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Fonte des profs : Chatel persiste et signe - Véronique Soulé, "Libération", 30 septembre 2011

vendredi 30 septembre 2011

Vingt-quatre heures à peine après une mobilisation réussie dans l’Education, l’annonce du projet de budget 2012 a provoqué hier la colère des syndicats. Indifférent aux protestations, le gouvernement a maintenu la suppression de 14 000 postes l’an prochain au nom de la réduction de la dette publique. Au total, quelque 80 000 postes auront ainsi disparu depuis 2007.

A la suite de ce que le ministère appelle un « dialogue de gestion » avec les recteurs, censé améliorer l’efficacité du système et surtout conduire à des économies, les coupes se répartissent ainsi : 5 700 postes supprimés dans le primaire, 6 550 dans le secondaire, 1 350 dans le privé et 400 dans les services administratifs. Le ministère n’a pas su dire combien on attendait d’élèves supplémentaires à la rentrée 2012. Mais avec le dynamisme démographique de la France, les effectifs devraient continuer de gonfler.

« Leviers ». Comme les années précédentes, le ministère assure que l’on fera dans la dentelle et qu’il reste encore des marges à grignoter sans pour autant s’attaquer à la qualité de l’enseignement. Les recteurs, qui sont les personnages clés dans cette affaire, devront trouver les « leviers à actionner » pour récupérer des postes. Comme cette année, les économies porteront notamment sur les effectifs des classes qui vont continuer d’augmenter, sur les enseignants qui ne sont pas affectés à une classe - comme les Rased (maîtres spécialisés dans la difficulté scolaire) -, sur les intervenants en langues étrangères en primaire qui, selon le ministère, n’ont pas fait leurs preuves. Autres postes d’économies : les options rares, qui vont être regroupées dans un seul établissement du secteur, la scolarisation des moins de 3 ans, qui va continuer de chuter, et enfin les remplacements.

Classe unique. Sous la pression des élus locaux mobilisés pour sauver leurs écoles - les maires mais aussi les sénateurs voyant venir les élections -, Nicolas Sarkozy s’est engagé à « sanctuariser » le primaire en 2012, c’est-à-dire à ce qu’il y ait autant d’ouvertures que de fermetures de classes - 1 050 ont déjà disparu à cette rentrée. Mais on se demande comment il va pouvoir tenir sa promesse. Les écoles rurales à classe unique et toutes celles avec de faibles effectifs, dont certaines ont déjà été menacées cette année et se sont battues, risquent d’être les premières victimes.

Si les « leviers » habituels ne suffisaient pas, le ministère a d’autres idées. Ainsi, a expliqué le directeur de cabinet du ministre Luc Chatel, il n’est pas raisonnable, financièrement, d’« avoir à cette rentrée 3 000 places vacantes de BTS (brevet de technicien supérieur) ou des classes préparatoires avec 4 ou 5 élèves ». « C’est nous qui payons les professeurs », a-t-il précisé, même s’il s’agit d’enseignement supérieur.

« Il est encore temps d’agir », estime le Snuipp-FSU, principal syndicat du primaire, qui a appelé hier « les parlementaires à revoir la copie du gouvernement » en ne votant pas le budget. « Pour Luc Chatel, la vraie question aujourd’hui c’est le sur-mesure, ironise le syndicat Unsa-Education, mais cela fait longtemps que le gouvernement n’ajuste plus : il met en pièces. »


Voir en ligne : http://www.liberation.fr/societe/01...