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Nicolas Sarkozy chouchoute les agrégés, Nathalie Brafman, Le Monde.fr éducation, 16 avril 2012,

mercredi 18 avril 2012

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Pas touche au statut des agrégés ! Depuis sa création en 1914, la Société des agrégés (8 000 adhérents) le défend bec et ongles. Début février, elle a envoyé aux candidats à la présidentielle (excepté Jacques Cheminade, qui à l’époque n’était pas candidat) 25 questions concernant l’enseignement secondaire, le statut et les conditions de travail des professeurs, les classements internationaux et bien évidemment le statut des agrégés.

Tous les candidats ont rendu leur copie. Certains sans rentrer dans les détails, comme Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), qui a bien précisé qu’elle était elle-même "enseignante agrégée" mais pas "capable de répondre dans le détail à chacune de vos interrogations". D’autant que selon la candidate de Lutte ouvrière, il manque dans les interrogations de la société des agrégés une question centrale : celle des moyens financiers et humains accordés à l’éducation.

D’autres ont répondu très longuement comme Eva Joly, conseillée par le pédagogue Philippe Mérieux. La candidate d’Europe Ecologie-Les Verts n’y est d’ailleurs pas allée par quatre chemins. Rejoignant curieusement les propositions de Jacques Grosperrin, député UMP et secrétaire national chargé des politiques éducatives, elle préconise comme lui la suppression pure et simple de l’agrégation externe pour ne conserver que l’agrégation interne. Ce qui conduirait au final à supprimer tous les concours de recrutement. Une hérésie pour la Société des agrégés ! Celle-ci juge en effet déjà "inacceptable" la nomination par liste de certains professeurs au grade d’agrégés alors qu’ils n’ont jamais été reçus, ni au concours externe, ni au concours interne. En 2011, 277 professeurs ont été ainsi promus agrégés.

" Approuvez-vous ou non cette situation ? ", a demandé la Société. Silence radio du côté de François Hollande (PS), de François Bayrou (Modem) et forcément d’Eva Joly. Nicolas Sarkozy (UMP) est resté flou. Seule Marine Le Pen (Front National) est très claire sur cette question : "le titre de professeur agrégé doit être réservé exclusivement à des personnes ayant été reçues au concours, qu’il fût externe ou interne".

"GÂCHIS"

Sans "se mouiller" vraiment, Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) se dit attaché au concours nationaux et disciplinaires. "Nous n’approuvons pas l’agrégation par liste telle qu’elle existe actuellement, sans exclure pour autant que de manière exceptionnelle, des enseignants soient reconnus agrégés honoris causa, dès lors que les critères de sélection sont académiques".

L’autre question cruciale est l’affectation. On le sait, la Société des agrégés goûte assez peu que ses professeurs soient affectés au collège. Il y a quelques années, elle avait même lancé une pétition pour s’en plaindre. Un véritable "gâchis" selon elle ; au statut qui prévoit qu’ils doivent enseigner dans les classes prépa, dans les lycées et dans les établissements d’enseignement supérieur mais "exceptionnellement", dans des classes de collège. Sur 45 500 agrégés dans le second degré public, 9 000 enseignent au collège.

Pour Nathalie Arthaud, il serait temps d’en finir avec "cette vieille distinction entre agrégé et certifié [titulaires d’un Capes] qui n’est qu’un moyen d’introduire des divisions artificielles". Eva Joly estime que leur fonction dans le secondaire "doit être précisée". Ils sont en effet mieux payés que leurs collègues qui n’ont obtenu qu’un Capes, font moins d’heures ; tout cela semble "être surtout justifié au titre de récompense pour avoir passé un concours plus difficile". Finalement, seuls François Bayrou, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy les voient enseigner en priorité au lycée et dans le supérieur. "Il est impératif d’affecter prioritairement, je dirais même exclusivement, les professeurs agrégés sur les deux dernières années du lycée et le début des études supérieures", a estimé Nicolas Sarkozy. Ce dernier fait même une promesse : s’engager à faire appliquer strictement les textes existants et à mettre en oeuvre des mesures assurant une affectation prioritaire des agrégés en lycée.

Nathalie Brafman