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Le CNRS et la CPU réinventent l’eau tiède pour justifier les Comue et la régionalisation de l’ESR - Sncs-Hebdo 15 n°4, 13 février 2015.
jeudi 19 février 2015, par
Depuis 1940, le CNRS ne cesse d’être périodiquement dans le collimateur du pouvoir.
Cette fois-ci c’est par la mise en place des Comue, justifiant d’ "abolir cette séparation artificielle des deux faces d’une même médaille" que sont l’enseignement et la recherche (entendre l’université et le CNRS), et par le contrat d’objectif co-rédigé par l’État et la direction du CNRS que passe la tentative de détricotage.
CNRS en danger : alarmes syndicales en deux parties.
1/ le SNCS.
Nous étions habitués à ce que la CPU (Conférence des présidents d’université) soutienne tout ce qui affaiblit le CNRS : existence de l’AERES, de l’ANR ou des Alliances pour s’en tenir là. Jusqu’ici, la direction du CNRS adoptait une attitude ambiguë en accompagnant ce mouvement tout en affichant les atouts du CNRS. Mais on a l’impression qu’aujourd’hui la direction du CNRS abandonne toute volonté de maintenir une politique nationale de recherche. En effet, comment expliquer la présence d’Alain Fuchs, président du CNRS, et de Jean-Loup Salzmann, président de la CPU lors des journées d’accueil des nouveaux directeurs d’unité (les 20 et 21 janvier 2015 à Paris) si ce n’est pour une opération publicitaire justifiant la mise en œuvre de politiques de site contrôlées par les Comue (communautés d’universités et établissements) ? Et si l’un et l’autre n’hésitent pas à enfoncer des portes ouvertes, c’est pour mieux masquer une évolution vers la régionalisation de la recherche, qui elle-même conduira à l’affaiblissement des organismes de recherche, voire à terme à leur disparition.
Henri-Edouard Audier et Boris Gralak, membres du bureau national du SNCS-FSU
En introduction de ces journées, Alain Fuchs affirme
Ces duettistes ne peuvent ignorer tout de l’histoire des institutions qu’ils président. Les « laboratoires associés », ancêtres des UMR, ont été créés en 1965, il y a un demi-siècle, par Pierre Jacquinot, alors directeur général du CNRS. Aujourd’hui, via les UMR, 90% du potentiel humain du CNRS travaille dans des structures communes avec l’enseignement supérieur. La contractualisation entre le CNRS et les universités date de plusieurs décennies, afin notamment de faire converger la politique nationale des organismes avec les besoins d’enseignement et de recherche des universités, ou ceux découlant de l’insertion régionale de celles-ci. Il s’agit de mettre en commun, au sein des UMR, ce qui peut l’être en fonction des missions et des choix scientifiques de chacun. Cela n’empêche en rien chaque partenaire de mener seul (ou avec d’autres) les sujets qu’il juge importants. En ce sens, la contractualisation pouvait préserver à la fois la mission nationale de chaque organisme de recherche, mais aussi la diversité des missions des universités, dans le cadre d’une politique nationale de l’enseignement supérieur.
Bien entendu, avec la LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités) et la multiplication du nombre des établissements d’enseignement supérieur sur un territoire géographique, il est absurde que le CNRS négocie séparément avec chacun des établissements universitaires. Cela fait longtemps que nous avons suggéré que ce soit au niveau d’un ensemble géographique que se discutent les grandes lignes de la contractualisation entre un organisme et les établissements d’enseignement supérieur concernés. Mais, in fine, le contrat se devait d’être discuté et approuvé par chaque établissement et par les instances du CNRS. Nos propositions permettent de s’assurer que les engagements contractualisés se réalisent dans de bonnes conditions, tout en préservant le rôle national du CNRS.
Aujourd’hui, traiter la question du lien organismes-universités par le biais des Comue devient très dangereux, et ce pour deux raisons. D’abord parce que, par-delà l’avis que chacun peut avoir sur les Comue et sur sa Comue, la composition des instances de direction des Comue sont en retrait, du point de vue démocratique, sur celles des universités, y compris telles que définies par la LRU. Surtout parce qu’il est totalement aberrant – comme on l’a dit et écrit, que les organismes nationaux de recherche soient parties prenantes de la direction des Comue. A terme, c’est réduire la politique nationale des organismes à l’addition de celles de 20 Comue. On mesure encore mal toutes les conséquences probables de cette dissolution programmée du CNRS dans l’enseignement supérieur au sens large, vu les compétences des Comue. En particulier, le risque est réel de voir le statut de chercheurs à temps plein, comme celui d’ITA, disparaître progressivement pour compenser, année après année, l’absence de créations d’emplois dans l’enseignement supérieur.
Le danger est d’autant plus grand qu’existent des forces centrifuges voulant donner des pouvoirs beaucoup plus forts aux régions. Ainsi, en janvier 2015, le Sénat a voté un amendement donnant à celles-ci une prérogative d’élaboration de la carte universitaire. Soyons très clairs : que les régions soient consultées pour établir cette carte, rien de plus normal, ce d’autant qu’elles participent au financement de l’enseignement supérieur et de la recherche. En revanche,