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Luc Chatel nuance ses propos sur l’"enseignement précoce" de l’anglais - Maryline Baumard, Le Monde, 2 février 2011

mercredi 2 février 2011

Très critiqué pour avoir annoncé, le 25 janvier, vouloir instaurer un enseignement de l’anglais dès 3 ans, le ministre de l’éducation a profité d’une visite au salon Expolangues, mercredi 2 février à Paris, pour préciser un peu son projet, jusque-là assimilé par la plupart des observateurs à une annonce qui ne serait pas suivie d’effets.

Une annonce perçue comme un dérivatif pour détourner d’une rentrée qui se prépare difficilement dans les écoles, collèges et lycées, compte tenu des 16.000 postes supprimés au budget 2011.

Mercredi, Luc Chatel est revenu sur trois points qui faisaient polémique. D’abord, il a effacé de son discours la notion d’"enseignement précoce des langues", le remplaçant par une "sensibilisation". Nuance de taille qui induit que les programmes de 2007 ne seront pas forcément revus et corrigés.

Aujourd’hui, l’enseignement d’une langue vivante est obligatoire du CE1 au CM2, à raison de 54 heures annuelles. S’il est effectif à 100% dans les deux classes du cours moyen, sa mise en place semble plus hypothétique en CE1. Mais les taux de couverture ne sont pas communiqués par le ministère. Ce qui faisait dire à de nombreux observateurs qu’il vaudrait mieux dans un premier temps s’assurer de la qualité de l’enseignement fourni dans les classes où il est obligatoire avant d’élargir l’offre.

LE MUR DES RÉDUCTIONS DE POSTES

Le deuxième point contesté était l’idée d’un développement de cet "enseignement-sensibilisation" via les nouvelles technologies. Il lui avait alors été rétorqué que c’est bien mal connaître les enfants de 3 ans que vouloir les installer face à un ordinateur. A cet âge, la médiation et le lien à l’enseignant restent essentiels, s’était insurgée l’association des enseignants de maternelle.

Ayant entendu la critique, le ministre s’est interrogé à voix haute mercredi sur l’idée de "solliciter l’intervention de professeurs d’anglais du secondaire" pour assurer cette initiation en première année de maternelle. Une mesure qui se heurte à un autre mur. Celui des réductions de postes qui font que les enseignants en langue ont le plus souvent un emploi du temps complet, voire assurent des heures supplémentaires en collège ou en lycée.

Le dernier motif de critique portait sur la confusion ministérielle entre enseignement des langues et enseignement de l’anglais. Luc Chatel a rappelé à Expolangues que "cet apprentissage [de l’anglais] n’est ni limitatif ni exclusif des autres langues". Il s’est surtout référé à un sondage CSA dans lequel "70% des Français comme des parents d’enfants scolarisés" estimaient que l’apprentissage de l’anglais dès 3 ans était une bonne chose.


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