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Valérie Pécresse : "Je ressens un malaise vis-à-vis du procès de M. Chirac" - Le Monde, 1er février 2011

mardi 1er février 2011

Le procès de Jacques Chirac doit-il avoir lieu ?

D’abord, permettez-moi de vous dire que j’ai été consternée par le voyeurisme de certains à propos de l’ancien président de la République depuis qu’il a quitté la présidence de la République. Ce voyeurisme contraste avec l’extraordinaire dignité de Jacques Chirac. Il ne s’est jamais dérobé. Il a toujours dit qu’il irait devant les juges et qu’il dirait sa part de vérité aux juges. Alors quand j’entends Eva Joly comparer Jacques Chirac à Pinochet, je trouve que cela manque singulièrement de dignité. Mme Joly devrait réviser son histoire de France.

L’évocation de la maladie de M. Chirac par ses proches fait-elle partie de sa stratégie de défense ?

Ce n’est pas un sujet.

Vous n’avez pas répondu à la question. Ce procès doit-il avoir lieu ?

Je ressens, vis-à-vis de ce procès, un malaise. Je ne suis pas la seule puisque j’ai entendu Arnaud Montebourg, qui avait été un des grands combattants de Jacques Chirac, dire que ce procès vient trop tard, vingt ans après les faits. Je pense en plus que le préjudice a été réparé vis-à-vis de la Mairie de Paris. On a tourné la page. Jacques Chirac a été un grand président de la République. Les Français le plébiscitent. Ils considèrent qu’il a compté pour eux. Il y a un décalage entre ce procès et ce que la France doit à l’ancien président de la République.

Les Français ne doivent-ils pas être égaux devant leur justice ?

Si, mon sentiment personnel n’a rien à voir avec ce qui va se passer. Jacques Chirac l’a dit avec beaucoup de dignité. Il répondra à ses juges.

La commission Sauvé préconise de légiférer sur les conflits d’intérêts ? Jusqu’où faut-il aller ?

Il faut éviter la suspicion, mais ne pas tomber dans l’inquisition. Je suis pour la transparence. En revanche, on n’arrivera pas, en multipliant les interdictions, à couvrir tout le spectre des situations. Un ministre de la santé, peut-il avoir son père médecin, sa femme infirmière, sa fille pharmacienne ? A ces questions, je réponds oui.

Un parlementaire peut-il être avocat ?

Oui, bien entendu. à condition que la transparence soit assurée. Quand on fait de la politique, on entre dans une sorte de sacerdoce On doit assumer l’obligation de dire un certain nombre de choses sur nous-mêmes aux Français. Et tant pis si notre droit à la vie privée se réduit comme peau de chagrin. En revanche, là où ça devient plus compliqué, c’est vis-à-vis de l’entourage. Notre entourage n’a pas choisi notre vie.

Face à la menace d’une poussée du FN en 2012, la majorité est divisée sur l’opportunité d’une candidature centriste. Qu’en pensez-vous ?

Elle ne se justifie que s’il existe un projet alternatif, différencié, sinon cela dégénère en querelle de personnes et c’est très mauvais. Or je ne vois pas de projet alternatif au Nouveau Centre. Quant à Jean-Louis Borloo, il a travaillé main dans la main avec l’UMP pour porter des idées.


Propos recueillis par Jean-François Achilli, Jean-Jérôme Bertolus et Françoise Fressoz ("Dimanche soir politique")


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