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Stratégie nationale de l’enseignement supérieur : remise du rapport d’étape - 09 juillet 2014

vendredi 11 juillet 2014

Communiqué de presse de Benoît Hamon et Geneviève Fioraso - 09 juillet 2014

Benoît Hamon, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Geneviève Fioraso, secrétaire d’État en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ont reçu, ce mercredi 9 juillet, Sophie Béjean, présidente du Comité StraNES (stratégie nationale de l’enseignement supérieur), présidente de Campus France, et Bertrand Monthubert, rapporteur général du comité StraNES, président de l’Université Paul Sabatier à Toulouse. Sophie Béjean et Bertrand Monthubert ont remis aux ministres le rapport d’étape du comité StraNES.

Composé de 25 personnalités qualifiées, le comité StraNES est un lieu d’expertise, de consultations et d’échanges, qui contribue à l‘élaboration de la stratégie nationale de l’enseignement supérieur, dont le principe a été inscrit dans la loi du 22 juillet 2013.

Benoît Hamon et Geneviève Fioraso ont vivement remercié Sophie Béjean et Bertrand Monthubert ainsi que les membres du comité StraNES pour la qualité du travail réalisé. Ce rapport a fait l’objet de nombreuses auditions et séminaires de travail, s’inscrivant dans la continuité de la concertation initiée avec les Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce travail a également été mené en synergie avec les travaux de la stratégie nationale de recherche (SNR).

Les ministres ont rappelé la priorité accordée par le Gouvernement à l’éducation, à l’enseignement supérieur et la recherche. Plus que jamais, cette priorité doit se traduire par des actions lisibles et claires, tant dans les objectifs poursuivis, les moyens mobilisés, la convergence des politiques, que dans la cohérence de l’organisation des institutions et des acteurs. C’est tout l’enjeu de cette stratégie nationale de l’enseignement supérieur.

Des orientations sont d’ores et déjà données par ce rapport d’étape, qui devront être précisées lors de la remise du rapport définitif à l’automne. Elles rejoignent largement les objectifs des deux ministres pour l’enseignement supérieur : parvenir à 50 % d’une classe d’âge au niveau L3, poursuivre l’effort en faveur de la démocratisation de l’accès aux études supérieures, améliorer l’insertion professionnelles des jeunes diplômés et conforter la place de l’université dans la société française, notamment en accroissant son rôle en faveur de la formation continue et de la formation des enseignants.

Les deux ministres rappellent l’effort déjà engagé pour améliorer les conditions de vie étudiantes, qui sont un préalable indispensable à la réussite des jeunes (réforme des bourses, avec 458 M€ supplémentaires de 2012 à 2014, effort exceptionnel pour augmenter l’offre de logement social étudiant). Les propositions du rapport définitif retenues par les ministres seront ensuite soumises au débat public par la consultation des instances représentatives et des commissions parlementaires compétentes.

A lire sur le site du Ministère.

Voir aussi le site dédié à la stratégie nationale de l’enseignement supérieur (StraNES).


Communiqué de presse du Snesup - 11 juillet 2014

Le rapport d’étape du comité Stranes (stratégie nationale de l’enseignement supérieur) a été remis au ministre Benoît Hamon et à la secrétaire d’État Geneviève Fioraso, mercredi 9 juillet 2014.

Le SNESUP-FSU a participé aux auditions organisées par le comité et a apporté des contributions écrites.

Il est en accord avec certains constats effectués par le comité, comme par exemple "l’épanouissement social de la jeunesse difficile", le fort taux de chômage, « le déclassement », « le système éducatif fortement reproducteur d’inégalités ». Le SNESUP-FSU a maintes fois dénoncé le niveau insuffisant de l’investissement du pays dans les dépenses d’enseignement supérieur, ce que le comité confirme en précisant qu’elles n’ont augmenté en France que de 16 % entre 1995 et 2010, contre 50 % en moyenne dans l’OCDE.

Par ailleurs, le SNESUP-FSU défend de longue date certains principes qui se retrouvent dans le rapport du comité :

  • le renforcement du lien formation-recherche pour que la formation puisse « évoluer constamment au gré des avancées scientifiques »,
  • le développement de la formation continue ( appuyée sur une formation initiale solide),
  • la nécessité de « former plus de diplômés au niveau licence, master et doctorat », permettant « à chacun d’acquérir des connaissances fondamentales et des compétences transversales, qui lui permettront de changer de métier au cours de leur vie »,
  • la reconnaissance de l’investissement des enseignants-chercheurs et enseignants dans la formation, et l’accent mis sur les équipes pédagogiques, au même titre que les équipes de recherche,
  • la nécessité de favoriser l’emploi des docteurs, en proposant de « conditionner l’obtention du CIR au-delà d’un certain seuil à la proportion de docteurs dans les effectifs de recherche de l’entreprise ou à l’engagement d’embauche de docteurs »,
  • la démocratisation de l’accès aux études supérieures : le comité fixe comme objectif de « diviser par deux l’écart social de diplomation » (65 % de diplômés chez les enfants de cadre contre 30 % chez les enfants d’employés ou ouvriers), en « adaptant et assouplissant les parcours dans le supérieur » (ce qui suppose des moyens d’accompagnement de la diversification des parcours),
  • le refus de la hausse des droits d’inscription et de la sélection,
  • « les entreprises doivent contribuer davantage » car elles sont « mieux armées pour innover, pour se développer et pour être compétitives grâce à l’enseignement supérieur »,
  • l’accent mis sur la formation des enseignants-chercheurs à la pédagogie, en création de « centres de développement pédagogique pour développer les pratiques innovantes et former les enseignants et enseignants-chercheurs à la pédagogie » doit s’accompagner des moyens de formation, initiale insérée au doctorat, ou continue pour les enseignants et enseignants-chercheurs avec décharge d’enseignement correspondante.

Par contre le SNESUP-FSU est en désaccord ou émet des réserves sur un certain nombre de points. « Valoriser la qualité de l’enseignement supérieur français dans les classements internationaux » notamment en participant au « programme U-Multirank », nécessite pour le moins de savoir à quoi peuvent servir des classements : le SNESUP-FSU s’oppose à ces classements, qui reposent sur une forte dose d’arbitraire, et n’ont d’autre vocation que de permettre de limiter des dotations aux moins bien classés.

Des précisions seront sans doute à apporter sur l’utilisation du numérique, qui ne peut être une panacée mais doit être fortement pensée en lien avec les projets de « former à la pédagogie » et de « lancer un programme de recherche sur l’éducation supérieure ».

De la même façon, l’organisation des études permettant des réorientations liées à la « maturation et au développement personnel » est un vœu permanent du SNESUP-FSU, qui se heurte aux difficiles mises en place de passerelles, remédiations ou soutiens, faute des moyens suffisants en personnels dans l’ESR.

En outre, si le problème des « conditions matérielles des études » est un point fondamental pour permettre aux étudiants de suivre correctement leur cursus, « généraliser les schémas territoriaux de vie étudiante » est une formule qui laisse perplexe.

Dans ce domaine de l’articulation national-territorial, le rapport souffre d’un manque de propositions quant à la régulation nationale de l’ESR et à la construction d’un maillage territorial équilibré des formations et de la recherche. La promotion du « contrat quinquennal » , « lieu de la concrétisation de la dynamique collective » ne peut faire abstraction des nouvelles dispositions législatives qui redéfinissent le paysage de l’ESR :

  • ainsi, les regroupements seraient « la pierre angulaire » de cette « dynamique collective », alors qu’en ce moment même les établissements et les organismes sont dans des impasses pour construire ces structures qui dessaisissent la communauté universitaire de la construction de coopérations librement choisies dans un cadre démocratique,
  • Le rôle du CNESER n’est en outre pas réaffirmé, alors qu’il doit être un élément central pour la régulation de l’ESR, avec éventuellement des déclinaisons territoriales,
  • L’appel à projet PIA2 consacre les projets IDEX et I-SITE qui définissent un système à deux vitesses et à deux orientations, décrit par les termes « diversification raisonnée et vocation différenciée des différents sites ». Dans les faits, les IDEX « pôles pluridisciplinaires d’excellence d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial » demeurent et les ISITE (initiatives science - innovation - territoires – économie), destinés aux « sites dont les forces scientifiques sont plus concentrées sur quelques thématiques d’excellence » font leur apparition et amplifient l’importance accordée aux « retombées économiques » des projets.

Enfin, la régulation de l’enseignement privé est un point nodal sur lequel le SNESUP-FSU n’a cessé d’alerter l’Etat. Le comité pointe « la responsabilité de l’État face au secteur privé de l’enseignement supérieur », rappelant qu’entre 2000 et 2012, le nombre d’étudiants du privé a augmenté de près de 60 % ». Les regroupements actuels sont un endroit où la « porosité (pour reprendre la terminologie ministérielle) » entre public et privé a été dénoncée par le SNESUP-FSU, sans que la loi ESR ne mette de barrières permettant de la combattre.