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Formation des enseignants : copie à revoir, Blog Mammouth-mon-amour, Laurence Debril, L’Express, 30 avril 2011
mercredi 4 mai 2011
La réforme de la formation des enseignants était en débat au Sénat mardi dernier, en séance publique. Lors de ses voeux au monde de la culture et de l’éducation, le 19 janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait suscité un certain émoi en laissant entendre que la réforme de la masterisation pourrait nécessiter quelques ajustements. C’est Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice communiste des Hauts de Seine, qui, voulant dénoncer « la catastrophe annoncée », et après mené des séries d’auditions, a remis le sujet sur le tapis.
Depuis les tribunes, des enseignants stagiaires suivaient attentivement les débats. Disparités de situations d’une académie à l’autre, manque de cadrage national, étudiants utilisés comme « bouche trous », stages remplacés par du tutorat, fatigue, difficulté à concilier organisation des classes et formation, année de M2 acrobatique (passée à jongler entre stages, cours, initiation à la recherche, concours…), absence d’évaluation des tuteurs, manque d’attractivité du métier d’enseignant, le tableau dressé par Brigitte Gonthier-Maurin était accablant.
Neuf intervenants lui ont succédé, plus Luc Chatel en réponse. Tous, même les sénateurs UMP, ont pointé le problème de la trop juste professionnalisation de la nouvelle formation des enseignants. Oui pour augmenter le niveau académique du concours. Non pour lâcher dans la nature des stagiaires qui parfois n’ont jamais mis les pieds dans une classe, ou alors jamais de ce côté-là du tableau, dans les chaussures de « celui qui sait » et non de « l’apprenant », pour reprendre le jargon pédagogiste plusieurs fois moqué – mais défendu par le socialiste Claude Bérit-Débat…
Etonnamment, les interventions les plus constructives, voire les plus critiques, sont provenues du camp même de Luc Chatel _ qui a dû apprécier, assis au premier rang. Adrien Gouteyron, UMP donc, tout en rappelant que la masterisation était « une nécessité », a dénoncé le manque de coordination entre les deux ministères concernés, l’Education-employeur et le Supérieur-formateur, « un problème qu’il faut résorber ». Il a également posé la question de la date des concours, actuellement en M2, et s’est interrogé sur la possibilité de les fixer plutôt en fin de M1, afin que ces derniers valident une formation académique mais également pratique.
L’UMP Jacques Legendre, ancien professeur de lettres et d’histoire, lui, a insisté sur la nécessité de renforcer le nombre d’heures de stage. « In fine, ce sont les élèves qui pâtiront des problèmes de formation de leurs maîtres », a-t-il lancé. Il a aussi mis en avant l’idée des masters en alternance, qui intéresseraient déjà certains rectorats, et que Jean-Michel Jolion, président du Comité de suivi Master, qui a remis la semaine dernière à la ministre Valérie Pécresse son rapport d’étape sur la masterisation, défend lui aussi.
Le ministre de l’Education nationale a répondu durant 25 minutes aux divers sujets sur lesquels il avait été interpellé et sur ce « chantier perfectible ». Sur le dossier des masters en alternance, il a signalé qu’il les trouvait particulièrement adaptés au premier degré. « Nous travaillons dans cette direction pour la rentrée 2011 ». Est-ce le signe d’un éventuel retour en arrière, avec une année de formation des stagiaires qui ressemblerait à celle d’hier, partagée entre stage et formation ? Et si oui, est-ce souhaitable ?