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Jean-Luc Mélenchon veut mettre la VIe République à l’université - Erwin Canard, entretien avec Charlotte Girard, Educpros.fr, 10 avril 2017

jeudi 13 avril 2017, par Mam’zelle SLU

Cadrage national des conditions d’admission en licence, mandat unique pour les présidents d’université, fin des Comue... Dans une interview réalisée par écrit pour EducPros, Charlotte Girard, responsable du programme de Jean-Luc Mélenchon, détaille ses propositions. Nouveau volet de notre série d’entretiens à l’occasion de l’élection présidentielle.

Vous souhaitez rendre l’université gratuite dès 2017. Pourquoi et comment une telle mesure serait-elle possible, seulement quelques semaines après votre arrivée au pouvoir ?

Le total des frais d’inscription réglementaires représente une somme de 385 millions d’euros, mais 110 millions sont déjà reversés par l’État au titre des exonérations diverses, et toutes les universités ont déjà une ligne correspondant à ces transferts dans leur budget. La prise en charge par l’État passera par ces canaux existants.

Quelle est votre position sur la sélection à l’entrée de l’université ?

Les débats sur la dose de sélection à appliquer en licence reviennent à discuter de la gestion de la misère. Nous ne partageons pas cette vision malthusienne qui vise souvent les jeunes des classes populaires. Nous voulons investir dans l’enseignement supérieur public, notamment en embauchant des enseignants-chercheurs et personnels administratifs et de bibliothèque.

Au-delà de ça, il faudra consulter les instances compétentes, mais aussi les organisations étudiantes et les sociétés savantes, pour élaborer un cadre national qui spécifiera l’inventaire des diplômes, ainsi que les conditions pour être admis de droit dans un cursus de licence (essentiellement le type de baccalauréat) ou de master. Cela permettra de garantir des places en DUT ou en BTS aux bacheliers de filières technologiques et professionnelles.

Pour les étudiants ne satisfaisant pas ces conditions, les universités pourront procéder à un examen des dossiers, mais elles devront prévoir des années blanches, c’est-à-dire une remise à niveau pour des étudiants venant de spécialités différentes.

Pourquoi voulez-vous abroger les lois LRU et Fioraso ?

Le désengagement de l’État de l’ESR passe très largement par la mal-nommée "autonomie" des universités, acquise via la LRU, la loi Pécresse de 2007, et renforcée en 2013 par la loi Fioraso. Son approfondissement est dans les programmes de tous les candidats sortants (Hamon, Macron, Fillon).

Rendre les universités autonomes sans leur donner les moyens correspondants était un cadeau empoisonné. Quand l’augmentation des coûts de l’énergie n’est pas compensée, les universités doivent choisir entre recruter et payer le chauffage. Même chose pour la politique salariale du ministère, jamais compensée financièrement... C’est la faillite assurée.

En conséquence, les universités développent des stratégies de compétition toujours plus féroces entre elles. Les plus grosses fusionnent entre elles, créant ainsi un système universitaire à deux vitesses : les petites universités, souvent dans des villes de moyenne taille, et les campus taille XXL, qui accélèrent la concentration urbaine et les dynamiques de concurrence.

Cette évolution alimente également la crise de la démocratie universitaire. On a vu des conseils d’administration auxquels l’opposition n’avait pas reçu de convocation en bonne et due forme, ou bien des présidents perdre leur majorité mais sauver leur poste grâce aux voix de membres nommés. On pourrait aussi parler de l’explosion des frais somptuaires et des primes exécutives dans certaines universités fermant des cursus et gelant des postes... Cela ne peut plus durer ! Il faut mettre la VIe République à l’université : un mandat unique sera instauré pour les présidents, qui seront désignés et pourquoi pas révoqués par les membres élus du CA, par eux seuls, et en leur sein.

"Les Comue servent à contourner la démocratie universitaire".

Vous souhaitez donc supprimer les Comue mais, dans le même temps, associer les grandes écoles et les universités. Quelle forme prendrait cette association ?

Les Comue sont des monstres bureaucratiques et servent à contourner la démocratie universitaire. Elles seront dissoutes. Cela ne signifie pas que nous soyons opposés à toute forme de mise en réseau. Bien au contraire ! Les réformes Pécresse et Fioraso ont mis en danger des réseaux efficaces, librement consentis et basés sur des projets réels.

S’agissant de la réintégration des grandes écoles au système universitaire, l’étape majeure est la création d’un nouveau cadre national de l’université. Cette structure reposera sur l’association du CNU (Conseil national des universités) et du Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche), tous les deux renouvelés et démocratisés. Elle garantira l’équité des moyens, la lisibilité des offres de formation et le caractère national des statuts. Le Cneser sera consulté sur les dotations budgétaires et il veillera à ce que les écarts de financement soient résorbés par le haut.

L’appartenance à cette structure sera la condition pour la reconnaissance des diplômes d’un établissement par l’État. Les grandes écoles auront donc vocation à intégrer ce cadre national.


Vous souhaitez développer les BTS et DUT : cela signifie-t-il ouvrir plus de places dans les filières sous tension. Et à qui seront destinées ces voies ?

Notre volonté est en effet de permettre la poursuite d’études en BTS et en DUT. En ouvrant des places mais aussi en agissant de façon active pour encourager les lycéens, en particulier des voies professionnelles et technologiques, à poursuivre dans ces voies. Ainsi, nous introduirons pour ces derniers un système de bonifications dans la procédure APB vers certaines filières sous tension.

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