Accueil > Revue de presse > Une rentrée, deux écoles - Véronique Soulé, Libération, 5 septembre (...)
Une rentrée, deux écoles - Véronique Soulé, Libération, 5 septembre 2011
lundi 5 septembre 2011
Pour cette dernière rentrée des classes avant l’élection présidentielle de 2012, droite et gauche s’affrontent sur l’éducation.
A gauche, les uns veulent la « repenser entièrement », d’autres la « refonder ». A droite, Luc Chatel annonce rien moins qu’une « troisième révolution » scolaire, celle de la « personnalisation » (lire page 4)… En cette rentrée 2011, la dernière avant la présidentielle, l’école est au cœur des attentions des politiques. Face à ce que beaucoup considèrent comme l’un des grands gâchis du sarkozysme, elle pourrait être l’un des enjeux de la campagne électorale.
Dans un sondage (1) diffusé le 25 août, 35% des Français placent l’école juste derrière l’emploi (42%) dans l’ordre de leurs préoccupations. Avec les vagues de suppressions de postes, les réformes lancées à marche forcée et la démoralisation des enseignants, le bilan du quinquennat est d’ores et déjà très contesté. Tour de vue des points de divergence.
Les suppressions de postes
Du centre à l’extrême gauche, tout le monde est d’accord : il faut arrêter les coupes claires (60 000 postes supprimés ces quatre dernières années). Si tout ne se résume pas au nombre de postes, il est clair pour l’opposition qu’on ne redressera pas l’école avec toujours moins de profs, d’autant que la France connaît une reprise démographique. Les candidats à la primaire socialiste, dont plusieurs ont présenté leur projet sur l’école la semaine dernière, se montrent toutefois prudents : s’ils demandent un moratoire, ils ne s’engagent pas sur des chiffres. « Je ne pourrai pas rétablir les 100 000 postes supprimés, ce n’est pas possible budgétairement la première année », a prévenu Ségolène Royal. Pour Martine Aubry, l’essentiel sera de « cibler » les moyens supplémentaires sur les établissements en ayant le plus besoin - banlieues difficiles ou zones rurales isolées.
En face, Luc Chatel « assume » les suppressions. D’après lui, l’école ne pouvait pas se dispenser de l’effort national pour rétablir les finances publiques. En plus, la question n’est pas « la quantité » mais « la répartition des moyens ». Le ministre cite un chiffre choc pour frapper les esprits à cette rentrée : le budget moyen par élève a augmenté de 80% depuis 1980. Une époque où l’école n’avait pas grand chose à voir à celle d’aujourd’hui, avec alors 25% d’une génération au bac contre 66% désormais…
Les inégalités scolaires
La droite et la gauche font à peu près le même constat : l’école française est l’une des plus inégalitaires d’Europe. Elle forme une élite réduite et, à l’autre bout, le groupe des élèves en échec ne cesse de grossir. De plus, l’écart entre les deux se creuse. Pour la droite, la solution est d’aider les élèves « méritants » - de milieux modestes, plutôt bons et motivés. Elle a mis en place pour eux les « internats d’excellence », réforme phare du quinquennat. En revanche, la masse des élèves modestes qui ne sont pas « méritants » sont abandonnés à leur sort dans des établissements qui, souvent, se ghettoïsent, en raison de l’assouplissement de la carte scolaire voulue par Nicolas Sarkozy et des dérogations de plus en plus nombreuses.
La gauche, elle, croit à l’éducation prioritaire, cette politique consistant à donner davantage de moyens aux établissements les plus en difficultés. Et elle accuse le pouvoir de l’avoir démantelée sans aucun débat. Pour le PS, la lutte contre les inégalités passe en outre aujourd’hui par le primaire, où les écarts se creusent très tôt et souvent ne se rattrapent plus. Pour Martine Aubry notamment, c’est le maillon essentiel sur lequel il faut concentrer les efforts. La gauche prône aussi de manière encore floue un retour à la carte scolaire pour garantir une mixité sociale, mais sans revenir à l’ancien système.
Le sort du collège
Pour lire la suite :
Voir en ligne : http://www.liberation.fr/societe/01...