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Comment faire confiance à Alain Bonnin ? 14 octobre 2016

Droit de réponse du collectif "Université Debout" au président de l’université de Bourgogne

samedi 15 octobre 2016, par Laurence

Le collectif dijonnais "Université debout" s’est formé en réaction aux coupes budgétaires affectant les formations à l’université de Bourgogne. Pour plus de renseignements sur un mois et demi de mobilisation … lire ici

Le président de l’université de Bourgogne, Alain Bonnin, a envoyé le 12 octobre un courrier à l’ensemble des personnels et étudiants. Cette lettre a été relayée dans les médias. Nous souhaitons exercer notre droit de réponse et donner notre version de la crise en cours.

La très longue auto-justification du président Bonnin et de son entourage repose sur une série impressionnante d’approximations et de contre-vérités. Impossible de les signaler toutes ici ; en voici quelques-unes.

Il affirme qu’il œuvre pour défendre des formations. Comment le croire ? À la rentrée 2016 l’université a enregistré une augmentation de 10 % des effectifs étudiants : au 3 octobre 2016, 2183 étudiants de plus qu’à la rentrée 2015 – M. Bonnin n’en reconnaît que « 600 ». Or, au Conseil d’administration du 19 octobre 2016, M. Bonnin proposera une réduction d’une ampleur inégalée du budget formation, de « - 15,5 % ». La logique comptable de M. Bonnin exercée sans concertation aucune ramène l’enseignement universitaire à une simple question de chiffres, ce qui est indigne.

« Notre université, proclame-t-il, est fière également d’avoir maintenu la totalité de son offre de formation depuis 2012. » Comment le croire ? Voilà des années que les composantes sont obligées de rogner sur leurs budgets formation. Elles ont déjà péniblement répercuté, rentrée après rentrée, des - 3 %, des – 5 %. Elles ne peuvent aller au-delà sauf à toucher le cœur même des formations. Ce qui leur est aujourd’hui imposé, c’est de réduire drastiquement l’offre en langues, de détruire les dispositifs de soutien pour les étudiants de 1e année (voir par exemple la disparition de l’indispensable « semestre-rebond » en Sciences de la santé), de rayer de la carte des formation des parcours considérés comme inutiles (lettres classiques, musicologie…). M. Bonnin propose in extremis une rallonge budgétaire… qui ne couvrira pas même un tiers des pertes qu’il voulait imposer initialement.

L’État est responsable de la crise financière, répète M. Bonnin. L’État a sans aucun doute sa part car il se désengage d’une de ses missions essentielles. Mais l’université a des marges de manœuvre. Elle a déjà fait des choix lourds de conséquences : elle a décidé la création d’un I-Site (Initiatives – Science – Innovation – Territoires – Économie), immense usine à gaz qui a fixé trois « pôles d’excellence » surdotés et assèche les financements pour le reste de l’université puisque la plupart des filières ne peuvent s’y rattacher. Or la présidence a attendu fin septembre 2016 pour s’adresser officiellement au ministère et dénoncer mollement une crise qui couve depuis des années. Cette inflexion lui a été imposée par l’ampleur de la mobilisation des personnels et des étudiants. Jusque-là M. Bonnin a géré la crise discrètement ; alors comment le croire lorsqu’il parle de sa détermination inflexible ? Contrairement à ses dénégations, il est bel et bien un «  ‘bon élève’ docile et passif face au ministère ».

Il agite le chiffon rouge de la mise sous tutelle, menace qui se profilerait selon lui au-delà de 2,8 millions d’euros de déficit… Mais il tenait le même discours il y a quelques semaines lorsqu’il militait pour un déficit à 2,5 millions… Nous parlons autrement : il est vital de maintenir à la rentrée 2016 les formations proposées à la rentrée 2015. Cette demande est légitime. Nous devons nous en donner les moyens. Le courage consisterait à accentuer la pression sur le ministère, à travailler dans la concertation pour veiller aux bons équilibres de la vie universitaire. Il est donc indispensable de réfléchir sérieusement et sereinement à la perspective réaliste d’un déficit à - 3,5 millions d’euros. L’avenir de nos formations en dépend. L’argumentaire de M. Bonnin repose sur la hausse du nombre d’étudiants, mais tout est fait pour que dans les années à venir les étudiants s’orientent vers d’autres campus, en particulier ceux qui viennent de loin (les étudiants étrangers). Cette logique résulte d’une navigation à vue, ce que ne se permettrait aucun chef d’entreprise à la tête d’un budget comme le nôtre.

Le président Bonnin considère que nous sommes dans « un certain désarroi ». Mais ce n’est pas le désarroi qui nous habite. Nous sommes en colère et nous sommes déterminés à maintenir aussi longtemps que nécessaire une très forte pression pour sauver les formations à l’université de Bourgogne. C’est pourquoi nous invitons les enseignants, personnels et étudiants en colère comme nous à venir nombreux au CA du 19 octobre pour dire haut et fort que la crise est profonde et que la présidence ne s’est jusqu’ici pas donné les moyens de la régler.