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Universités épuisées - Le Monde, 10-11 janvier 2021

samedi 9 janvier 2021, par Elie, Mariannick

Souffrance,
Chaos,
Épuisement…
Colère !

À la Une :

• Avis d’épuisement général dans les universités !
• Les partiels ont été perturbés.
• L’organisation à distance a été chaotique, et, en présentiel, des candidats malades sont venus, pour éviter d’avoir zéro
• Sur les campus, le retour des étudiants les plus fragiles tarde à se concrétiser. Quant à la rentrée de tous prévue en février, elle s’éloigne peu à peu
• Après dix mois, les jeunes vivent de plus en plus mal un enseignement qui n’a jamais été conçu pour être dispensé en ligne
• La communauté universitaire, qui s’estime abandonnée par le gouvernement, prépare une grève pour le 26 janvier


Éditorial. L’enseignement supérieur en souffrance

Les années passées sur les bancs de l’université laissent en général des souvenirs émus, ceux de la découverte de l’indépendance et d’une immense liberté. La connaissance ouvre des horizons, tandis que se construisent de nouvelles relations sociales et amicales, dont certaines se prolongeront tout au long de la vie.
Mais que va retenir la génération d’étudiants qui tente de poursuivre ses études malgré la pandémie de Covid-19 ? Isolés dans des logements exigus ou obligés de retourner chez leurs parents, livrés à eux- mêmes en raison des contraintes sanitaires, les jeunes traversent une épreuve dont ils ne voient pas l’issue. Faute de perspectives, l’épuisement prend le dessus, l’angoisse de l’échec est omniprésente, la déprime menace.
Des solutions mêlant enseignement présentiel et à distance ont certes permis d’éviter les décrochages en masse, mais elles n’ont pas empêché l’altération de la relation pédagogique. Vissés derrière leur écran pendant parfois plusieurs heures, les étudiants pâtissent de l’absence d’échanges directs avec les professeurs, dont certains ont du mal à adapter leurs cours aux nouvelles contraintes. Faute de pouvoir transmettre leur savoir dans de bonnes conditions, certains enseignants passent du temps à faire du soutien psychologique.
Ces difficultés sont communes à l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, partout dans le monde. Mais en France, elles sont accentuées par un manque de vision politique et d’ambition pour les universités et une ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui brille par sa discrétion.

Les universités anglo-saxonnes ont adopté des politiques plus radicales, mais qui ont le mérite de la clarté. Bon nombre d’entre elles ont décidé dès l’été que le semestre d’automne, voire toute l’année, serait entièrement en ligne. En France, les valses-hésitations et les changements réguliers de protocole sanitaire épuisent les enseignants, les empêchent de se projeter, tandis que les étudiants peinent à s’adapter sur le plan matériel, certains se retrouvant contraints de payer le loyer d’un appartement devenu inutile, alors que tous les cours sont à distance.

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Une rentrée chaotique à l’université

Soazig Le Nevé et Wessim Jouini
Les incidents se sont multipliés lors des examens à distance comme en présentiel. La mise en place de groupes de dix étudiants « prioritaires » sur les campus se fait attendre.
C’est la rentrée de la confusion pour les quelque 1,7 million d’étudiants dans les universités. Flou sur les dates de reprise des cours en présentiel, sessions de partiels perturbées voire annulées… De nombreux dysfonctionnements ont émaillé la semaine alors qu’une dizaine d’organisations syndicales de l’enseignement supérieur a lancé, vendredi 8 janvier, un appel à la grève pour le 26 janvier, notamment pour demander la réouverture des facultés.

Les établissements n’ont pas eu matériellement le temps et les moyens d’appliquer des consignes reçues au premier jour des vacances de Noël, le 19 décembre 2020. Des mesures prévoyant notamment l’instauration en présentiel de groupes de dix étudiants « en fragilité », une reprise des travaux dirigés (TD) en demi-jauge pour les premières années dès le 20 janvier, et un renforcement massif du tutorat avec la création de 20 000 emplois étudiants supplémentaires pour des missions de quatre mois.

Des universitaires, notamment parmi les juristes, s’inquiètent de ce que ces dispositifs n’aient pas encore fait l’objet d’un texte réglementaire, ce qui expliquerait le peu d’allant des universités à les mettre en pratique.

Sans modification d’un décret pris le 29 octobre pour cadrer notamment les conditions de l’enseignement à distance lors du reconfinement, la reprise en présentiel dans les amphis, prévue initialement en février, ne présente aucun caractère légal, souligne Clément Chauvet, responsable du département de droit de l’université d’Angers. « On se retrouve pris en tenaille entre la ministre qui nous dit de faire quelque chose d’actuellement illégal et ces mêmes annonces qui suscitent l’espoir de nos étudiants, explique-t-il. Que doit-on dire aux étudiants qui pensent que l’on peut, actuellement, les accueillir ? »

Retour en TD en suspens

Au ministère de l’enseignement supérieur, l’entourage de Frédérique Vidal reconnaît un retard mais assure qu’il n’y aurait « aucun risque » à appliquer la circulaire ministérielle, ces annonces découlant de mesures gouvernementales décidées le 10 décembre après la promesse d’Emmanuel Macron de « tout faire » pour rouvrir les universités en janvier.

« Cela peut arriver que la circulaire précède le décret. La mise en conformité ne saurait tarder », assure le ministère. Quant aux groupes de dix, ciblés sur les étudiants jugés prioritaires, ils se mettraient en place « la semaine prochaine, voire celle d’après  », et seraient « pérennisés » jusqu’à la fin de l’année, assure-t-on rue Descartes.

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