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Les regroupements d’université vont pouvoir délivrer directement des diplômes - Philippe Jacqué, Le Monde, 2 décembre 2010

jeudi 2 décembre 2010

C ’est une évolution législative qu’attendaient depuis longtemps certains pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES), ces structures qui regroupent depuis 2008 des universités ou écoles sur un même territoire. Ces PRES pourront à l’avenir délivrer des diplômes nationaux, en lieu et place de leurs universités membres.

Après le Sénat, le 17 novembre, l’Assemblée nationale a voté, mercredi 1er décembre, une proposition de loi autorisant les regroupements universitaires disposant du statut d’EPCS (établissement public de coopération scientifique) à délivrer en lieu et place de ses membres qui y sont favorables, une licence, un master ou un doctorat...

"A Lyon, par exemple, le doctorat est aujourd’hui donné par le PRES université de Lyon, qui rassemble une vingtaine d’établissements de Lyon et Saint-Etienne, mais il ne peut être délivré que par l’une des universités membres", explique Lionel Collet, le président de l’université Lyon-I et de la conférence des présidents d’université (CPU), favorable à cette mesure. Désormais, un étudiant sera diplômé de la seule "Université de Lyon".

INQUIÉTUDES SYNDICALES

Cependant, cela ne plaît pas à tout le monde. Les syndicats sont tout de suite montés au créneau. Le SGEN-CFDT "dénonce l’utilisation d’amendements pour proposer des modifications majeures de la loi d’autonomie des universitaires. Les PRES n’ont pas vocation à se substituer aux universités, celles-ci doivent conserver le monopole de collation des grades". Pour le Snesup-FSU, le premier syndicat du supérieur, estime que cela facilitera la restructuration, sans concertation préalable, du système universitaire via, notamment le grand emprunt.

Pis, certains PRES intégrant des écoles privées ou des universités catholiques, donner au PRES le droit de délivrer un diplôme, équivaudrait à un "effacement de l’enseignement public". "Ce raisonnement ne tient pas", explique Simone Bonnafous, présidente de l’université de Créteil. Même si une université catholique fait partie d’un PRES, ce seront toujours les écoles doctorales du PRES, qui fédèrent déjà plusieurs établissements, qui délivreront le doctorat. Un établissement privé, membre d’un PRES, ne pourra confisquer la délivrance d’un diplôme national

Reste qu’une autre dimension inquiète les syndicats. Alors que les organisations syndicales figurent le plus souvent dans les conseils d’administration des universités, ils sont rarement présents dans les conseils d’administration des PRES. Ces derniers sont souvent constitués de personnes nommées par les membres du PRES. En clair, en obtenant le droit de délivrer un diplôme, les PRES pourront "s’exonérer quasiment de tout contrôle démocratique sur les prises de décision", assure le Snesup.


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