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Le renouvellement des manuels scolaires met à mal les finances locales, La Croix, 19 mai 2010

mardi 1er juin 2010

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Les réformes successives des programmes scolaires exigent un taux de renouvellement des manuels qui dépasse les moyens des autorités publiques

Il s’agit de l’une des actions phares des collectivités locales en termes d’égalité des chances : permettre à chaque élève de disposer gratuitement des manuels scolaires. Depuis 2005, les régions financent les ouvrages des lycées. Les communes se chargent de les fournir dans le primaire. Quant aux livres des collèges, l’État se donne pour mission d’en assurer les frais. Une belle idée aujourd’hui mise en péril par la multiplication de nouveaux contenus pédagogiques.

Dernier changement en date : l’ensemble du programme de seconde, dans le cadre de la réforme du lycée. Les nouveaux manuels seront bien prêts en septembre en version numérique, selon le Syndicat national des éditeurs (SNE), avec une version papier disponible avant fin octobre, mais la facture promet d’être salée : 100 € en moyenne par élève, soit 21,2 millions d’euros en tout pour les seuls enseignements de tronc commun.

« Nous ne pouvons pas tout acheter d’un coup »
« Pour nous, cela représente 2 millions d’euros, souligne François Bonneau, président de la région Centre et responsable du pôle éducation et lycée à l’Association des régions de France (ARF). Jusque-là nous pouvons encore suivre, même s’il s’agit d’un budget très lourd. Mais nous ne pourrons rien faire de plus si d’autres manuels doivent également être publiés dans les enseignements d’exploration. Le problème, c’est qu’il n’y a aucune concertation entre le ministère de l’éducation nationale et les collectivités sur l’ampleur du renouvellement.

Le manque de trésorerie est encore plus criant pour financer les classes inférieures. Alors que 100 % des nouveaux manuels des collèges étaient pris en charge il y a encore quatre ans, seuls 50 % d’entre eux, par exemple, sont aujourd’hui parfaitement conformes au programme en langues vivantes, selon le SNE. Pire, depuis la réforme de l’enseignement primaire en 2008, 80 % des ouvrages de français et de maths ne correspondent plus aux nouveaux contenus dans les classes de CE2, CM1, CM2.

« Nous ne pouvons pas tout acheter d’un coup, explique Pierre-Yves Jardel, en charge de l’éducation à l’Association des maires de France (AMF), élu centriste d’Orbais-l’Abbaye dans la Marne. Cela conduit à des hérésies : les professeurs disposant d’un crédit par classe insuffisant pour acheter les livres, une grande partie de la somme est dépensée en photocopies ! »

La région Centre va expérimenter le livre numérique
Pour réduire les coûts et permettre à tous de disposer des mêmes outils en fonction des calendriers de réforme, les regards se tournent progressivement vers le numérique. Dans la région Centre, par exemple, neuf lycées vont expérimenter les manuels électroniques en langues vivantes, en histoire et en géographie, dans l’idée de préparer le remplacement total du papier.

Françoise Marcé, présidente du groupe des éditeurs scolaires au SNE, reste réservée sur cette perspective. « Le support papier permet d’avoir une vision d’ensemble et rend palpable tout ce que l’on doit savoir, ce qui n’est pas possible avec une suite d’écrans », argumente-t-elle. En outre, cette solution, si elle devait être retenue, suppose qu’il y ait suffisamment d’ordinateurs disponibles, à l’école et dans les foyers…

Jean-Baptiste FRANÇOIS