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Parcoursup : Comment créer des places à l’Université (d’un coup de baguette magique) ? - Julien Gossa, blog Educpros, 8 avril 2018

lundi 9 avril 2018, par Laurence

On a pu lire, ici ou , la création de 19000 places à l’Université. Par « places », on imagine tous très bien une chaise dans une salle avec un enseignant. 19000 places, c’est énorme : l’équivalent d’une nouvelle université. De quoi résoudre une bonne partie des problèmes rencontrés par l’enseignement supérieur.

En approche budgétaire, une année universitaire coûte en moyenne 11000€, ce qui reviendrait à un financement total de 209M€. Pourtant, l’annonce la plus spectaculaire est de 500M€ sur 5 ans, soit 100M€ par an, c’est-à-dire moins de la moitié. Ces 500M€ ne sont de toutes façons pas consacrés à l’augmentation des places, mais à la mise en oeuvre des mesures d’accompagnement.

D’où viennent donc ces 19000 places supplémentaires ?

Tout d’abord, il faut savoir que la notion de « places » n’existe pas à l’Université. Ce n’est pas comme un cinéma, où il suffit de compter le nombre de fauteuils. Dans une universités, il y a des salles de types différents, des cours différents, des enseignants différents, des mutualisations et des effets de seuil… Bref, personne ne sait « compter les places » ni même définir ce que ça veut dire. Alors, en soi, déclarer un nombre de places supplémentaires n’a pas vraiment de sens.

Il y a cependant deux notions approchantes :

- les effectifs : c’est le nombre d’étudiants inscrits dans une filière. Il ne correspond jamais au nombre d’étudiants présents : les effectifs sont toujours supérieurs, voire très supérieurs, ne serait-ce que sous l’effet des abandons de début d’année.
- Les capacités d’accueil : c’est le nombre de bacheliers maximum qui seront admis en L1, et qui a dû être déclaré par toutes les filières pour la première fois cette année.

Une augmentation du nombre de « places » ne peut être déduit ni des effectifs (puisqu’on ne connait pas ceux de l’an prochain), ni des capacités d’accueil (qui n’existaient pas l’an dernier). En sacrifiant de la rigueur, il peut éventuellement être déduit de la différence entre les effectifs de l’an dernier et les capacités d’accueil de l’an prochain. Cependant :

- il est bien peu rigoureux de soustraire deux valeurs de types différents (« des patates et des carottes ») ;
- les effectifs ne représentent pas le nombre de places (entre les chaises vides et les salles trop pleines) ;
- ce calcul est totalement dépendant de la façon dont ont été définies les capacités d’accueil.

Comment ont été définies les capacités d’accueil ?

Il est impossible de le savoir au niveau national. Cependant, je peux expliquer comment cela s’est passé au niveau local.

Comme il fallait être prêts pour la loi pas encore votée, il a été demandé à toutes les équipes pédagogiques de réfléchir à leurs capacités d’accueil, mais avec l’objectif d’ajouter 10% aux effectifs de l’an dernier. Les filières qui ne pouvaient ou ne souhaitaient pas appliquer mécaniquement ces 10% devaient se rapprocher de la Vice-Présidence Formation pour une négociation à huis-clos.

Ensuite, les capacités d’accueil ont été remontée pour vote à la CFVU… Mais dans le même temps, le calendrier étant contraint, ces capacités d’accueil ont été redescendue par le rectorat. Selon la loi, c’est en effet le rectorat qui fixe les capacités d’accueil, et pas le président de l’université. Les capacités d’accueil n’ont donc pas été approuvées par la CFVU.

Les capacités d’accueil ont ensuite été soumises au CA, qui les a votées sans en discuter les détails.


Au final, les capacités d’accueil locales sont donc les effectifs de l’an dernier auxquels on a ajouté +10%, à quelques négociations prêts.

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