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Entretien avec P. Binczak, président de l’Université Paris 8 - L’Humanité, 12 mars 2009

vendredi 13 mars 2009

Président de l’université Paris-VIII, Pascal Binczak accuse le ministère de laisser pourrir le mouvement et de faire le jeu de la radicalisation.

Pourquoi la tension continue-t-elle de monter dans le monde universitaire ?

Pascal Binczak. Tout simplement parce que le gouvernement n’a toujours pas pris la juste mesure de la situation et de l’opposition profonde de la communauté universitaire vis-à-vis de cette réforme protéiforme. On cherche à nous imposer un système qui va à l’encontre de l’idée que nous nous faisons du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Vous êtes en désaccord sur le fond et la forme…

Pascal Binczak. Tout à fait. Sur le fond, je ne me reconnais absolument pas dans ce nouveau système peu démocratique, ultralibéral, ultra-concurrentiel et antisocial. Sur la forme, on cherche à faire croire à une véritable concertation alors qu’il n’y en a jamais eu. Résultat : on assiste à une radicalisation du mouvement dont le gouvernement porte l’entière responsabilité. Prenez la question de la formation des enseignants : malgré des demandes très précises de la CPU, le ministère de l’Éducation nationale ne fait rien ! Il joue le pourrissement. Un pourrissement préjudiciable à nos étudiants - notamment les plus vulnérables - qui, en attendant, n’ont pas de cours. Je suis très inquiet pour les semaines à venir. Les tentatives d’occupation d’établissements se multiplient. Et en tant que président d’une université en banlieue, je sens monter un mouvement qui pourrait être comparable à celui que l’on a connu à l’automne 2005.

Qu’attendez-vous désormais du gouvernement ?

Pascal Binczak. Qu’il nous entende et remette tout à plat dans un esprit de dialogue, de réflexion. Ce matin (hier - NDLR), alors même que toute la communauté universitaire est dans la rue, Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, se permet d’affirmer, dans une interview, qu’un accord a été réalisé, vendredi dernier, avec la « quasi-totalité des parties prenantes » ! De qui se moque-t-on ? La « quasi-totalité » ? Alors que le SNESup-FSU, Sauvons la recherche et Sauvons l’université sont contre ? C’est du mensonge d’État. Le meilleur moyen de sortir d’une crise n’est pas de nier son existence…

Justement, vous dénoncez avec d’autres une manipulation du bureau de la Conférence des présidents d’université (CPU). Que s’est-il passé ?

Pascal Binczak. Il y a eu une motion très claire votée à l’unanimité de la CPU qui condamnait la « précipitation irresponsable » du gouvernement et demandait le report d’un an de la réforme de la formation des maîtres. Or, le bureau de la CPU, au lieu de publier ce texte, a substitué un communiqué réécrivant les termes de cette motion de manière beaucoup moins accusatrice ! C’est un procédé proprement scandaleux.

Entretien réalisé par Laurent Mouloud


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/2009-03-12_S...