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L’encadré jaune de Parcoursup, nouvelle angoisse des bacheliers - Tribune d’Astrid Sentis, Bachelière dans Libération, 31 juillet 2018

mardi 31 juillet 2018, par Mariannick

Astrid Sentis, qui vient d’obtenir son bac, dénonce les malentendus générés par l’affichage du « pourcentage de candidats ayant accepté la proposition » sur la nouvelle plateforme d’orientation dans l’Enseignement supérieur.

À lire ici.

Parcoursup avait promis de nous sauver d’APB et d’être le bienveillant système triomphant d’une machine sans cœur et inégalitaire. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche a affirmé « remettre de l’humain » dans le processus. Un comité éthique et scientifique a même été créé tout particulièrement pour « veiller à la transparence des règles de fonctionnement et à l’efficacité de la plateforme ». Quelle chance nous avons de recevoir nos réponses via Parcoursup cette année !

Le 12 juillet est apparu sur Parcoursup, pour beaucoup de candidats en attente d’une formation, un encadré jaune vif affichant « Pourcentage de candidats ayant accepté la formation : 100% ». Sans nulle autre explication. A ce moment de l’été où beaucoup ne sont pas encore inscrits et attendent de savoir quel établissement les accueillera en septembre prochain, ce pourcentage est compris comme un synonyme de refus. Si 100% ont accepté, il n’y a plus de place, il faut renoncer.

Le 13 juillet, le site du Monde publie un article éclairant la signification de ce petit encadré jaune : en réalité, Parcoursup ne vous indique pas le pourcentage de candidats ayant accepté définitivement la formation que vous attendez, mais le pourcentage de ceux ayant répondu « oui » ou « oui mais ». Si la formation a accepté 30% des inscrits et que 70% sont encore en attente d’un autre vœu, le pourcentage affiché sera de 100%. Ce dernier est à 98% ou 99% lorsque certains choisissent entre deux propositions, et ils sont peu nombreux compte tenu du court délai de décision. Le pourcentage s’approchait donc forcément de 100%, même s’ils étaient très peu à être inscrits et que des places allaient se libérer.

Pourquoi alors ce jaune pour nous annoncer une non-information ? La réponse du ministère est la suivante : « Pour aider les jeunes à voir leurs chances réalistes sur leur liste d’attente. » De la bienveillance alors ? Comme promis ? Sauf que ce pourcentage n’informe de rien et n’aide personne. L’encadré génère un grave malentendu, et beaucoup l’ont mal interprété. Pourtant, aucune erreur de communication n’a été commise. Un ensemble de personnes a réfléchi au contexte, au contenu, à la formulation, à la couleur de l’encadré. Ce jaune, vif, trompeur, a entraîné des désistements et a incité des élèves à accepter une formation même si elle leur plaisait peu, voire leur déplaisait complètement, et ce même s’ils auraient pu en obtenir une autre. Pour le dire simplement : l’encadré n’a pas aidé les candidats.
Un de plus à être casé quelque part

Parcoursup étant friand de pourcentages, en voici un qui le concerne : mi-juillet 90% des étudiants sur APB (le système précédent) avaient donné un « oui définitif » et étaient inscrits ; ils étaient seulement 50% avec Parcoursup. C’est justement mi-juillet, face à ce constat, qu’a été décidé le malheureux quiproquo. Parcoursup a bénéficié de l’encadré, pas les candidats. Qu’importe qu’un jeune de 18 ans n’étudie pas dans la licence qu’il voulait, qu’importe qu’il l’ait espérée tous les matins pendant deux mois, qu’importe qu’il se désiste même s’il est deuxième sur la liste d’attente, qu’importe que l’angoisse l’ait rongé depuis le début des vacances et que la déception lui en gâche le reste. Il est un de plus à être casé quelque part. Quand les pourcentages rechignent à augmenter, il faut savoir les forcer.

Ce qui doit être dénoncé ici est la malhonnêteté et la malveillance d’un système dont cet encadré jaune n’est qu’une conséquence naturelle. Le système n’est pas efficace donc les règles de fonctionnement cessent d’être transparentes. Le site n’est ni « humain » ni bienveillant. Les promesses sont bafouées, la confiance est trahie. Ce n’est pas en mentant et en manipulant qu’on répare ses erreurs ; nous savons cela même à 17 et 18 ans.

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