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Initiatives d’excellence : stress et baisse des publications au menu des enseignants-chercheurs - Morgane Taquet, VousNousIls, 16 décembre 2011
mardi 20 décembre 2011, par
Idex, labex, equipex, idefi... Il y a de quoi s’y perdre dans le jargon du grand emprunt. En interne aussi, les enseignants-chercheurs ont parfois un peu la tête qui tourne. Un maître de conférences impliqué dans l’idex de Saclay revient sur la préparation du projet.
Lire aussi le billet de Rachel, Laminoir, dans Gaïa Universitas qui conclut sa lecture de l’article de VousNousIls par ces mots :
L’article se termine par « Les équipes devraient cependant pouvoir souffler (un peu) pendant les fêtes puisque les auditions pour les derniers projets « idex » à sélectionner sont programmées fin janvier, pour un résultat attendu quelques semaines plus tard ». Ah ça c’est très sympa ! je vais avoir plein de temps à consacrer à l’écriture de mon ANR, à rendre … le 5 janvier … cool !
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Ils étaient 17 sur la ligne de départ, 3 ont atteint leurs objectifs, et 9 sont encore en course. Qui seront les « 5 à 10 » projets d’Initiatives d’Excellence (IDEX) qui atteindront finalement la ligne d’arrivée ? Cette compétition de haut vol se déroule en deux temps. Trois projets ont été sélectionnés pour le moment : Strasbourg, Bordeaux et PSL Étoile (Paris Sciences et Lettres comprenant notamment Dauphine et l’ENS Ulm). Neuf restent désormais en lice : Grenoble, Lyon, Toulouse, Aix-Marseille, Lorraine, sans compter les projets franciliens de Sorbonne Universités, Hésam, Paris-Cité et Saclay. Si tout se déroule comme initialement prévu, une enveloppe de 7,7 milliards d’euros sera répartie entre les pôles « d’envergure mondiale » sélectionnés.
Un mode d’urgence s’installe dans les universités
Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Et les enjeux de structuration sont si importants que le stress dans les universités ne retombe pas. Arnaud Le Ny, maître de conférences en mathématiques à Paris-Sud se souvient : « Il y a un an, lorsque les premiers appels à projets du grand emprunt ont été publiés à l’été, les collègues sont arrivés à la rentrée de septembre sans savoir que quelques semaines plus tard les premiers projets devaient être finalisés... ».
Le rythme alors s’accélère, à raison de dizaines de réunions par mois, et d’aller-retour de projets en constante évolution. « Un mode d’urgence s’installe, à tel point que les passages devant les conseils se font à toute vitesse ». S’agissant de l’idex, entre 50 et 100 personnes de Paris-Sud ont été impliquées dans les groupes de travail durant la première phase. « Depuis que le projet a été refusé, seule une partie de ceux qui avait travaillé sur la phase 1 ont eu connaissance des avancées du projet. Ils se sont sentis dépossédés et humiliés », rapporte-t-il.
Baisse importante des publications scientifiques
Mais le stress n’est pas le seul symptôme du grand emprunt. En effet, le Snesup a récemment enquêté auprès de ses syndiqués pour connaître les incidences du grand emprunt sur leur charge de recherche et d’enseignement. « A la louche, le grand emprunt a provoqué une baisse des publications de l’ordre de 10% », estime-t-il.
En ce qui le concerne, Arnaud Le Ny dit ne plus publier depuis quatre ans : une HDR (habilitation à diriger des recherches) à préparer explique aussi cette situation. « Par moment, j’ai le sentiment de ne faire que deux minutes de maths par semaine », regrette-t-il. Cette baisse des publications pourrait également entraîner des dégringolades contre-productives dans les classements internationaux.
« La loi LRU, le système Sympa, la masterisation, les appels à projets ANR... Toutes les réformes des dernières années ont laissé des traces en interne, dans le quotidien et sur le moral des chercheurs », poursuit-il. Une morosité ambiante qui devrait se traduire par une participation en hausse lors des élections dans les conseils centraux des universités, estime l’enseignant-chercheur, fraîchement élu au CA de la fondation Campus Paris-Saclay.
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