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Les universités privées de 350 millions d’euros - Benoit Floc’h, Le Monde, 8 novembre 2014

samedi 8 novembre 2014, par Tournesol, Pr.

350 millions en moins pour les universités, c’est juste le prix d’un airbus 380 !

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Les professeurs d’université seront-ils payés en décembre ? Pas sûr, a prévenu, il y a quelques jours, la Conférence des présidents d’université (CPU). La dotation annuelle de l’Etat aux établissements est versée en quatre fois. Or, le versement du quatrième trimestre, viré fin octobre, était amputé de 20 %. Soit 350 millions d’euros en moins pour l’ensemble des universités du pays.

Depuis, les présidents, appuyés par Geneviève Fioraso, la secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, se démènent pour récupérer l’enveloppe que Bercy a gardée dans son coffre. Si les 20 % passent à la trappe, les deux tiers des universités seront dans le rouge, prévient la CPU. « Chez moi, cela représente 1,7 million d’euros, précise Gérard Blanchard, président de l’université de La Rochelle et vice-président de la CPU. Le risque, c’est que je ne puisse pas payer mes fonctionnaires en décembre. »

« Je ne pense pas que le gouvernement puisse prendre le risque d’une telle provocation », tempère Marc Neveu, cosecrétaire général du principal syndicat des enseignants-chercheurs, le Snesup-FSU. « Ce serait une première ! En revanche, il est possible que le budget de fonctionnement des universités soit restreint. Le gouvernement est aux abois ! On racle les fonds de tiroir pour faire tourner la boutique… »

Peu ou pas de marges financières

Si l’Etat refuse de verser le reliquat qu’il doit encore aux universités, celles-ci seront obligées de puiser dans leurs réserves. « Nous devrons retourner devant nos conseils d’administration pour obtenir l’autorisation d’aller chercher l’argent dans les fonds de roulement, explique M. Blanchard. Mais aucun de nos conseils n’acceptera cela.  » Par ailleurs, certains établissements ont très peu, voire pas du tout de marges. « Certaines universités ne pourront pas faire face, prévient M. Blanchard. On n’aimerait pas que ça dérape. S’ils ne sont pas payés, il ne faut pas croire que les gens resteront dans leurs bureaux…  »

Il y a urgence. Pour les payes de décembre, c’est maintenant que les présidents doivent lancer la machine, disent-ils. Bercy refusant de céder, ce sont Matignon et l’Elysée qui devront trancher. «  Cela va se passer ce week-end ou lundi, confie une source proche du dossier. Mais on ne sait pas ce qu’il va en sortir. Bercy n’arrive pas à finir l’année. Le ministère du budget regarde donc partout où il peut récupérer de l’argent. Entre les ministères, c’est la bagarre. »

« Serons-nous payés en décembre ? », se demande le blogueur de Gaïa Universitas. L’auteur, un ou une universitaire anonyme, observateur avisé de la vie des campus, n’a pas la réponse. Et si l’Etat rechigne à payer ses enseignants-chercheurs, il se réjouit en tout cas que «  les rémunérations dans les cabinets ministériels du gouvernement [soient] en augmentation de 7,1 % par rapport au gouvernement Ayrault (2013) ». Et de grincer : «  On apprend aussi que les membres de cabinet les mieux rémunérés sont ceux de l’ESR, l’enseignement supérieur et la recherche (il est vrai que l’ESR croule sous l’argent) ».