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Université : la bourse ou la vie !, Odile Faure, Sud-Ouest, 23 novembre

jeudi 24 novembre 2011

Le président de l’université de Pau-Pays de l’Adour, Jean-Louis Gout, a engagé un bras de fer avec le ministre de l’Enseignement supérieur. Il lui manque deux millions d’euros..

Le jeune ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez, n’est pas prêt d’oublier le visage de Jean-Louis Gout. Ce dernier l’a interpellé le 20 septembre lors d’un déjeuner à Paris. Le recteur de l’académie de Bordeaux, Jean-Louis Nembrini, non plus, mais il a plus l’habitude. Il doit régulièrement tempérer son bouillant président de l’université paloise mais seuls les étudiants et les enseignants de l’UPPA savent qu’il ne faut pas trop l’énerver, sinon il sort les poings. C’est que la moutarde commence vraiment à lui monter au nez depuis la rentrée, à Jean-Louis Gout !

Le calendrier est comme ça. L’université doit boucler un exercice 2011 si possible équilibré. Problème, il manquera sans doute près de deux millions d’euros une fois tous les comptes faits dans un budget global de 107 millions, masse salariale comprise.

Avant la loi sur l’autonomie des universités ou compétences élargies, le ministère prenait en charge les salaires des enseignants et personnels Biatos (bibliothécaires, assistants de recherche, administratifs, etc.). Depuis le 1er janvier 2009, les universités doivent gérer elles-mêmes leur masse salariale.

Transfert de charges

Depuis, le 1er janvier 2010, l’UPPA doit donc elle-même payer la masse salariale qui représente pour 2011, 65 millions d’euros. Elle les prendra sur ses fonds propres mais surtout sur la dotation du ministère au titre des transferts de charge. Or le compte n’y est pas.

«  En début d’année, on ne peut pas quantifier l’augmentation de la politique indiciaire des personnels. Or à ce jour, on peut évaluer la dérive du glissement vieillesse technicité (une sorte d’outil salarial pour les fonctionnaires, NDLR) entre 500 000 et 600 000 €. Nous avons également la cotisation transport pour les salariés qui a été réévaluée et nous avons un différentiel de 400 000 €. Par ailleurs, le ministère dans sa volonté de dégraisser le mammouth a transféré des tâches aux universités. Elles sont de plus en plus lourdes notamment en ressources humaines. On est obligé d’embaucher des contractuels. Cela nous coûte de 400 à 500 000 €. Nous avons aussi un litige sur la formation des maîtres. Les charges des enseignants pour la formation des maîtres étaient autrefois assurées par l’IUFM. Cela représente pour nous entre 180 et 200 000 €. Ensuite, le ministère a décidé d’augmenter les heures de formation des licences, c’est très bien. Il décide mais qui paie les heures ? Cela coûte entre 150 000 à 200 000€. Enfin, il y a un autre litige beaucoup plus particulier sur la politique indemnitaire des personnels. Cela concerne encore entre 200 et 300 000 €. Mis bout à bout, on n’est pas loin des 2 millions d’euros », explique Jean-Louis Gout.

Le président est prêt à envisager des économies mais surtout pas un plan de rigueur. S’il ne rentre pas dans les clous, il risque cependant de tomber sous la surveillance directe du rectorat. C’est ce qui est arrivé à Limoges et Nantes. Cette dernière estime un manque à gagner de 9 millions d’euros. « Cela me fait sourire. On parle d’autonomie et puis on se retrouve sous la tutelle de l’État », se risque Jean-Louis Gout. Il ne souhaite pas pour autant se mettre à dos le ministère. «  Je pense à l’établissement ». Il a du mal à encaisser que ses voisins bordelais aient reçu 1 milliard d’euros au titre du Plan campus. « L’excellence, on l’a aussi ici. Nous avons plusieurs structures associées au CNRS, c’est nous qui pilotons l’institut Carnot, nous avons l’IPREM, l’IPRA… Nous avons de nombreux points forts et nous sommes bien soutenus par les collectivités. »

Les solutions envisagées et proposées au Conseil d’administration du 1er décembre sont la réduction des heures complémentaires des enseignants « de 10 à 15 % en 2012-2013 », la mutualisation entre les différents sites de l’UPPA «  même si le ministère doit comprendre notre identité multisites sur Bayonne, Pau, Mont-de-Marsan, Tarbes ».

Elles passeront aussi par la recherche de ressources extérieures : un projet de fondation est à l’étude. « Nous pouvons aussi développer davantage la formation continue et l’accueil d’étudiants étrangers supplémentaires ».

Jean-Louis Gout va faire de son mieux pour sortir l’université de cette impasse pour ne pas laisser une situation désespérée à son successeur qui sera élu le 12 avril prochain. Lui fera valoir ses droits à la retraite le 1er septembre 2012 sans doute pour aller à la pêche aux… poissons.

Sur le site de Sud-Ouest