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Les chiffres et les lettres de la fracture - par Pierre Merle, sociologue - Le Monde, 5 septembre 2011

lundi 5 septembre 2011

La ségrégation scolaire est associée à trois phénomènes interdépendants : une baisse du niveau moyen de compétences scolaires des élèves, une accentuation des écarts de compétences entre les 10 % les plus faibles et les 10 % les plus forts, et un niveau de réussite scolaire des élèves de plus en plus dépendant de leur origine sociale.

Ce résultat est celui mis à jour pour les élèves français âgés de 15 ans dans les dernières comparaisons internationales menées dans le cadre de PISA 2009. Il ne faut pas s’en étonner : 25 % des élèves les moins performants, d’origine populaire, étaient scolarisés dans les zones d’éducation prioritaire en 2003 ; 33 %, en 2009. Par ailleurs, une part trop grande des diplômés de masters, familiers de la pratique des textos, ne font plus de distinction entre les homophones grammaticaux tels que "a" et "à", "où" et "ou", "on" et "ont", "Etat" et "état"...

Une vraie sélection à l’entrée du métier de professeur est indispensable pour éviter que, demain, les élèves découvrent sur leur tableau noir des fantaisies orthographiques déroutantes : "La solidarité social à baisser..." ; "Les états on réagit...".

La scolarisation à 2 ans, dont le ministère a pourtant démontré, dans une recherche de 2003, les effets positifs sur l’apprentissage de la lecture en CP, a été divisée par plus de deux, de 34,3 % en 2000 à 13,6 % à la rentrée 2010. En Seine-Saint-Denis où les difficultés scolaires sont maximales, le taux de scolarisation des enfants à 2 ans est inférieur à 5 %, alors que dans certaines communes de ce département (Drancy, Clichy-sous-Bois, Aulnay-sous-Bois...), plus de 85 % des habitants âgés de plus de 15 ans sont sans diplôme !


Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/idees/article...