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De la MNEF à la Mutuelle des Etudiants : à qui profite le crime ? Un article de Christian Lehmann - Poolp, 5 juillet 2014

mercredi 16 juillet 2014

De la MNEF à la Mutuelle des Etudiants : à qui profite le crime ? Un article de Christian Lehmann, sur son blog Mediapart, 5 juillet 2014.

4 Juillet 2014 : En ce jour où sont dévoilés les résultats du baccalauréat, coup de tonnerre dans le monde feutré et volontiers opaque de l’assurance-santé : La Mutuelle Des Etudiants ( LMDE) est placée sous administration provisoire. C’est la sanction d’une gestion calamiteuse dénoncée par la Cour des Comptes et Que Choisir ( entre autres) et par nombre de professionnels de santé ou d’étudiants. Mais au-delà de cette sanction, le placement sous administration provisoire de la LMDE soulève de graves questions politiques, tant les accointances entre certains élus socialistes et la direction de cette mutuelle étudiante posent problème.

L’affaire n’est pas neuve. Elle a éclaté dans les années 1990 quand la LMDE s’appelait la MNEF, et nombre de hiérarques socialistes y ont trempé, et émargé, comme me le rappelle le docteur Stéphane Fraize, qui fut président de la section Alsace de la MNEF, et contribua avec d’autres à dénoncer alors le système mafieux dans lequel s’était engluée cette mutuelle sensée destinée à rembourser les soins aux étudiants.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Il faut savoir ( ce que beaucoup d’étudiants et de parents d’étudiants ignorent) qu’il existe en France un système très particulier et complexe.
Lorsqu’un enfant devient étudiant, il est « viré » automatiquement de la « Sécu » de ses parents ( que celle-ci soit la Caisse Nationale d’Assurance-Maladie, la Mutualité Sociale Agricole ou le Régime Social des Indépendants) et affilié d’office à une « mutuelle » étudiante. Que les parents ou le jeune le veuillent ou non, ils quittent alors le giron de la Sécu et leurs soins, pour la partie habituellement prise en charge par le régime obligatoire, sont en théorie !!!! remboursés par cette « mutuelle » qui leur propose aussi de fonctionner conjointement en tant que régime complémentaire.
(J’en vois qui ne suivent pas : l’Assurance-Maladie rembourse en général la part obligatoire RO : 70% du tarif de l’acte – soit par exemple 16,10 euros sur une consultation à 23 euros- et la complémentaire rembourse le restant RC, soit 6,90 euros. En théorie.)

Ce que les deux mutuelles étudiantes existantes, LMDE et SMEREP, se gardent bien d’expliquer aux étudiants lorsque leurs jeunes VRP les accrochent à leur inscription en fac, c’est que s’ils doivent choisir une de ces deux enseignes, c’est uniquement en tant que régime obligatoire, et que le régime complémentaire est facultatif : autrement dit qu’ils ne sont absolument pas forcés de les choisir comme mutuelle et de payer pour ça !
L’Assurance-Maladie rémunère LMDE et SMEREP pour gérer à sa place le régime obligatoire ( c’est ce qu’on appelle une délégation de gestion) et ces deux enseignes tentent de pousser les étudiants à s’affilier aussi chez elles en tant que mutuelle car c’est sur cette cotisation qu’ils comptent pour assurer leurs comptes.

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