concours en moins entre 2010 et 2014 (25%)
Étant donné la baisse prévue des départs en retraite, les recrutements vont baisser encore plus brutalement dans les années à venir dans la recherche et l’enseignement supérieur.
La baisse de la somme allouée à la masse salariale risque de compromettre même le remplacement de tous les départs en retraite.
La baisse des recrutements compromet le recrutement jeune et rend les concours ingérables du fait du nombre de candidats par poste.
La création de postes de titulaires permettrait de stabiliser les effectifs et de donner de l’espoir aux jeunes docteurs et ITs en CDD, et de baisser la pression sur les concours.

4. Conséquences pour les générations à venir

  • Taux de chômage des docteurs
    La France se distingue par le taux élevé de chômage des docteurs
  • Les chercheurs en entreprise en France
    Le faible emploi des docteurs en entreprise explique en partie ces chiffres. Les docteurs trouvent peu de débouchés dans l’activité R&D des entreprises, qui préfèrent embaucher des ingénieurs
  • Taux d’inscription dans l’enseignement supérieur
    Recul du taux d’inscription dans l’enseignement supérieur et en doctorat (de 83% en 2005 à 74.6% en 2011)
En France, le taux de chômage des docteurs est sans commune mesure avec le reste de l’OCDE et on assiste à des baisses d’inscription dans les universités et en doctorat.
Poursuivre dans cette voie va engendrer une crise profonde des vocations pour les carrières scientifiques qui pourrait mettre fin aux capacités de recherche et d’innovation dans notre pays.
La France est en passe d’emprunter le chemin de l’Italie ou l’Espagne avec des conséquences extrêmement rapides en termes de destruction profonde de leur système de recherche.
La Chine ou l’Inde, voire les Etats Unis, investissent massivement dans la recherche et la formation des jeunes docteurs.

Une nouvelle ambition pour la recherche

  • L’emploi scientifique pérenne est un atout majeur du système français.
  • Au nombre des traits caractéristiques du « modèle français » de recherche et d’enseignement supérieur, les carrières scientifiques stables et démarrées jeune jouent un rôle essentiel.
  • Par ailleurs, la réputation attachée à ces emplois permanents permet d’entretenir un haut niveau de qualité de recrutement, en France et à l’étranger : 30% environ des lauréats chargés de recherche du CNRS sont de nationalité étrangère.
  • Pour préserver cette spécificité, il faut développer l’attractivité de ces postes statutaires.

Texte conjoint entre la direction du CNRS et le Comité National lors des Assises (novembre 2012).

Solutions

  • Pour la France, un plan pluriannuel de l’emploi scientifique au sens large (chercheurs, EC et IT) afin d’éviter des années blanches de recrutement et la crise des vocations qui s’en suivrait.

Demande conjointe par la direction du CNRS et le Comité National lors des Assises (novembre 2012).

  • Emploi scientifique : adresse à Madame la Ministre Geneviève Fioraso (CS CNRS Mai 2013).


« Aujourd’hui, en plus de maintenir l’emploi scientifique statutaire en remplaçant les départs à la retraite, il faut résorber la précarité et redonner aux carrières scientifiques dynamisme et inventivité. »